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Actualités - OPINION

Un œil sur les dossiers politiques, l’autre sur les développements régionaux... Scarlett HADDAD

«C’est un accord qui règle les questions constitutionnelles, mais le problème politique reste entier. » C’est ainsi qu’une source du Hezbollah résume l’entente de Doha, qui permet essentiellement d’élire un président de la République, de former un nouveau gouvernement et d’organiser les élections législatives le printemps prochain. Il s’agit donc essentiellement de permettre aux institutions constitutionnelles de se remettre à fonctionner pour éviter l’effondrement total de l’État et la situation de chaos non constructif dans laquelle se débattait le pays. Mais, toujours selon la même source, il faudra se préparer à un vif débat politique le moment venu sur la question des armes du Hezbollah. La même source précise que le camp de la majorité a renoué ses contacts avec les pays arabes et occidentaux, qui lui avaient donné le sentiment de le lâcher à un moment donné et pourrait bien essayer de renforcer ses positions. C’est dans ce cadre que la source du Hezbollah place les dernières déclarations pessimistes du sous-secrétaire adjoint du département d’État américain, David Welch, qui lui paraissent même à la limite de l’incitation à la guerre. La source du Hezbollah ajoute que si l’accord de Doha définit les grandes lignes de l’étape future, il n’est pas vraiment entré dans les détails des noms et de la déclaration ministérielle du prochain gouvernement. Ce qui laisse supposer que les blocages sont encore possibles, même s’ils restent peu probables, les Libanais, selon la même source, n’étant pas prêts à subir une nouvelle crise politique pouvant déboucher sur une reprise des violences. Tout en estimant que l’opposition a bel et bien remporté la manche de Doha, la source du Hezbollah tient à souligner le fait qu’il fallait à tout prix arriver à un accord pour éviter une nouvelle escalade militaire qui aurait pu atteindre l’ensemble de la région. Selon cette source, le plan initial de la majorité était d’entraîner le Hezbollah dans des affrontements internes, avant de le placer en vis-à-vis avec les soldats de l’armée. Ce qui lui aurait définitivement fait perdre l’aura de mouvement de résistance et aurait permis au Conseil de sécurité de pousser à l’envoi de troupes arabes au Liban. La source proche du Hezbollah affirme catégoriquement que le président américain George W. Bush avait même demandé aux Israéliens de lancer une attaque contre des positions du Hezbollah, au moment des affrontements internes. Selon cette source, le président US aurait même souhaité que ces attaques interviennent avant sa visite dans la région, le 13 mai, même s’il y avait un risque que le Hezbollah riposte en envoyant des missiles contre les villes israéliennes. La source du Hezbollah est convaincue que, d’une part, les Israéliens ont refusé de prendre le risque de se laisser entraîner dans une nouvelle guerre à un timing qui ne leur convient pas, et, d’autre part, la rapidité de l’opération du Hezbollah n’a pas vraiment laissé le temps aux Israéliens et à toute autre partie extérieure d’intervenir. En remettant immédiatement les permanences du Courant du futur à l’armée, le Hezbollah, ajoute la même source, a essayé de réduire l’impact de l’opération et surtout cherché à éviter une aggravation du fossé entre sunnites et chiites. Mais le mal était fait et dans certains pays arabes déjà plutôt hostiles au Hezbollah, les cheikhs ont commencé à insulter cette formation dans les mosquées, l’accusant d’être « un groupe d’infidèles ». La source du Hezbollah estime que le renversement rapide de situation au Liban aurait pu accélérer une explosion dans la région. Selon cette source, l’administration américaine et ses alliés arabes ne pouvaient accepter sans réagir une telle modification de l’équation régionale et ils préparaient sans doute une riposte à Gaza et peut-être contre l’Iran. Toujours selon la même source, il fallait frapper vite et fort pour affaiblir la Syrie et l’Iran et isoler le Hezbollah. C’est l’une des raisons pour lesquelles le Hezbollah a accepté si rapidement l’initiative du Qatar accueillie comme une aubaine pour tenter de désamorcer la bombe en préparation. Il était donc indispensable, estime la source proche du Hezbollah, de parvenir à un accord à Doha, car la seule alternative à l’entente c’est le désordre et la violence dans une région transformée en poudrière. Maintenant, au moins, le Liban est mis sur les rails de la solution et même si le conflit politique est encore profond, les risques de débordements sécuritaires sont devenus très réduits, alors que toutes les parties se préparent désormais à la prochaine bataille électorale. La source du Hezbollah confie encore qu’une nouvelle explosion de violence dans la région n’est pas totalement exclue, du moins tant que George Bush restera en poste à la Maison-Blanche. Mais elle relève quand même le fait que sa dernière tournée dans la région n’a pas été marquée par des succès concluants, ni sur le volet israélo-palestinien, ni sur le plan de la production de pétrole, ni encore sur le dossier arabo-iranien. Ce n’est pas non plus un hasard, conclut la source proche du Hezbollah, si les négociations syro-israéliennes via la Turquie ont été dévoilées juste après le départ de Bush de la région, comme pour bien marquer le fait qu’une dynamique indépendante de l’administration américaine pouvait se mettre en place. Affaires à suivre...
«C’est un accord qui règle les questions constitutionnelles, mais le problème politique reste entier. » C’est ainsi qu’une source du Hezbollah résume l’entente de Doha, qui permet essentiellement d’élire un président de la République, de former un nouveau gouvernement et d’organiser les élections législatives le printemps prochain. Il s’agit donc essentiellement de...