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Actualités - CHRONOLOGIE

FESTIVAL BIPOD - Au Madina, «Import-Export» du Ballet C de la B Cet éternel cirque humain…

Dans un décor de chantier portuaire, d’échafaudages et d’empilements de conteneurs, six danseurs au sol «?tanguent?» de droite à gauche dans un mouvement de balancier, sur fond de bruit sourd évoquant un déchargement de marchandises. Soudain, dans le noir, s’élève la voix d’un chanteur alto interprétant un air lyrique. Perché sur un des conteneurs, il est accompagné d’un quatuor à cordes féminin. Entrecoupant les plages musicales, le bruit de martèlement monte crescendo, ponctuant en quelque sorte le déploiement des corps des danseurs sur scène et y diffusant une atmosphère d’angoissante tension. D’entrée de jeu, le ton d’ Import-Export est donné : un mélange de rudesse, d’extravagance et d’expressivité. Ce spectacle, présenté sur les planches du Madina dans le cadre du Festival Bipod, par le Ballet C de la B (Ballet contemporain de la Belgique), mixe avec dextérité danse, théâtre, chant, gymnastique acrobatique, musique baroque et sons électroniques pour une représentation sans concession de l’impuissance viscérale de l’être humain. Sur une chorégraphie aussi dense qu’énergique de Koen Augustijnen, une déferlante de tableaux visuels évoquent, en effet, la douloureuse condition humaine. Corps qui se tordent, se contorsionnent, se heurtent en duos cruels, s’attirent pour mieux se repousser – à coups de béquilles parfois – , se cognent contre des murs, sans ménagement. Corps malmenés, écartelés, ballottés de bras en bras, harcelés par la meute, traînés au sol comme une vulgaire marchandise et qui, l’instant suivant, rebondissent en sauts acrobatiques. Violente et dénonciatrice Ici, la danse n’est en rien un ballet de pas ailés, mais une expression grave et violente, vigoureuse et virulente. Dénonciatrice. De l’incapacité de l’homme face à son destin. Incapacité collective des populations dominées, traitées en marchandise, en produit de transit. Et figuration de ce que ce commerce des êtres et de leurs existences finit toujours par générer. Un redoutable renversement de situations qui, jaillissant des sentiments d’impuissance, de frustration et de rage, va violemment transformer les agressés en agresseurs et les dominés en dominateurs. Et, dans la sphère intime, cette impuissance à exprimer ses sentiments, à comprendre l’autre, à ne pas se faire rejeter ou encore à éviter les rapports de force, se danse en couple. Trois duos qui s’échangent tour à tour les rôles, passant, comme dans la réalité, par des phases d’amour et de désamour, de soumission et de révolte, de tendresse et de violence. Et, comme dans la réalité, le partenaire brimé et frustré va se transformer, dès qu’il prend le pouvoir, en tyran. L’éternelle ambivalence de la nature humaine. Mais ce n’est là qu’une interprétation parmi d’autres d’ Import-Export. Riche – trop riche même – en références, en symboles, en images, ce ballet, où absurde et réalisme se mélangent, burlesque et gravité se rencontrent, partitions baroques et sonorités techno se rejoignent, est à la fois extrêmement ambitieux, parfois à la limite de l’insupportable et, cependant, fascinant. Et si le spectacle de plus d’une heure trente minutes sans interruption aurait pu être légèrement raccourci, il n’en demeure pas moins prenant. Comme l’est toujours la représentation de l’éternel cirque humain… Zéna ZALZAL
Dans un décor de chantier portuaire, d’échafaudages et d’empilements de conteneurs, six danseurs au sol «?tanguent?» de droite à gauche dans un mouvement de balancier, sur fond de bruit sourd évoquant un déchargement de marchandises. Soudain, dans le noir, s’élève la voix d’un chanteur alto interprétant un air lyrique. Perché sur un des conteneurs, il est accompagné...