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Apprendre à « pitcher », ou comment séduire un producteur en deux minutes

Obtenir un million de dollars en deux minutes pour financer un « film d’horreur politique » se déroulant sur un bateau dans la Grèce des colonels. Bienvenue dans un atelier de « pitching » qui aide les jeunes réalisateurs à bien défendre leur script pour séduire un producteur. Organisées dans le cadre du « Short Film Corner », le rendez-vous du court-métrage dont c’est la 5e édition en marge du festival, ces séances d’entraînement réunissent une quinzaine d’auteurs autour d’un professionnel du cinéma tel qu’Ido Abram, qui dirige un institut de formation à Amsterdam. Face à lui, des trentenaires venus des quatre coins du monde. Tous sont professionnels, mais la timidité se fait sentir dans les voix : « Le plus important dans un festival, c’est de se faire entendre. Alors parlez fort », lance leur professeur d’un jour. Le tour de table donne rapidement une idée de l’enjeu : après la réalisation d’un court-métrage, ces jeunes cinéastes visent le format supérieur. Mais le budget n’est pas le même. « Le script est écrit, on a le bateau, les acteurs, notamment le personnage principal, des musiciens aussi, car la bande-son des films d’horreur est particulière. Il ne manque plus que l’argent: un million de dollars », expliquent Alexis Ioannou et Alexander Karmios, originaires de Chypre. Leur scénario a un air de déjà-vu: en 1974, pendant la dictature des colonels en Grèce, un couple de touristes américains et leur fille de 17 ans embarquent sur un bateau avec d’autres personnes. Un matin, l’adolescente découvre tous les autres passagers massacrés. Et la politique dans tout ça ? Ils assurent qu’elle intervient dans l’intrigue, mais Ido Abram s’en moque: pour lui, un bon « pitch » est d’abord un exercice de communication, car capter l’attention des producteurs dans la jungle des festivals n’est pas chose facile. Trois heures durant, il s’attache à éliminer gestes parasites et tics de langage chez ses élèves. « Je travaille avec un très bon directeur de la photographie », affirme l’un d’eux à l’appui de sa présentation. « Vous voulez dire que le reste de l’équipe est mauvais ? » rétorque Ido Abram, avant de reprocher à un autre de ne pas le regarder dans les yeux. « J’ai déjà pris des cours de pitching où il n’était question que de l’histoire, toujours la plus courte possible. Or, la gestuelle est primordiale », reconnaît l’Américain Christopher Frascino. Présent à Cannes pour élargir la distribution de son court-métrage Hardwood, un thriller, il a eu une première touche dans une soirée « où commencent beaucoup de conversations ». « Je commence ce soir au bar de l’hôtel Majestic », renchérit son compatriote Christopher Morrison, auteur de ...less than kind, dont il voudrait tirer une version longue. D’autres s’appliquent cependant à parcourir les allées du marché du film. « Nous avons déjà rencontré 15 à 20 sociétés. Le plus dur, c’est de repérer à qui il faut parler », souligne Darian Szyszka, jeune producteur. « Cannes n’a pas programmé notre film en compétition, mais c’est le rêve de tout le monde de venir ici », confie Larelle Bossi, sa réalisatrice. Tous deux sont venus d’Australie à la recherche d’acheteurs et de distributeurs pour « Ring Around A Rosie », leur premier court-métrage. S’ils ne trouvent pas preneurs, ils tenteront leur chance dans l’un des 30 autres festivals qu’ils fréquentent chaque année.
Obtenir un million de dollars en deux minutes pour financer un « film d’horreur politique » se déroulant sur un bateau dans la Grèce des colonels. Bienvenue dans un atelier de « pitching » qui aide les jeunes réalisateurs à bien défendre leur script pour séduire un producteur.
Organisées dans le cadre du « Short Film Corner », le rendez-vous du court-métrage dont...