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Actualités - CHRONOLOGIE

HOME WORKS IV - Jusqu’au 31 mai, à la galerie Sfeir-Semler, des œuvres de huit artistes engagés Exil, mémoire, mutation : quand l’art témoigne…

Entre mémoire personnelle et patrimoine universel, thèmes sociopolitiques et marche du siècle, les travaux conceptuels de huit artistes, presque tous originaires du Moyen-Orient, présentés à la galerie Sfeir-Semler dans le cadre de Home Works IV, abordent par l’art les notions d’exil, de mémoire, de mutation, avec une prédilection pour la question palestinienne. Coup d’œil rapide sur les œuvres les plus intéressantes. À travers son installation, en forme d’album géant et de bâtisse tout à la fois, Kamal Aljafari traite de la nostalgie de sa terre natale : la Palestine. Un pays abandonné soudainement dans la peur et qui, dans la mémoire de ses ressortissants, reste, soixante ans après la «?nakba?», comme suspendu dans le temps et au-dessus du vide. C’est, du moins, ce que semblent exprimer les images d’immeubles, à la construction inachevée, qui défilent sur deux écrans placés à l’intérieur et tout au haut de l’installation, baptisée à juste titre Album… Outre son titre provocant, ce qui singularise l’installation de Vlatka Horvat et Tim Etchells To Bring Down A House, c’est qu’elle est réalisée à distance par les deux artistes, installés l’un à New York et l’autre en Grande-Bretagne. Créée initialement pour le projet «?Nothing Good House?» présenté en 2006 à la Kunsthaus Graz, il s’agit d’une sorte de collage géant – occupant quasiment trois pans de murs – de dessins, de photos, de diagrammes, de textes et d’instructions, allant des propositions les plus sérieuses aux plus farfelues, sur les mille et une possibilités de démolir une maison. Envoyées par fax, quotidiennement, par les deux artistes à la galerie Sfeir-Semler, de nouvelles propositions viennent enrichir, tout au long de l’exposition, ce travail en constant développement. Une œuvre en progression qui s’attaque à l’espace domestique pour en faire le lieu de tous les dangers… Du matériel pour un film Produite à Beyrouth avec le support de Ashkal Alwane, Material for a Film est également une installation en cours conçue par l’artiste palestinienne Emily Jacir, Lion d’or de l’artiste de moins de 40 ans à la Biennale de Venise 2007 et dont les œuvres font déjà partie de collections des plus importants musées d’art contemporain, le MoMa entre autres. Entre cinéma, archives documentaires, narration et matière sonore, Emily Jacir développe une somme de dossiers qu’elle a assemblés sur l’intellectuel palestinien Waël Zuaiter, tué par le Mossad à Rome en 1972. Durant des années, elle a marché dans ses pas, vécu dans ses maisons, lu ses livres et discuté avec ses proches, en particulier son ancienne compagne. Dans cette installation, réalisée donc par accumulation de photos, de vidéos, de documents et d’objets personnels, l’artiste reconstitue un peu le décor dans lequel a vécu ce militant palestinien pour la paix, proche d’Alberto Moravia et de l’intelligentsia européenne des années soixante-dix. Art et domaine public Présentée, grâce à l’aimable contribution de l’artiste et du Projet Feid-Lombard de New York, The Invisible Enemy Should Not Exist, l’installation de Michael Rakowitz, traite de la destruction de trésors culturels de l’Irak. Il s’agit d’une reconstitution, à l’identique, des artefacts archéologiques volés au Musée national d’Irak à la suite de l’invasion américaine en avril 2003. Des pièces fabriquées à partir de papier journal et d’emballages de produits en provenance du Moyen-Orient, accompagnées d’informations sur l’histoire personnelle de l’ancien directeur général du musée, aujourd’hui réfugié en Amérique. Américain d’origine irakienne, ce professeur en théorie et pratique artistique à la Northwestern University est très impliqué dans le domaine public et social. Il est célèbre pour son projet de fourniture d’abris temporaires pour sans-abri, chauffés à partir des bouches d’aération du métro. Et ses œuvres, primées à plusieurs reprises, trônent en bonne place dans les plus prestigieux musées d’art contemporain. Une salle plus loin, on passe d’Irak au Liban, où le plasticien Marwan Rechmaoui a reproduit en maquette, dans ses détails les plus infimes, un immeuble beyrouthin du quartier Caracas. Ce bâtiment, construit il y a quarante-cinq ans, a subi au cours des ans des mutations dues aux conjonctures socio-politico-économiques du pays. Il en a gardé nombre de traces qui évoquent la vie de ses divers occupants, sans rien en révéler cependant. Un travail de miniaturisation artistique qui donne à réfléchir sur les traces de vie urbaine qui imprègnent la surface de la ville. Penseur, écrivain, artiste et vidéaste, Jalal Toufic a à son actif des participations à des expositions prestigieuses : Centre Pompidou à Paris, fondation Antoni Tapiès à Barcelone, Witt de With à Rotterdam, ou encore Artists Space à New York, etc. Parmi ses œuvres les plus connues : Ashura, This Blood Spilled In My Veins (vidéo réalisée en 2005). À la galerie Sfeir-Semler, il présente Minor Art : Conceptual Posters and Book (titre inspiré de celui d’un ouvrage de Gilles Deleuze et Felix Guattari), un accrochage de posters de films cultes et de couvertures d’ouvrages qu’il a retravaillés, en y introduisant des références personnelles, y apportant ainsi un regard original, un éclairage nouveau… Et dans cette exposition d’œuvres denses, narratives et engagées, deux pièces plus insolites?: On Learning to See Less de Walid Sadek, du «?non-art?», qui se présente sous forme d’un empilement géant de papier blanc pour évoquer, semble-t-il, «?le visage d’une femme ayant survécu à la tentative d’assassinat de son mari?», ainsi qu’une installation vidéo en deux parties de Ziad Antar, intitulée Rythme. Zéna ZALZAL Sfeir-Semler, La Quarantaine, immeuble Tannous pour les métaux, 4e étage. Horaires d’ouverture : tous les jours, sauf les dimanches et lundis, de 11h00 à 19h00.
Entre mémoire personnelle et patrimoine universel, thèmes sociopolitiques et marche du siècle, les travaux conceptuels de huit artistes, presque tous originaires du Moyen-Orient, présentés à la galerie Sfeir-Semler dans le cadre de Home Works IV, abordent par l’art les notions d’exil, de mémoire, de mutation, avec une prédilection pour la question palestinienne. Coup...