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Actualités - OPINION

LA situation Le gouvernement encore dans le flou, mais ni veto ni obstacles insurmontables... Scarlett HADDAD

Officiellement, il n’y a ni veto ni obstacles majeurs, mais le nouveau gouvernement tarde à voir le jour. Le président de la République Michel Sleimane a souhaité hier qu’il soit formé avant la visite, samedi à Beyrouth, du chef de l’État français Nicolas Sarkozy à la tête d’une importante délégation ministérielle, car il serait préférable que les dossiers qui seront évoqués dans le cadre de cette visite soient étudiés avec des ministres en charge, non par une équipe démissionnaire. Les contacts devraient donc s’intensifier au cours des prochaines heures, notamment entre le chef de l’État et le Premier ministre désigné. Mais les avis restent partagés sur une formation rapide du gouvernement. Des milieux proches de M. Siniora rappellent à cet égard qu’il lui a fallu vingt jours pour former son gouvernement après les élections législatives de 2005, et il faudrait donc lui laisser un peu de temps, d’autant que les positions des uns et des autres restent très tranchées. Mais les milieux proches de Baabda préfèrent croire à une naissance rapide, dans l’intérêt du pays, et surtout pour capitaliser sur l’élan donné par l’élection présidentielle et l’appui international dont elle a bénéficié. À ce stade, le tableau du gouvernement en gestation reste encore flou. Une chose est sûre, les ministres seront au nombre de trente et ils seront répartis selon le schéma suivant : six maronites, six sunnites, six chiites, trois orthodoxes, trois catholiques, trois druzes, deux arménien et un minoritaire. Ce partage confessionnel doit se doubler d’un partage politique selon la répartition suivante : seize ministres à la majorité, onze à l’opposition et trois au président. Selon l’accord de Doha, le ministre de l’Intérieur doit être choisi par le chef de l’État, mais il doit être une personnalité neutre et agréée des deux camps. Alors que la semaine dernière les noms de plusieurs officiers à la retraite circulaient pour ce poste, hier la Bourse des noms penchait vers des magistrats ou des membres de la commission nationale chargée de l’élaboration du projet de loi électorale. On a même avancé les noms de Michel Tabet ou encore celui de l’avocat Ziad Baroud. Selon des sources de l’opposition, le ministre actuel de la Défense Élias Murr ne pourrait donc pas postuler pour ce portefeuille, mais il peut être nommé à un autre ministère, dans le cadre de la part réservée au président, qui consiste en trois ministres chrétiens : un maronite, un orthodoxe et un catholique. Hier, le général Michel Aoun a déclaré que « les trois ministres choisis par le président doivent être neutres, n’appartenant ni à l’opposition ni à la majorité ». Ce qui complique encore plus la situation, car le choix sera encore plus tributaire des étiquettes attribuées aux uns et aux autres par les deux camps. Le général Aoun a en tout cas le mérite d’être clair. Il a ainsi affirmé avoir fixé son choix pour les 5 ministres qui lui sont attribués. Il y aura ainsi deux maronites, un orthodoxe, un catholique et un arménien, et il a réclamé pour eux les portefeuilles des Finances, des Transports publics, de la Santé, des Affaires sociales et de l’Agriculture ou de l’Industrie. Il a naturellement précisé que c’est ce que lui réclame, mais c’est le Premier ministre qui choisira et arrondira les angles avec les exigences des autres. Bien que le général Aoun n’ait donné aucune précision sur ses candidats, les noms du responsable des relations extérieures au sein du CPL Gebrane Bassil, et ceux des anciens ministres Élias Skaff et Alain Tabourian ont circulé hier dans les milieux politiques. Le second arménien et le troisième catholique sont laissés au choix de la majorité. On parle à cet égard du maintien de Jean Oghassabian et de Michel Pharaon. Du côté du bloc chiite, le Hezbollah réclamait la possibilité de pouvoir choisir un ministre sunnite, en échange d’un chiite nommé par le Courant du futur. Le Hezbollah espérait, par ce biais, traiter les séquelles des derniers événements de Beyrouth, les 7, 8 et 9 mai. Mais le Courant du futur a rejeté cette proposition, préférant garder pour lui la désignation des ministres sunnites. Ce qui semble confirmé, c’est qu’un portefeuille sunnite devrait aller à l’actuel ministre des Transports, Mohammad Safadi. Ce dernier devrait obtenir le portefeuille de l’Énergie, dont le Hezbollah ne veut plus, préférant l’échanger avec celui des Télécommunications. Le Hezbollah n’insiste d’ailleurs pas pour que ce portefeuille soit donné à un chiite, l’essentiel pour lui étant qu’il soit attribué à une personnalité de l’opposition ou neutre. Parmi les six ministres chiites, trois seront désignés par le président de la Chambre, et on parle déjà du Dr Mahmoud Berry et de l’actuel ministre de la Santé Mohammad Khalifé. Les trois autres seront désignés par le Hezbollah et celui-ci, en machine bien rôdée, ne donnera les noms qu’à la dernière minute. Le choix des druzes reste en tout cas le plus facile, le leader Walid Joumblatt ayant accepté de céder un des trois portefeuilles à l’émir Talal Arslane. Il lui restera donc à nommer deux ministres druzes. On parle notamment du député Waël Bou Faour. Des trois maronites qui relèvent du choix de la majorité, on parlait hier du président Amine Gemayel, du chef des FL Samir Geagea et de cheikh Boutros Harb. Mais là non plus, le choix n’est pas définitif, et Gemayel ainsi que Geagea pourraient en fin de compte décider de se faire représenter au gouvernement, non d’en faire directement partie. Beaucoup de noms circulent aussi pour les cinq sunnites restants, mais le Courant du futur n’a rien voulu confirmer ou infirmer. Le dernier problème reste la distribution des portefeuilles souverainistes. Il y a quelque temps, ils n’étaient que quatre, désormais, ils sont cinq, car on a ajouté la Justice. À part le ministère de l’Intérieur, rien n’a encore été tranché. Selon toute probabilité, les Affaires étrangères reviendront à un chiite. Restent donc la Défense, la Justice et les Finances, ce dernier portefeuille étant réclamé par Aoun alors que Siniora voudrait le garder entre les mains de la majorité. Les divergences restent donc encore grandes, mais si les bonnes volontés existent, aucun obstacle n’est insurmontable. Les pôles libanais parviendront-ils à s’entendre ou bien faudra-t-il faire appel à une nouvelle médiation du Qatar ? Le temps presse en tout cas et le président Sleimane souhaiterait un gouvernement dans les plus brefs délais pour pouvoir réellement donner le coup d’envoi de son mandat.
Officiellement, il n’y a ni veto ni obstacles majeurs, mais le nouveau gouvernement tarde à voir le jour. Le président de la République Michel Sleimane a souhaité hier qu’il soit formé avant la visite, samedi à Beyrouth, du chef de l’État français Nicolas Sarkozy à la tête d’une importante délégation ministérielle, car il serait préférable que les dossiers qui seront...