Le téléphone se transforme en manche de guitare, clavier de piano, fûts de batterie... Avec les Autrichiens d’Iband, l’Iphone devient instrument de musique

Six doigts et trois Iphone suffisent pour former un groupe : grâce à son écran tactile et quelques logiciels, les Autrichiens d’Iband convertissent le dernier téléphone portable d’Apple en manche de guitare, clavier de piano, fûts de batterie. La vidéo du premier titre de ce trio viennois a créé la sensation sur le Net depuis la fin février. Leur clip Life is Greater than the Internet, où six mains dotées de mitaines exécutent la ballade à l’aide de l’appareil siglé de la pomme, a été vu plus de 2,8 millions de fois sur le site de partage de vidéos YouTube. « C’était un test, on a été plutôt surpris par toutes les sollicitations, mais évidemment cela fait plaisir », se réjouit Seb, le « batteur », interrogé par l’AFP. Fascinés par les possibilités de ce joujou tenant dans la poche, les membres d’Iband, moyenne d’âge 25 ans, avaient importé des Iphone dès la sortie de l’appareil aux États-Unis en décembre et s’étaient mis à bidouiller. « L’idée était là avant même que les logiciels ne soient conçus », confie Marina la chanteuse et « pianiste » de l’Iband, étudiante en art et communication. Après la composition de trois chansons pop, les membres du groupe estiment la « jouabilité » de l’Iphone exceptionnelle. « Certes, l’écran n’est pas si grand et on n’a pas toutes les possibilités d’un instrument réel. Mais je peux moduler les paramètres à l’envi. Par exemple, je peux sortir deux notes sur la même corde de guitare au même moment. Et puis tant qu’il y aura de nouveaux programmes, il y aura de nouveaux sons », s’extasie Roger, le « guitariste » et frère de Marina. Seule restriction à la palette musicale du téléphone, le classique et le jazz, « car il faut de nombreuses nuances de batterie », conjecture Seb, avant de se raviser « et encore pourquoi pas ». Au final, pour ces musiciens, rompus à la pratique d’instruments réels –ils ont commencé à jouer ensemble dans un groupe punk il y a 10 ans – l’approche du jeu de l’Iphone est très comparable. « Comme pour les autres, il faut s’exercer jusqu’à ce que cela sonne comme on le souhaite », juge Roger. « Nous sommes “digital”, mais en ce qui concerne la mélodie, le rythme, nous nous adaptons les uns aux autres. Ce ne sont pas des “samples” que l’on déclenche en appuyant sur “entrée” », rajoute Marina. Le jeu à deux index a aussi ses contraintes physiques particulières. Pour les surmonter, il faut suivre les conseils de Seb : « Les doigts sont comme des baguettes, pour bien jouer il faut avoir les mains bien relâchées. » Malgré cette publicité involontaire pour leur produit phare, Apple ne s’est pas manifesté auprès des membres d’Iband. « Nous ne souhaitons pas monnayer nos services non plus », avance Marina. Tout au plus, le groupe est désormais en contact étroit avec un concepteur de logiciels musicaux dédiés. Le groupe, qui n’a pas de maison de disque pour l’instant, souhaite terminer une dizaine de chansons avant de penser à d’éventuels concerts. Mais l’envie est là. Pour nous mettre l’eau à la bouche, Seb prévient que « ce ne seront pas des concerts au sens conventionnel du terme ». Bien que propulsé sur le devant de la scène par le buzz Internet, Iband invitait les internautes à aller prendre l’air avec Life is Greater than the Internet. « Beaucoup de jeunes passent une grande partie de leur vie sur Internet sur des jeux en ligne par exemple. Peut-être qu’on pourra les intéresser à notre message, parce qu’on joue sur des Iphone », estime Roger. « Il ne faut pas oublier que la vie est dehors », renchérit Marina. La prochaine apparition de l’Iband aura lieu néanmoins sur la Toile, à l’invitation de l’université de Melbourne.