Marseille : Nasri, printemps décisif

Un passeport pour la Ligue des champions, un autre pour l’Euro et une prolongation de contrat en vue : le milieu offensif de Marseille Samir Nasri traverse un printemps décisif, susceptible d’embellir une saison jusqu’ici moyenne. Son but formidable à Metz samedi, qui a placé l’OM sur le podium pour la première fois de la saison, a opportunément rafraîchi les mémoires. Nasri, vedette couvée par son club depuis son arrivée au centre de formation, a dans les pieds tout le talent nécessaire pour débloquer les situations. « Il m’a donné raison à cette occasion car j’estime qu’au vu de sa classe et de sa position très offensive, il doit marquer entre 8 et 10 buts par saison et donner une dizaine de passes décisives », affirme le coach marseillais Éric Gerets qui n’a eu de cesse d’aiguillonner Nasri cette saison. Les statistiques du jeune international traduisent cependant un certain décalage avec ces exigences-là : à Metz, Nasri n’a inscrit que son quatrième but. Il a toutefois donné six « assists ». « Quand on connaît le véritable potentiel du joueur, j’estime que sa saison est plutôt moyenne et il sera d’accord avec ce jugement », corrobore le président marseillais Pape Diouf, ajoutant illico : « Nous en connaissons une bonne partie des raisons. » « Un des bijoux du club » Une grosse entorse à la cheville gauche en stage de préparation, un sérieux virus méningé à l’automne, des douleurs récurrentes à la cheville ont en effet réduit le rayonnement et le nombre de matches (25) du milieu offensif, dont Gerets assure qu’il est désormais en pleine possession de ses moyens physiques. Cela tombe bien, car les échéances approchent. Il y a d’abord la perspective d’une nouvelle qualification en Ligue des champions avec l’OM. Nasri a régulièrement affirmé qu’elle était essentielle à ses yeux, même si Diouf aime rappeler qu’il a toujours trouvé « agaçant », voire « insultant pour les autres », lorsqu’un joueur pose ainsi des conditions. Désormais troisième de la Ligue 1, l’OM peut légitimement caresser l’espoir d’une participation à la prestigieuse épreuve européenne. Nasri, a priori, devrait en être. Car il est en passe de prolonger son contrat jusqu’en 2012. « Je suis beaucoup courtisé, ça me tente, mais à 20 ans, j’ai le temps de voir venir », a-t-il déclaré cette semaine sur Canal Plus. « Le fait que nous discutons encore ne relève pas d’échecs répétés, mais nous allons étape par étape », commente Diouf au sujet de cette prolongation. Le dirigeant marseillais, pas dupe, sait que celle-ci ne mettrait pas forcément l’OM à l’abri d’un départ, à l’issue de la saison prochaine, de celui qu’il considère comme « l’un des bijoux de famille du club ». D’ici là, l’Euro 2008 aura livré son verdict. Et Nasri vivrait mal de ne pas figurer dans la liste des 23 que le sélectionneur Raymond Domenech dévoilera le 18 mai. Il avait marqué des points avec les A’ le 25 mars contre le Mali. Retrouver les A est dans ses cordes. À condition peut-être, prévient Gerets, qu’il « respecte la discipline tactique » en n’oubliant pas de soulager « ses deux potes milieux défensifs ». L’intéressé, en tout cas, semble affûté : « Il m’a mis la misère à l’entraînement cette semaine, avec sombreros et petits ponts ! » rigole le milieu défensif Modeste M’Bami, pourtant plutôt coriace sur l’homme…