UNIVERSITÉS - Lancement du master «?métiers du livre?» à l’USJ Pour une professionnalisation des éditeurs, bibliothécaires et libraires au Liban

Le livre a une vie mouvementée. De sa naissance sous la plume de l’auteur (de nos jours, il s’agit plutôt d’accouchement assisté sur ordinateur?!) à son choix par le lecteur, il passe par plusieurs étapes et plusieurs «?mains?» qui s’activent à le rendre (é)lisible. C’est ce qu’on appelle «?la chaîne du livre?». À savoir, ce maillon de métiers qui va de la lecture du manuscrit par l’éditeur à la présentation en librairie, en passant par la maquette, la promotion, la commercialisation (marketing et attaché de presse), la distribution, l’indexation, la numérisation, etc. Tout un univers qui emploie de nombreux salariés. Lesquels, à l’étranger, sont hautement qualifiés et nécessairement titulaires d’une formation, sinon d’une spécialisation adaptée. Ce qui n’est pas – encore – le cas au Liban. C’est pourquoi, à la demande pressante des professionnels du livre (éditeurs, distributeurs et libraires), la faculté des lettres et des sciences humaines de l’USJ lance, à partir de la rentrée prochaine (septembre 2008), un master en «?métiers du livre?». Chef du département des lettres françaises et responsable de ce master, Charif Majdalani indique que «?l’idée d’un master professionnel sur les métiers du livre avait été lancée en 2004 par les responsables de la Maison du livre à Beyrouth. Elle avait reçu un accueil favorable de la part des responsables de l’Université Saint-Joseph, notamment son recteur, le père René Chamussy. L’idée initiale était de localiser ce master dans le département de sociologie. Finalement, après une suspension du projet, c’est le département de lettres françaises qui a fini par être choisi pour le réaliser et pour l’abriter. Ce choix a semblé le meilleur à l’ensemble des parties concernées par ce projet, libraires, bibliothécaires et éditeurs, essentiellement parce que le département des lettres françaises (en tant que département de lettres, de littérature générale et d’études trans-sémiotiques) est apparu comme un carrefour de réflexion sur le livre et ses contenus, et un lieu où le travail sur le livre et sa fonction en tant qu’outil culturel et comme réceptacle du savoir humain est une vocation première.?» Ce master est donc destiné à former les personnes qualifiées qui manquent sur le marché du travail, à permettre aux personnes désireuses de se lancer dans ces métiers de prétendre à une vraie carrière dans les diverses branches du livre. Mais il propose aussi une formation continue et qualifiante aux personnes déjà engagées dans la vie professionnelle. Une condition est néanmoins requise pour s’inscrire?: il faut être titulaire d’une licence (bac + 3) quelle que soit la discipline. Dispensée sur une durée de deux ans, cette formation est unique pour les trois métiers du livre (l’édition, la librairie et la bibliothèque) et ce n’est qu’au moment des stages et de la rédaction du mémoire de fin d’études que le choix de spécialisation se fait. Le programme du master comprend : des cours généralistes sur le livre, son environnement culturel et social, ainsi que sur la sociologie et la psychologie de la lecture ; des cours spécialisés sur chacun des trois métiers et des matières optionnelles proposées dans les domaines dont le livre est le principal support (sciences humaines et sciences politiques). Le cursus a été établi d’après les suggestions d’un expert français de l’Université de la Méditerranée, M. Jean-Louis Jouanaud, professeur de littérature ancienne et formateur au sein de l’IUT d’Aix-en-Provence (en option «?métiers du livre?»), lequel a été invité au Liban pour établir un état des lieux des métiers du livre. Le programme d’études tient ainsi compte des lacunes et des demandes spécifiques des libraires, éditeurs, éditeurs de jeunesse et distributeurs sur le terrain. Car du point de vue des professionnels, il apparaît évident que les compétences dans le domaine des métiers du livre sont très insuffisantes sur le marché, que les spécialistes sont rares, voire inexistants et que le savoir des personnes recrutées dans les divers secteurs de ce métier est généralement acquis sur le tas. Un master qui intervient donc à point dans le relèvement des compétences, à tous les échelons de la chaîne du livre au Liban. Et dans la région. Car il s’agit là d’une première régionale. Z. Z.