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Actualités - OPINION

Éclairage Le projet américain a essuyé un revers, estime le Hezbollah Scarlett HADDAD

Alors que le pays se dirige vers un début de solution, c’est un message très fort qu’a adressé le Hezbollah au camp de la majorité et à ceux qu’il considère comme ses parrains régionaux et internationaux. Selon une source proche du parti, tant qu’on était dans les attaques verbales et même dans les accusations, le parti ne se sentait pas obligé de réagir. Mais lorsque le gouvernement a pris le 5 mai, pour la première fois, une décision concrète contre lui, il a dû réagir sur le terrain. Désormais, il a montré, estiment ces mêmes sources, qu’il n’est pas possible de s’en prendre aux armes du Hezbollah, ni de l’extérieur – via une attaque israélienne, aussi violente soit-elle, ou par le biais de pressions internationales – ni de l’intérieur, en agitant le spectre de la guerre civile ou d’affrontement entre ses hommes et les soldats de l’armée. À ce sujet, les milieux proches du parti estiment que celui-ci a fait preuve d’une grande patience en n’ayant aucune réaction sur le terrain en dépit des nombreuses provocations dont il a fait l’objet. Mais avec la décision de neutraliser son réseau de télécommunications, il s’est vu dans l’obligation de réagir, d’autant qu’il était convaincu que cette décision était le début d’une série d’autres, destinées à grignoter petit à petit l’influence du parti. Celui-ci, ajoutent les mêmes sources, a montré qu’il était le plus fort sur le terrain, personne ne pouvant le désarmer par la force. De plus, comme l’a dit Hassan Nasrallah, il y a un avant et un après 5 mai 2008, ce qui signifie qu’à partir de cette date, le Hezbollah ripostera aux agressions dirigées contre lui et considérées comme une menace pour sa capacité de résistance contre Israël. Dans son optique, ce qui s’est passé serait donc une action de dissuasion, réussie, puisque selon les mêmes sources, il y a peu de chances qu’une partie interne cherche de nouveau à porter atteinte aux armes du Hezbollah. Les milieux proches du parti estiment toutefois que cela ne veut pas dire que ces armes sont éternelles. Au contraire, au sein du parti, il y a eu un grand débat sur ce sujet, qui a commencé dès le retrait des troupes israéliennes d’une grande partie du Sud en mai 2000. Il s’est poursuivi même lors des séances de dialogue national en mars 2006. Ces sources pensent que tout ce qui s’est passé au cours des deux dernières années a montré que le seul règlement possible pour la question des armes du Hezbollah réside dans le dialogue. La démarche et le mécanisme ont été d’ailleurs établis dans le document d’entente signé avec le CPL du général Michel Aoun. Selon les sources proches du parti, les derniers événements ont renforcé ce document et ont prouvé qu’il avait abouti à une vision globale de la solution au Liban. Et s’il n’avait pas été rejeté, sans même avoir été lu, par les parties de la majorité, on n’en serait pas arrivé à ce stade d’affrontement et de clivage interne. Les mêmes milieux considèrent que c’est ce document et sa concrétisation lors de l’offensive israélienne de juillet 2006 qui ont mis les régions chrétiennes à l’abri des affrontements, aucune partie ne pouvant prétendre que le Hezbollah allait envahir ces régions et celui-ci ne se sentant pas non plus menacé par ces mêmes régions... Les sources proches du Hezbollah révèlent que ce dernier ne cédera pas sur la question de ses armes au cours du dialogue à Qatar. Sa thèse est la suivante : ce qui s’est passé n’est pas une utilisation des armes sur le plan interne, mais une action de défense du Liban contre un plan destiné à l’affaiblir face à Israël. Pour ces sources, ce débat est ainsi clos avant d’être ouvert et toutes les déclarations des uns et des autres sur le sujet ne sont que poudre aux yeux et propos destinés à la consommation locale. Le débat réel devrait donc intervenir plus tard, après l’accord sur la formation du gouvernement et l’entente sur une nouvelle loi électorale. Les milieux du Hezbollah pensent en fait qu’une nouvelle équation politique est née, mais qu’elle doit prendre un peu de temps pour se concrétiser. Elle dépend aussi, pour être consacrée, du contexte régional et international. Ces milieux sont ainsi catégoriques : le projet américano-saoudien a essuyé un revers de taille au Liban. Selon eux, l’administration américaine a retiré son épingle du jeu, mais la pilule doit être dure à avaler pour les Saoudiens, qui, depuis la création du Liban, y ont eu leur mot à dire et ont été considérés jusqu’à l’été 2006 comme une puissance neutre. Désormais, c’est une nouvelle équation qui se met en place. Mais ses contours sont encore un peu flous.
Alors que le pays se dirige vers un début de solution, c’est un message très fort qu’a adressé le Hezbollah au camp de la majorité et à ceux qu’il considère comme ses parrains régionaux et internationaux. Selon une source proche du parti, tant qu’on était dans les attaques verbales et même dans les accusations, le parti ne se sentait pas obligé de réagir. Mais lorsque le...