Rechercher
Rechercher

Actualités

Des millions de Birmans attendent désespérément l’aide internationale bloquée par la junte Le bilan de Nargis pourrait dépasser les 100 000 morts

Le bilan du passage du cyclone Nargis pourrait dépasser les 100 000 morts, selon une diplomate américaine, alors que des millions de Birmans restaient privés de nourriture, d’eau et d’abri et attendaient impatiemment l’aide internationale cinq jours après la catastrophe. Le bilan officiel et toujours provisoire de la catastrophe qui a ravagé le sud de la Birmanie a été légèrement revu à la hausse hier soir. Selon la télévision d’État, 22 980 personnes sont décédées et 42 119 autres portées disparues. Mais la chargée d’affaires américaine en Birmanie, citant un responsable des secours, a déclaré que le bilan pourrait dépasser les 100 000 morts. Le responsable des affaires humanitaires de l’ONU John Holmes a évoqué une « catastrophe majeure ». L’étendue des dégâts est encore impossible à mesurer. Les ONG présentes sur place, qui parlent de millions de sans-abri, craignent que le nombre de morts ne s’alourdisse considérablement. À Labutta, localité située à l’embouchure du delta de l’Irrawaddy (Sud-Ouest) où s’est rendue une journaliste de l’AFP, des survivants erraient hier entre les cadavres noircis d’êtres humains et d’animaux. Des équipes du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) et de l’organisation humanitaire World Vision y sont arrivées, mais n’avaient pu distribuer en début d’après-midi que des pilules de purification d’eau. L’organisation Save the Children a pu fournir de l’aide à 30 000 survivants dans les régions touchées. Le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU a commencé des distributions à Rangoun, la plus grande ville du pays. Les équipes de Médecins sans frontières (MSF) qui ont commencé à distribuer de la nourriture et des produits de première urgence réclament des visas d’urgence pour pouvoir disposer de renforts et de matériel. Mais, hors de Birmanie, la frustration est croissante parmi les nombreux travailleurs humanitaires toujours en attente de visas. Les militaires birmans, qui exercent un pouvoir sans partage sur le pays depuis 1962, ont accepté le principe d’une aide internationale. Le geste est rare pour l’un des pays les plus isolés du monde, mais les étrangers doivent négocier avec les autorités birmanes pour pénétrer sur leur sol. Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a indiqué que 22 tonnes d’aide d’urgence bloquées dans des camions en Thaïlande à la frontière attendaient une autorisation. Des pays proches de la Birmanie – Thaïlande et Singapour – ont envoyé de l’aide par voie aérienne. L’ONU a obtenu un feu vert pour affréter de l’assistance par avion, mais son appareil ne pourra partir avant la fin de la semaine. « Les victimes du cyclone ont un besoin urgent de l’aide d’urgence des agences internationales, dont les Nations unies », a déclaré le parti de l’opposante birmane Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie (LND). Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a appelé les autorités birmanes à faciliter l’arrivée des sauveteurs et l’entrée des matériels de première urgence. De son côté, la secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice a exhorté hier la Birmanie à accepter l’aide internationale, affirmant qu’il ne s’agissait « pas d’une question politique » mais d’une question humanitaire. Hier, les États-Unis, qui ont annoncé une aide de plus de 2 millions d’euros et se sont dit prêts à utiliser les moyens de l’US Navy, ont déploré ne toujours pas avoir eu de réponse de la junte à leur proposition d’aide. Côté européen, la Commission de Bruxelles a débloqué deux millions d’euros et plusieurs pays de l’UE ont annoncé des aides individuelles pour, au total, plusieurs autres millions. La Chine a promis 650 000 euros. Dénonçant une « catastrophe dans la catastrophe », le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a évoqué la possibilité de saisir le Conseil de sécurité des Nations unies pour forcer Rangoun à laisser entrer l’aide. Mais l’ambassadeur de France à l’ONU Jean-Maurice Ripert n’a pas obtenu que le Conseil de sécurité discute de la situation en Birmanie. La situation est d’autant plus urgente que des experts sanitaires craignent des épidémies. Les populations de la région de Rangoun et surtout de l’Irrawaddy manquent d’eau potable et d’abris. Parallèlement, le parti de Mme Suu Kyi, toujours assignée à résidence, a de nouveau dénoncé le maintien pour samedi d’un référendum sur une nouvelle Constitution birmane. Les militaires n’ont décidé de reporter le vote, au 24 mai, que dans 47 municipalités particulièrement affectées.
Le bilan du passage du cyclone Nargis pourrait dépasser les 100 000 morts, selon une diplomate américaine, alors que des millions de Birmans restaient privés de nourriture, d’eau et d’abri et attendaient impatiemment l’aide internationale cinq jours après la catastrophe.
Le bilan officiel et toujours provisoire de la catastrophe qui a ravagé le sud de la Birmanie a été...