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La campagne milicienne fait une quinzaine de morts et plusieurs dizaines de blessés  Le Hezbollah et Amal prennent d’assaut les rues de Beyrouth-Ouest et ressuscitent les symboles syriens

Les habitants de Beyrouth-Ouest n’avaient pas vécu une telle nuit d’enfer et une telle journée infernale depuis l’offensive israélienne de 1982 et les funestes combats entre Amal et le PSP au milieu des années 80. Durant toute la nuit de jeudi à vendredi, des tirs nourris d’armes automatiques, ponctués d’explosions de roquettes de type RPG et d’obus de mortier, ont retenti dans l’ensemble des quartiers de Beyrouth-Ouest, semant la terreur parmi les habitants terrés dans des abris de fortune et des salles relativement protégées. Lançant une offensive en bonne et due forme contre les positions, les permanences et les quartiers tenus par le Courant du futur, des miliciens du Hezbollah et d’Amal (estimés par certaines sources à près de 5 000 éléments armés) ont pris d’assaut les secteurs de Ras el-Nabeh, Clemenceau, Hamra, Béchara el-Khoury, Mazraa, Mousseitbé, Mar Élias, Caracole druze, Zokak el-Blatt, Aïcha Bakkar, Verdun, Raouché et Ramlet el-Baïda. Dans ces différents quartiers, le crépitement des armes automatiques n’a pratiquement pas cessé jusqu’en fin de matinée, hier. Les échanges de tirs les plus violents se sont produits à Ras el-Nabeh, Mazraa et Hamra. En début de matinée, il paraissait évident que les miliciens du Hezbollah et d’Amal avaient réussi à prendre le contrôle des principales places fortes du Courant du futur, sauf Tarik Jedidé. Vers midi, les tirs avaient pratiquement cessé, ce qui a permis à des unités de l’armée de se déployer, à partir de 13 heures, à Ras el-Nabeh, Mazraa et, surtout, aux entrées de Tarik Jedidé afin d’éviter que ce quartier ne soit pris d’assaut par les miliciens des deux formations chiites. En début d’après-midi, des tirs sporadiques étaient entendus dans certains secteurs, notamment à la rue Sadate ainsi qu’à Clemenceau. Cette offensive anti-haririenne a été essentiellement marquée par une série d’attaques contre tous les médias appartenant directement ou proches du Courant du futur (voir par ailleurs). En fin de journée, des miliciens du Parti syrien national social ont mis le feu à l’ancien bâtiment de la télévision du Futur et ont saccagé le siège de la Fondation Hariri, à Ramlet el-Baïda. Dans certains secteurs, les miliciens prosyriens ont planté des portraits du président Bachar el-Assad et déchiré ceux de Rafic Hariri. Dans l’après-midi, L’Orient-Le Jour a effectué une tournée dans les rues de Beyrouth auxquelles on a ainsi volé son Printemps. Jusqu’à une heure tardive de la journée, le rond-point de Tayyouné était toujours bloqué par des monticules de sable, des carcasses de voitures calcinées et d’autres débris. L’armée contrôlait le secteur, aux côtés de quelques miliciens hezbollahis, sans toutefois tenter de déblayer la route ou de la rouvrir à la circulation. Un peu plus loin, le secteur de Sodeco, qui a connu de rudes combats dans la nuit de jeudi, était pratiquement désert. Seuls les impacts des balles sur les murs des immeubles et les vitrines des magasins sont là pour rappeler que cette région a été la première cible du Hezbollah dans sa campagne de mainmise sur la capitale. Un coup d’œil furtif du côté des ruelles de Ras el-Nabeh révèle des rues vides, jonchées de débris, et de portraits de Rafic Hariri remplacés sur les murs par les portraits des Assad, père et fils. La route de Mazraa offre un spectacle de désolation totale, sorti droit d’un western. Les chars de l’armée sillonnent l’autoroute dans les deux sens, sous les regards amusés de quelques miliciens du Parti syrien national social, regroupés sous leur drapeau. Sans guère se soucier du sens de la circulation, quelques rares voitures filaient à toute vitesse sur les voies où des bennes à ordures continuaient de fumer. À Verdun, tous les magasins avaient baissé leurs rideaux, Aucune trace de l’activité engouée normalement caractéristique de ce quartier. Des miliciens du Hezbollah, tous barbus, le front ceint de bandeaux jaunes, vêtus de treillis et de complets noirs, armés jusqu’aux dents, se reposaient devant les cafés Starbucks et Amore, leurs kalachnikovs et RPG à la main. Nombre de combattants du parti de Dieu sont très jeunes, certains ne dépassent pas les seize ans, comme le montrent leurs visages, encore enfantins. À droite de Verdun, trois miliciens du PSNS contrôlent le quartier de Aïcha Bakkar, d’où les portraits de Rafic et de Saad Hariri ont été arrachés et où les drapeaux du PSNS ont été hissés. Hamra offre le spectacle le plus apocalyptique de la ville. La rue était investie par des dizaines de miliciens hezbollahis. Le quartier était plongé dans le silence et l’obscurité. Vers 16 heures, pour bien marquer leur mainmise sur Ras-Beyrouth, les combattants du parti de Dieu ont organisé un convoi de jeeps militaires, circulant à contresens dans la rue Hamra et tirant en l’air. Selon des témoins oculaires, cinq partisans du Courant du futur auraient été tués par le Hezbollah, vers Abou-Taleb, à l’extrémité de Hamra. En fin de journée, l’impression générale qui prévalait était qu’il faudra beaucoup, beaucoup de temps aux habitants de Beyrouth-Ouest pour surmonter le traumatisme et, surtout, l’amertume, voire la colère, provoquées par cette offensive lancée par le Hezbollah. Mahmoud HARB
Les habitants de Beyrouth-Ouest n’avaient pas vécu une telle nuit d’enfer et une telle journée infernale depuis l’offensive israélienne de 1982 et les funestes combats entre Amal et le PSP au milieu des années 80.
Durant toute la nuit de jeudi à vendredi, des tirs nourris d’armes automatiques, ponctués d’explosions de roquettes de type RPG et d’obus de mortier, ont...