Un peu plus de... Buzz médiatique

Pascal Sevran, 62 ans, animateur à la retraite forcée, est tranquillement assis devant sa télé ce lundi 21 avril. Il regarde France 2, la chaîne sur laquelle il a longtemps officié. Seize années au total consacrées à la chanson. Il est 19 heures et il met Ruquier. Et là, l’horreur… L’auteur de Il venait d’avoir 18 ans apprend sa propre mort. En effet, Laurant Ruquier apprend à ses chroniqueurs ainsi qu’aux téléspectateurs que Pascal Sevran est décédé des suites d’une longue maladie. L’émotion est vive sur le plateau, et Christine Bravo comme Pierre Bénichou dressent une nécrologie improvisée de l’animateur. Nécrologie flatteuse et pleine de bons sentiments. Sauf que Pascal Sevran est toujours vivant. L’équipe de On n’a pas tout dit a relayé l’information émise quelques instants plus tôt par le journal d’Europe 1. Et, comme une traînée de poudre, l’information circule partout sur le Net. Morandini, sur Direct 8, annonce le décès de Sevran et donne la parole à l’animateur Jacques Pradel. Wikipedia, Yahoo et tous les sites people suivent la rumeur. Eh oui, parce que tout ce brouhaha n’était qu’une rumeur. Personne n’a cherché à vérifier l’information. Une heure après l’explosion de la nouvelle, un démenti est enfin annoncé. « Pascal?Sevran n’est pas mort et il se porte bien.?» Les excuses fusent de toutes parts. On a tous voulu imaginer un jour la réaction de nos proches à l’annonce de notre décès, Sevran l’a fait… Idem pour Yves Saint-Laurent, qui en a fait les frais la semaine dernière. La chaîne info de TF1, LCI, a diffusé une nécrologie du couturier à la place de celle prévue pour Aimé Césaire. On s’emmêle bien les pinceaux sur le PAF en ce moment. On pourrait nous faire gober n’importe quoi, on ne remarquerait même pas la manipulation. Tollé ou pas, il faut repenser la question et surtout que les chaînes de télé et autres médias arrêtent de courir derrière le scoop. A contrario, les rédactions devraient se concentrer un peu plus sur l’essentiel au lieu de laisser courir les rumeurs. C’est ainsi que LCI (encore elle) n’a pas du tout suivi les émeutes lors du passage parisien de la flamme olympique, diffusant à la place un reportage. Aujourd’hui, on ne sait plus vraiment où donner de la tête. Entre les politiques, les people, les stars, les scandales, les bourdes des uns et les gaffes des autres, la médiatisation de n’importe qui, les invités qui ne servent à rien et surtout qui n’ont pas accompli grand-chose, comme Cindy Sander, amatrice, chanteuse antipathique, recalée au casting de la Nouvelle Star, on ne sait plus ce qui se passe vraiment dans le monde. On parle de Sarkozy en couverture de Voici, du chapeau de Carla Bruni chez la reine d’Angleterre, et la France va mal. La guerre en Irak?? Quelle guerre?? C’est celle qui oppose Nicole Ritchie à Paris Hilton, qui campe les liens des sites Internet. Bienvenue dans le monde du Grand N’importe Quoi. La faute à qui?? À personne en particulier. Les gens vont mal et s’ennuient, alors on les gave d’infos secondaires. Comme ça, ils oublient l’essentiel. De ce grand capharnaüm médiatique, c’est Internet qui est à l’origine de beaucoup de ces buzz. N’importe quel citoyen lambda peut s’introniser journaliste. Un petit malin avait annoncé la semaine dernière sur Wikipedia, l’encyclopédie de partage Web 2.0, qu’Alain Manœuvre était mort. Que nenni. Au final, tout ça n’est pas bien grave, fort heureusement. Il faut juste faire attention à ce qu’on lit, écoute et voit…