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Actualités - CHRONOLOGIE

HOME WORKS IV - Une installation de Stephen Wright et Nataca Ilic au Madina Un mur nommé désir Maya GHANDOUR HERT

« Le paradoxe du désir, c’est qu’il y a une extrême jouissance à ne pas encore jouir », « Le désir ne doit jamais être interprété » ? « Where is the Opening. The Door that Opens », « En psychanalyse, rien n’est vrai à part l’exagération », « I am you. If i am », « Désir : qui, sauf les prêtres, voudrait appeler cela “manque” ». Des phrases, inscrites sur un mur en plâtre, au milieu duquel trône une porte, intrigue et interpelle les visiteurs du théâtre al-Madina. Ce mur du désir est une installation de Stephen Wright et Nataca Ilic, produite par l’Association pour les arts plastiques Ashkal Alwan, dans le cadre de Home Works IV. «Recomposer le désir. » C’est en ces termes que le duo d’artistes a intitulé l’œuvre exposée au Madina. Natasa Ilic est une curatrice et critique d’art basée à Zagreb, Croatie. Stephen Wright est critique d’art et chercheur à l’Institut national d’histoire de l’art à Paris. « Les temps que nous vivons ne sont pas érotiques, indiquent-ils. Partout, le désir est figé par les abstractions. Partout, il est déjà composé. Cette installation est une sorte de dissertation qui vise à déconstruire la définition générale du désir (comme étant non seulement à caractère sexuel, mais aussi comme le moteur de l’être humain ou encore la chose qui provoque des événements en ce monde). Cette œuvre est également une discrète invitation à l’intention du grand public pour sonder un aspect inhabituel du désir recomposé. » Ce mur illustre-t-il le fondement de la relation amoureuse ? Le désir d’en finir avec les définitions universelles et préétablies, de la norme qui définit le couple comme étant composé d’un homme et d’une femme, conçu pour la vie, avec des enfants ? Une norme inscrite en nous, qui nous guide depuis toujours et organise notre vie autour de la famille. Cette norme est-elle tellement « enfermante » qu’elle se dresse comme un mur entre ceux qui s’y installent sans s’en apercevoir et ceux qui ne peuvent – plus – l’accepter ? L’échange de paroles, la compréhension de la position de l’autre, la tolérance à une autre façon de vivre… À la portée de tous ? Au-delà de l’inscription sociale et biologique, qu’est-ce qui fonde l’amour, quel est ce désir enfoui au fond de nous qui guidera nos pas vers l’autre à aimer ? Le désir : peu connu chez soi, inconnu chez l’autre, non dit. De l’un à l’autre, changeant, disparate, insaisissable et singulier. D’une égale valeur, mais jusqu’à quelle limite ? Où il peut être question de mur… Qu’est-ce que le désir, au final ? Une odeur, un parfum. Une luminosité, une couleur. Un tissu, la terre, une sensation au toucher. Une note, un son, un bruit. Le goût de vanille ou de cannelle, d’épices, du sucre des bonbons de l’enfance. « Manipuler les mots et les espaces en tentant de produire des “redescriptions défamilisarisantes” et souvent exorbitantes des situations qui semblaient aller de soi, je trouve ça jouissif, écrit Stephen Wright. D’autres trouvent ça absurde. J’espère qu’ils s’amusent autrement. Mais pendant que le monde de l’art institutionnel pratique l’art de simuler des orgasmes collectifs devant les dernières œuvres et soi-disant œuvres de ses artistes et soi-disant artistes, d’autres jouissent autrement. » Les murs n’ont pas que des oreilles ; ils ont aussi des yeux et des bouches. Ce qu’ils ont à nous dire ici n’est pas un murmure, mais un cri existentiel. En écrivant sur les murs, le graffiteur exprime sa révolte, son désir désespéré de se faire entendre. Il crie : « Je suis là. » Les deux critiques d’art ont choisi ce mode de communication. Leur œuvre prend ainsi une valeur thérapeutique : « En écrivant sur le mur sa détresse, on s’approprie la vie. »
« Le paradoxe du désir, c’est qu’il y a une extrême jouissance à ne pas encore jouir », « Le désir ne doit jamais être interprété » ? « Where is the Opening. The Door that Opens », « En psychanalyse, rien n’est vrai à part l’exagération », « I am you. If i am », « Désir : qui, sauf les prêtres, voudrait appeler cela “manque” ». Des...