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Les caches de Viengxay servaient d’abri à 23 000 personnes pendant la guerre du Vietnam Une « ville souterraine » s’ouvre aux touristes dans la jungle montagneuse du Laos

Perdues dans la jungle montagneuse du nord du Laos, des grottes avaient été transformées en ville souterraine par les révolutionnaires communistes pour échapper aux bombardements américains de la guerre du Vietnam. Aujourd’hui, elles attendent de devenir un pôle touristique. Il y a plus de trente ans, les caches de Viengxay, un réseau de près de 500 grottes, servaient d’abri à 23 000 personnes, offrant tous les atouts d’une ville. Des abris contre les bombardements, mais aussi des magasins, des écoles, une imprimerie ou encore un hôpital où travaillaient des médecins cubains. Dans l’une d’elles, de la taille d’une cathédrale, des films de propagande étaient même diffusés et des troupes de théâtre de pays socialistes amis venaient remonter le moral des combattants. Dans d’autres plus modestes, à portée de jambe d’un abri équipé d’un générateur à oxygène russe en prévision d’une attaque au gaz qui n’arriva jamais, vivaient le chef du Parti communiste, Kaysone Phomsihane, et tous les membres du Politburo. « C’est le lieu de naissance du Laos moderne », résume Siphanh Vandouayang. Il dirige désormais le centre, mais a passé l’essentiel de son enfance ici. « La plupart des membres de la direction révolutionnaire ont vécu et étudié ici. » Le paysage pittoresque qu’offrent à l’extérieur pics calcaires et rizières aura été l’un des sites les plus bombardés au monde. Entre 1964 et 1973, des avions américains y ont pilonné les combattants du Pathet Lao et des forces communistes vietnamiennes qui y étaient retranchées. « Toutes les huit à dix minutes, des appareils américains nous bombardaient entre 6 heures du matin et 7 heures du soir, se souvient-il. À 7 heures du soir, ils revenaient pour tirer des roquettes et pour des patrouilles de surveillance en vue des bombardements du lendemain... Les gens ne pouvaient cultiver la terre qu’entre 4 et 6 heures du matin. » Pendant des décennies après la guerre, qui s’est soldée par l’arrivée des communistes au pouvoir en 1975 au Laos, la zone a été inaccessible aux étrangers. Le site, situé à deux jours de route de la capitale Vientiane, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière vietnamienne et qui reste aujourd’hui encore entouré de mystère, servait de camp de rééducation. À mesure que le Laos s’est ouvert dans les années 90, quelques touristes égarés se sont frayé un chemin jusqu’à Viengxay. Mais les autorités veulent désormais faire du lieu un véritable spot touristique. Seules sept grottes ont jusqu’ici été ouvertes, pour la plupart celles qui servaient de logement aux leaders communistes. Des bustes de Lénine, des lampes au kérosène et quelques tracts vieillis y trônent toujours. Mais les montagnes recèlent d’autres secrets – une banque, un atelier de couture, une boulangerie, une station de radio... qui n’attendent que des fonds pour s’ouvrir au public. Le projet de développement du site, orchestré par l’Organisation non gouvernementale néerlandaise SNV, prévoit aussi de recueillir pour la postérité le témoignage de ceux qui ont survécu aux années de guerre. Comme celui de Bounthong, qui vivait alors près de l’hôpital cubain. « Pendant la guerre, les avions américains ont mené d’intenses missions de bombardement, se souvient cet agriculteur qui, comme de nombreuses personnes au Laos, n’a qu’un nom. De nombreux soldats et villageois sont morts, 300 dans mon seul district. Sans les grottes, beaucoup plus seraient décédés. » Malgré le lourd héritage de la guerre, il accueille aujourd’hui sereinement les étrangers. « Je ne suis pas en colère contre les étrangers qui viennent ici en visite parce que maintenant le pays est ouvert, explique-t-il. Dans le passé, je ne connaissais que des étrangers qui étaient armés pour faire la guerre au Laos. »
Perdues dans la jungle montagneuse du nord du Laos, des grottes avaient été transformées en ville souterraine par les révolutionnaires communistes pour échapper aux bombardements américains de la guerre du Vietnam. Aujourd’hui, elles attendent de devenir un pôle touristique.
Il y a plus de trente ans, les caches de Viengxay, un réseau de près de 500 grottes, servaient...