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Actualités - OPINION

LA situation Scepticisme et durcissement des positions à vingt-quatre heures de l’arrivée de la délégation arabe... Scarlett HADDAD

Vingt-quatre heures séparent encore les Libanais de l’arrivée de la délégation arabe présidée par cheikh Hamad ben Jassem al-Thani du Qatar, et en ce laps de temps, les pressions politiques semblent devoir s’aggraver. La « désobéissance civile » décrétée par l’opposition se poursuit, la fermeture des routes aussi. Et la tension, même si elle a baissé d’un cran, demeure grande. Des combats sporadiques continuent de se dérouler au Nord, comme pour rappeler aux Libanais que rien n’est encore joué. Le commandement de l’armée a annoncé de nouvelles mesures à partir de ce matin, menaçant de recourir à la force pour faire disparaître les apparences armées. Ces nouvelles dispositions ont coïncidé avec une série de menaces proférées par l’opposition à l’adresse du gouvernement. C’est d’abord le général Michel Aoun qui a annoncé que le refus du gouvernement de se rétracter équivaut à un appel au retour des affrontements. Il a été relayé par l’adjoint politique de Hassan Nasrallah, hajj Hussein Khalil, qui a rappelé qu’il faut prendre au sérieux la détermination de l’opposition à poursuivre son mouvement de protestation pacifique jusqu’à ce que la majorité accepte de revenir sur les décisions contestées et de renouer immédiatement le dialogue. En parallèle, le président de la Chambre a annoncé le report de la séance parlementaire d’élection – à laquelle personne ne songeait plus d’ailleurs – jusqu’au 10 juin. Quelques jours après le coup de force de l’opposition à Beyrouth-Ouest, la situation reste donc incertaine. Nabih Berry, qui a activement participé dans la nuit de dimanche à lundi aux efforts d’apaisement dans la Montagne, en restant en contact permanent avec Walid Joumblatt, est une fois de plus au cœur des négociations, avec des pôles de la majorité et avec les diplomates, en plus de ses concertations permanentes avec ses partenaires de l’opposition. Selon les sources de Aïn el-Tiné, au cours du week-end, l’opposition et la majorité étaient parvenues à une sorte d’accord tacite sur le scénario qui s’est d’ailleurs concrétisé de la manière suivante : pour sauver la face, le gouvernement avait remis le sort des deux décisions litigieuses prises au cours de sa réunion de lundi dernier entre les mains du commandement de l’armée. Celui-ci avait publié un communiqué samedi dans lequel il choisissait de maintenir le général Choucair à son poste et affirmait vouloir traiter la question du réseau de télécommunications du Hezbollah « de manière à servir l’intérêt général sans mettre en danger la sécurité du parti ». Il fallait encore que le gouvernement rejoigne le commandement de l’armée et revienne officiellement sur ses deux décisions. C’était la condition posée par l’opposition, selon les sources de Aïn el-Tiné, pour un retour au calme et la reprise des négociations politiques. Les mêmes sources ajoutent que le Premier ministre avait accepté l’idée, tout en demandant un délai jusqu’au retour du ministre Tarek Mitri du Caire. Mais l’atmosphère a changé du tout au tout dans la soirée de dimanche et le gouvernement semble vouloir attendre l’arrivée de la commission arabe, en principe demain, avant de prendre la moindre initiative. Pour l’opposition, il s’agit d’un manquement aux engagements pris, qui remet en question l’accord tacite précédemment conclu. De son côté, la majorité a durci le ton. Le président Amine Gemayel a, dans une conférence de presse, posé de nouvelles conditions, dont un engagement solennel du secrétaire général du Hezbollah de ne pas recourir aux armes pour régler les conflits politiques, avant de revenir à la table de dialogue. De son côté, le chef des Forces libanaises Samir Geagea a déclaré, à l’issue de sa visite au Sérail, que le Premier ministre est plus déterminé que jamais à assumer ses responsabilités jusqu’au bout. L’opposition a encore réagi, par les voix de l’émir Talal Arslane et de l’ancien ministre Wi’am Wahhab. Le premier a demandé à Walid Joumblatt de remettre les armes moyennes et lourdes de ses miliciens à l’armée alors que le second a demandé au général Michel Sleimane de réagir contre le refus du gouvernement de répondre à ses recommandations au sujet des deux décisions controversées. À 24 heures de l’arrivée de la délégation arabe, le conflit demeure entier. Pour l’opposition, le gouvernement a reçu un appui clair des États-Unis et de ses alliés arabes qui le poussent à ne rien céder, alors que la majorité, elle, estime qu’il n’y a pas de raison de céder à la pression de l’opposition, alors que la communauté internationale et les pays arabes ont décidé de réagir et d’entreprendre une action au Liban. D’ailleurs, la secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice a participé hier à une conférence téléphonique sur le Liban et a réitéré son appui au gouvernement Siniora. C’est dans cette ambiance tendue, où les voies du dialogue semblent bloquées, que la délégation arabe arrivera en principe au Liban demain mercredi. Elle a déjà pris rendez-vous avec le président Berry, le Premier ministre Siniora, le commandant en chef de l’armée, le chef du PSP, le chef du Courant du futur et le général Michel Aoun. En principe, Amr Moussa a annoncé au président de la Chambre l’arrivée de la délégation par l’aéroport de Beyrouth, mais, selon les sources de l’opposition, cela ne signifie nullement que les routes seront ouvertes à ce moment-là et que la crise actuelle sera réglée. Les mêmes sources ajoutent que des avions ont continué à atterrir à l’AIB, deux députés sont ainsi arrivés hier à bord de petits « Cessna » et le jet de la délégation arabe pourra aussi atterrir sans problème. Mais l’opposition ne lèvera pas pour autant les mesures prises autour de l’aéroport. Cette dernière a, par ailleurs, accueilli favorablement la nouvelle mission arabe, tout en lui demandant d’être neutre. La majorité, elle, est restée plus réservée. En fait, les deux parties restent assez sceptiques sur cette mission, d’autant que ni l’Arabie saoudite ni la Syrie ne sont représentées au sein de la commission...
Vingt-quatre heures séparent encore les Libanais de l’arrivée de la délégation arabe présidée par cheikh Hamad ben Jassem al-Thani du Qatar, et en ce laps de temps, les pressions politiques semblent devoir s’aggraver. La « désobéissance civile » décrétée par l’opposition se poursuit, la fermeture des routes aussi. Et la tension, même si elle a baissé d’un cran, demeure...