Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

PATRIMOINE - Le site a été sérieusement endommagé par l’occupation des troupes américaines et polonaises Babylone attend le retour des archéologues, pour livrer de nouveaux secrets

Les derniers visiteurs sur le site millénaire de Babylone, au sud de Bagdad, sont venus avec des chars et des hélicoptères, et ont laissé un mauvais souvenir. Depuis, les troupes américaines et polonaises qui avaient dressé un camp dans les ruines d’un des sites archéologiques les plus prestigieux du monde ont plié bagage, mais les responsables du lieu sont encore suspicieux. Selon l’archéologue irakien Hadi Moussa Qataa, le survol de la cité antique par des hélicoptères et les mouvements de blindés ont endommagé les murs fragiles des monuments. Un rapport de l’Organisation de l’ONU pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) a établi que «?les dommages provoqués pendant l’occupation militaire sont très sérieux?». Des travaux de terrassement, la construction d’un héliport, l’utilisation de terre contenant des vestiges archéologiques et des infiltrations de carburant dans le sous-sol y sont cités comme les principales sources d’inquiétudes. Cet état des lieux intervient avant une réunion d’experts de l’Unesco et d’Irak en juin 2008 à Berlin pour établir de façon définitive les dommages. Les troupes américaines s’étaient installées dans ces sites en avril 2003 et ont occupé 150 hectares. Puis elles ont laissé la place à des unités polonaises parties en janvier 2005. De l’ancienne base, seule la piste et quelques barbelés ou sacs de sable sont encore visibles. Le commandement américain en Irak ne dément pas l’existence de dommages provoqués sur les sites archéologiques durant la période 2003-2004. Depuis, «?la plupart des bases militaires ont été éloignées des sites archéologiques importants?», a indiqué un porte-parole militaire. Par contre, les militaires américains se défendent d’avoir participé au pillage des sites antiques qui a pris une ampleur alarmante après l’invasion de mars 2003 et la chute du régime de Saddam Hussein en avril de la même année. Depuis le départ des Polonais, Babylone – née sur l’Euphrate 3?000 ans avant l’ère chrétienne et conquise par Cyrus, Darius et Alexandre le Grand – a été placée sous la tutelle de l’Autorité irakienne des antiquités. Les fouilles y sont interrompues, tout comme les travaux de restauration. À peine, explique M. Qataa, si la porte d’Ishtar (déesse de l’amour chez les Babyloniens), endommagée, a retrouvé ses décorations de briques bleues représentant des lions, des taureaux ou des dragons. La porte, dont l’original est exposé au musée de Pergame à Berlin, ouvre la voie aux ruines des palais, des résidences et des temples, en briques d’argile qui portent encore des inscriptions babyloniennes ou assyriennes. Dans les années 1980, Saddam Hussein avait lancé un projet colossal de reconstruction de Babylone, recouvrant sans vergogne les ruines de la cité antique de reproduction à l’identique des édifices du passé. Sur des briques, l’ancien homme fort d’Irak a fait graver son nom comme le faisaient les anciens souverains babyloniens. «?Restauration du palais du roi Nabuchodonosor sous le règne du glorieux Saddam Hussein?», peut-on y lire. Pour effacer les affronts du passé récent, les archéologues irakiens se battent pour que le site de Babylone soit inscrit sur la liste de l’«?Héritage mondial?». Les fouilles pourront alors reprendre et les archéologues du monde entier revenir dans ce lieu mythique. «?Un travail énorme doit être fait côté irakien pour atteindre cet objectif. Nous devons préparer un plan pour cela?», selon M. Qataa. Le représentant de l’Unesco en Irak, Mohammad Djelid, basé à Amman, reconnaît que pour le moment l’Irak est loin du compte. Des recommandations, précisées dans une réunion spéciale tenue fin 2007 à Paris, doivent encore être mises en œuvre. Elles incitent les autorités irakiennes à ratifier une série de protocoles sur la protection des sites archéologiques et la lutte contre le trafic d’objet d’art.
Les derniers visiteurs sur le site millénaire de Babylone, au sud de Bagdad, sont venus avec des chars et des hélicoptères, et ont laissé un mauvais souvenir. Depuis, les troupes américaines et polonaises qui avaient dressé un camp dans les ruines d’un des sites archéologiques les plus prestigieux du monde ont plié bagage, mais les responsables du lieu sont encore...