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Actualités - OPINION

LA situation Koweït, Washington, Paris : trois étapes pour la crise libanaise, mais l’horizon reste bouché Scarlett HADDAD

Alors que la semaine devait commencer par la séance d’élection présidentielle, qui devait se tenir aujourd’hui même, c’est dans le sang et le deuil qu’elle démarre. La ville de Zahlé, qui enterre aujourd’hui les victimes de l’incident de dimanche, espère que l’enquête judiciaire aboutira à des résultats concrets et que les suspects en fuite seront rapidement retrouvés. Dans la plus grande ville grecque-catholique du Moyen-Orient, la tension est à son comble et l’incident de dimanche semble raviver les appréhensions sur la division au sein des rangs chrétiens. Ces appréhensions ont d’ailleurs été au cœur des entretiens de l’émissaire du Vatican, Mgr Antonio Maria Vélio, qui a effectué une rapide visite au Liban. Selon certaines sources, il aurait même appuyé les efforts de Mgr Boulos Matar en vue d’organiser une rencontre entre le patriarche maronite et le chef du CPL, avant la tournée arabe et européenne de Mgr Sfeir au début de mai. Si l’on ajoute à ces appréhensions les propos du sous-secrétaire d’État américain David Welch, tenus à Abou Dhabi, dans lesquels il évoque la possibilité d’un été chaud au Liban (c’est du moins ce qui a été rapporté par les médias de l’opposition et de la majorité hier), on se rend bien compte que le pays est au bord du gouffre. La moindre secousse pourrait ainsi rapidement dégénérer en affrontement plus important, si rien n’est fait pour tenter de combler le fossé entre la majorité et l’opposition. C’est dans cet esprit, affirment les sources proches de Aïn el-Tiné, que le président de la Chambre a voulu préparer la table du dialogue au second étage du Parlement. Le message, précisent ces sources, est clair : la table attend les protagonistes et il ne tient qu’à eux d’y revenir. Berry a aussi voulu rappeler qu’il n’y a pas d’autre issue à la crise actuelle que le dialogue. Le vide et la paralysie des institutions pourraient bien entraîner des dérapages sur le terrain s’il n’y a pas un cadre qui permette aux responsables des différents courants de se retrouver et de parler entre eux. Dans ce contexte, l’incident de Zahlé, qui a bouleversé le Liban tout entier, pourrait être un avertissement et une sonnette d’alarme face à la gravité de la situation. D’ailleurs, les parties internationales et arabes semblent aussi estimer que la situation libanaise a atteint un stade dangereux. C’est donc en grande partie pour cette raison que le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a appelé à une réunion pour le Liban, en marge de la rencontre des pays voisins de l’Irak, qui s’ouvre aujourd’hui à Koweït. Selon diverses sources arabes, le ministre français serait déterminé à ne pas laisser le Liban se débattre dans la crise sans tenter de trouver des solutions. Le quotidien émirati al-Khalij a même affirmé que M. Kouchner souhaitait lancer une « nouvelle dynamique de dialogue », tout en réaffirmant son attachement à l’initiative arabe. Cette démarche du ministre français des AE serait un prélude à l’action que pourrait entreprendre la France en faveur du Liban lorsqu’elle prendra la présidence de l’Union européenne en juillet prochain. Si un grand nombre des participants à la réunion des pays voisins de l’Irak – notamment l’Égypte, l’Arabie saoudite, la Grande-Bretagne, les États-Unis, la Russie, l’Italie et l’Allemagne – devaient assister à la réunion pour le Liban, les Syriens et les Iraniens n’y sont pas invités. Ce qui laisse supposer que la réunion du Koweït ne pourra pas réaliser une percée significative dans le dossier libanais, se contentant de réaffirmer l’appui à l’initiative arabe, et notamment à l’élection du général Michel Sleimane à la tête de la République, tout en accusant une fois de plus, directement ou non, la Syrie et l’Iran d’entraver toute solution. Le président de la Chambre, Nabih Berry, pourrait d’ailleurs se rendre à Koweït après cette réunion pour s’informer de la teneur des discussions et des mesures qu’il lui serait possible de prendre. Par contre, la visite de Berry en Arabie saoudite ne semble pas au programme pour l’instant et le quotidien syrien al-Watan a écrit hier qu’il n’y avait pas de solution en vue, appelant l’opposition libanaise à patienter jusqu’à la fin du mandat de l’actuel président américain George Bush. Le dossier libanais continue toutefois d’être au centre des contacts régionaux et internationaux et selon les agences internationales, le président américain et le roi Abdallah de Jordanie devraient l’évoquer au cours de leur rencontre prévue demain à Washington, ainsi que les présidents français Nicolas Sarkozy et égyptien Hosni Moubarak qui devraient eux aussi se voir très bientôt à Paris. Beaucoup de contacts donc, mais peu de résultats concrets. À moins d’un miracle. Après tout, nous sommes en pleine semaine sainte...
Alors que la semaine devait commencer par la séance d’élection présidentielle, qui devait se tenir aujourd’hui même, c’est dans le sang et le deuil qu’elle démarre. La ville de Zahlé, qui enterre aujourd’hui les victimes de l’incident de dimanche, espère que l’enquête judiciaire aboutira à des résultats concrets et que les suspects en fuite seront rapidement retrouvés....