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Moscou et Belgrade empêchent l’UE de remplir sa mission Trois mois après l’indépendance, les problèmes du Kosovo s’accumulent

Trois mois après son indépendance, le Kosovo peine à se lancer dans le règlement des problèmes névralgiques du nouvel État et reste, dans le même temps, confronté à la farouche opposition de Belgrade. Le 17 février dernier, les Albanais du Kosovo, plus de 90 % de la population, proclamaient leur indépendance avec l’espoir que la séparation définitive d’avec la Serbie allait leur permettre de rapides progrès. Mais trois mois après, le chômage qui, selon des estimations, touche plus de la moitié de la population et plus de 70 % des jeunes, n’a nullement été réduit. « Il est trop tôt pour de grands changements (...). De nombreuses années s’écouleront avant de voir des progrès », tempère Nusret Demiri, 34 ans, professeur de sociologie. Pour redresser une économie dévastée, les autorités misent sur une adhésion rapide au Fonds monétaire international (FMI) et à la Banque mondiale (BM). Le vice-Premier ministre Hajrudu Kuci espère les obtenir courant 2008. « Nous avons 60 % de soutien pour une adhésion au FMI », a-t-il assuré récemment, ajoutant s’attendre à de bons résultats lors d’une conférence de donateurs en juillet à Bruxelles. Depuis l’indépendance, la vie quotidienne à Pristina n’a guère changé. La capitale s’est dotée d’une avenue piétonnière en centre-ville. Mais les dalles qui la recouvrent, importées de Chine, sont déjà sillonnées d’inquiétantes fissures. Le changement ne se manifeste guère que par l’apparition aux postes-frontières de grandes pancartes bleues souhaitant aux rares visiteurs la bienvenue dans « La République du Kosovo ». Les nouveaux drapeaux kosovars, bleus frappés d’une carte jaune du territoire surmontée de six étoiles, ont fait leur apparition aux frontons des immeubles. Ils ont du mal à concurrencer les étendards albanais – aigle bicéphale noir sur fond rouge – toujours omniprésents. La farouche opposition de Belgrade, qui bénéficie du soutien indéfectible de son allié russe au Conseil de sécurité de l’ONU, a freiné la passation des compétences de la Mission de l’ONU (Minuk) au Kosovo aux autorités kosovares dans les domaines-clés de la police, de la justice et des douanes. En outre, le déploiement de la mission de l’Union européenne (Eulex), appelé à prendre la relève de la Minuk, s’est retrouvé, en l’absence d’une décision de l’ONU, dans un vide juridique et marque le pas. En raison de l’opposition farouche de la Serbie et de la Russie à cette indépendance, les Nations unies n’ont jamais légitimé la mission européenne. Ni par une résolution ni même par une simple lettre saluant l’engagement européen, que l’UE, multilatéraliste par essence, a pourtant longtemps attendue. « Si ce statu quo se poursuit, nous pourrons avoir une déstabilisation au lieu d’une consolidation du nouvel État », a déclaré à l’AFP l’analyste Behlil Beqaj. En trois mois d’indépendance, le Kosovo a été reconnu par une quarantaine de pays dont les États-Unis et les principaux pays de l’Union européenne (UE). Mais Belgrade fait campagne pour limiter au maximum les reconnaissances. Les alliés de la Serbie, la Russie, la Chine et l’Inde, ont récemment appelé à de nouvelles discussions entre Belgrade et Pristina sur le statut du Kosovo. Pour montrer que le Kosovo est toujours sa province, Belgrade avait organisé le 11 mai des élections dans le territoire et entend y installer ses institutions en dépit de l’opposition de l’ONU et des autorités kosovares albanaises. L’opposition, emmenée par l’ex-chef de la guérilla Ramush Haradinaj, récemment blanchi par la justice internationale d’accusations de crimes de guerre, rue dans les brancards. M. Haradinaj insiste auprès du Premier ministre Hashim Thaçi pour de nouvelles élections, prévues aux termes du plan de l’envoyé spécial de l’ONU Martti Ahtisaari qui reste la « feuille de route » de l’indépendance surveillée du Kosovo.
Trois mois après son indépendance, le Kosovo peine à se lancer dans le règlement des problèmes névralgiques du nouvel État et reste, dans le même temps, confronté à la farouche opposition de Belgrade.

Le 17 février dernier, les Albanais du Kosovo, plus de 90 % de la population, proclamaient leur indépendance avec l’espoir que la séparation définitive d’avec la...