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Actualités - CHRONOLOGIE

En France, le concept de francophonie ne semble pas trouver d’écho au niveau des jeunes générations Face à la domination de l’anglais, un rapport prône une offensive « large et décomplexée » du français

La France ne « défend pas sa langue » et la francophonie est en crise : un rapport remis hier au gouvernement français prône une offensive large et « décomplexée » du français contre la domination anglo-saxonne, en donnant notamment plus de poids aux pays du Sud. « La francophonie est très peu connue. Il y a un manque de visibilité car en France, on ne croit pas à la francophonie et le pays ne défend pas sa langue », a expliqué à l’AFP Hervé Bourges, auteur de ce rapport remis au secrétaire d’État à la Coopération et à la Francophonie, Alain Joyandet. « En France même, le concept de francophonie apparaît daté, dépassé, sans écho dans les jeunes générations », écrit cet ancien haut responsable de l’audiovisuel, personnalité engagée à gauche et militant tiers-mondiste. Selon lui, la France porte une responsabilité dans ce « malaise » au sein de la communauté francophone, qui revendique plus de 200 millions de locuteurs, d’Haïti au Vietnam. La France, qui vit « trop repliée sur elle-même », notamment en raison du « poids du boulet de la colonisation », est « de plus en plus perçue comme hostile par les populations francophones du Sud », note-t-il. Pour Hervé Bourges, il faut donc « décomplexer la francophonie », rendre plus visibles les actions de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) qui compte 68 États et gouvernements, et mener une « contre-offensive linguistique, en multipliant, comme l’ont fait les États-Unis, les dispositions linguistiques en marge des accords commerciaux ou diplomatiques » pour imposer le français. « Il faut reprendre l’offensive pour développer le français de manière décomplexée, à l’anglaise, parce que la bataille linguistique n’est pas seulement culturelle ou esthétique : c’est la bataille dont les enjeux véritables sont l’influence politique et la croissance économique », écrit-il. Il souligne que le British Council vient de lancer un programme visant à faire passer le nombre de locuteurs anglophones de 2 à 3 milliards avec un investissement de 150 millions d’euros, alors que les programmes de l’OIF pour l’enseignement et la promotion du français se montent à environ 6 millions d’euros. Pour défendre le français, Hervé Bourges propose l’intégration du concept de francophonie à l’école et au collège, la création d’une « Académie francophone » à l’image de l’Académie française où les écrivains français seraient minoritaires. Ou encore un « programme Erasmus » pour favoriser les échanges entre les universités du Nord et du Sud. Il prône aussi la création d’un « visa francophone » sur le modèle du « visa Commonwealth », qui permettrait de faciliter la circulation dans le monde francophone et de « matérialiser » ainsi un espace politique qui « regroupe le tiers des pays représentés à l’ONU ». Défendant une meilleure représentation des pays du Sud, notamment de l’Afrique, majoritaires au sein de la communauté francophone, il estime qu’il faut réformer la chaîne de télévision multilatérale (France, Belgique, Suisse, Canada), TV5 Monde, « pour l’ouvrir aux pays du Sud ». Il faut demander à ces pays du Sud « une contribution financière et leur permettre d’être dans les instances dirigeantes de cette chaîne », explique-t-il. Globalement, la francophonie doit être moins dépendante financièrement de la France « qui apporte aujourd’hui 50 % du budget des institutions de la francophonie », dit-il. Il propose la création d’une « Fondation de la francophonie » qui dépendrait de l’OIF, mais qui pourrait recueillir des fonds privés pour soutenir des programmes de langues.
La France ne « défend pas sa langue » et la francophonie est en crise : un rapport remis hier au gouvernement français prône une offensive large et « décomplexée » du français contre la domination anglo-saxonne, en donnant notamment plus de poids aux pays du Sud.
« La francophonie est très peu connue. Il y a un manque de visibilité car en France, on ne croit pas à la...