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Actualités - CHRONOLOGIE

SOLIDARITÉ - La pénurie est constatée également au niveau des tissus Le don de la cornée : un geste humanitaire pour sauver la vue

Plusieurs centaines de personnes au Liban, notamment des enfants, attendent leur tour pour pouvoir bénéficier d’une greffe de cornée et retrouver la vue. Par comparaison avec les autres organes, les cornées devraient être plus disponibles vu qu’elles sont prélevées après le décès du donneur et ne sont pas liées à la mort cérébrale de celui-ci (voir « L’Orient-Le Jour » du 17 avril 2008). La réalité est tout à fait autre… À l’instar des organes, le don des tissus oculaires (cornées) est marqué par une forte pénurie, les patients attendant non moins d’un an et demi pour voir venir leur tour. Et pourtant, sur le plan humain, le don de cornées n’est pas lié à la mort cérébrale, « celles-ci étant prélevées dans les six heures qui suivent le décès », explique Mme Mona Chaar, responsable des médias et des campagnes de sensibilisation à la Banque des yeux. « Faute d’organes, les personnes malvoyantes se trouvent souvent contraintes à importer les cornées de l’étranger, au prix minimal de 800 dollars pour la seule cornée, poursuit Mme Chaar. Dans certains cas, le prix s’élève à 1 500 voire à 2 000 dollars, contre 200 dollars au Liban, le patient devant participer aux frais de la solution nécessaire pour préserver la cornée ainsi qu’aux frais du bilan sanguin du donneur pour s’assurer qu’il n’y a aucun problème médical qui pourrait empêcher la greffe. D’où l’importance de notre rôle qui consiste également à sensibiliser l’opinion publique à l’importance du don de la cornée susceptible de rendre la vue à des centaines de malvoyants. » Fondée en 1999 et relevant depuis 2001 du ministère de la Santé, la Banque des yeux couvre l’ensemble du territoire libanais. « Nos équipes sont disponibles 24h/24, insiste Mme Chaar. Le prélèvement de la cornée ne nécessite pas plus d’une demi-heure et l’opération peut être pratiquée soit à l’hôpital, soit dans la maison du donneur. Une fois placée dans la solution spéciale, la cornée peut être préservée de 14 à 21 jours. Mais elle ne reste jamais aussi longtemps, d’autant que la liste d’attente est assez longue. À part les urgences médicales, comme les cas d’érosion, de perforation de l’œil ou encore d’un ulcère oculaire, aucune priorité n’est accordée à un patient ou à un autre. Nous suivons l’ordre chronologique de la liste d’attente. » Et Mme Chaar d’ajouter : « Tout comme le prélèvement des organes, celui de la cornée n’entraîne en aucun cas une mutilation du donneur. La cornée est en fait cette membrane transparente située à l’avant de l’œil et qui couvre l’iris. Sa taille n’est pas plus grande que celle d’une lentille de contact. Par ailleurs, la religion ne s’oppose pas à ce don, d’autant qu’il s’agit d’un acte de solidarité sociale. » Conditions de donation plus faciles Le nombre des patients libanais qui attendent une cornée ne peut pas être recensé, puisque chaque médecin possède sa liste d’attente. « Nous ne sommes pas la seule banque des yeux aux Liban, plusieurs autres ont été mises en place, comme celle tenue par Mme Farjallah qui a été d’ailleurs la première à promouvoir cette idée humanitaire au Liban. D’autres banques des yeux existent à Saïda, au centre hospitalier de l’Université américaine de Beyrouth, etc., souligne Mme Chaar. Malgré toutes les circulaires que nous avons envoyées, nous n’arrivons malheureusement pas à unifier la liste d’attente. » Les conditions requises pour la greffe de cornée sont plus faciles que celles exigées dans la transplantation des organes. « En effet, la cornée ne présente pas un problème d’incompatibilité, puisqu’il s’agit d’un tissu qui ne contient pas de vaisseaux, explique Mme Chaar. De même, on peut faire don de sa cornée jusqu’à l’âge de 70 ou de 75 ans, les études ayant montré que ce tissu a une durée de vie de 150 ans. Par ailleurs, nous ne pouvons pas accepter la cornée si le donneur souffrait de maladies transmissibles, comme l’hépatite B ou C ou le sida, d’un cancer métastasé, de maladies infectieuses, etc. Les problèmes de vue comme la myopie, la presbytie, l’hypermétropie et l’astigmatisme n’empêchent pas non plus de faire don de sa cornée. » Les greffes de cornées ne profitent pas aux personnes dont la cécité est due à une maladie de la rétine ou des vaisseaux oculaires, mais uniquement à celles qui souffrent d’une maladie de la cornée, telle que les mélanomes, la malformation congénitale, les brûlures, des lésions, les inflammations, les kératocônes, etc., d’autant que la rétine et les nerfs ne peuvent pas être greffés. « Le kératocône constitue au Liban 35 % des cas nécessitant une greffe de cornée, constate Mme Chaar. C’est une maladie génétique qui frappe souvent tous les membres d’une même famille. » En cas de kératocône, la cornée passe lentement d’une forme sphérique à une forme très irrégulière et amincie, d’allure conique, entraînant une dégradation de la vision. La maladie évolue progressivement et les causes sont à ce jour inconnues. La cornée peut être prélevée sur un donneur âgé de deux ans et plus. Lorsque ce dernier a moins de 18 ans, et conformément à la loi libanaise, c’est son tuteur qui prend la décision. Quant aux donneurs adultes, il est préférable qu’ils aient rempli leur carte de donation disponible au siège de la Banque des yeux, à la Quarantaine. Il est de même conseillé qu’ils informent leur famille de leur volonté, pour faciliter la prise de décision. Pour plus d’informations, appeler aux 01/442105, 01/442107, 01/442108, 01/442110, 01/442111. Nada MERHI
Plusieurs centaines de personnes au Liban, notamment des enfants, attendent leur tour pour pouvoir bénéficier d’une greffe de cornée et retrouver la vue. Par comparaison avec les autres organes, les cornées devraient être plus disponibles vu qu’elles sont prélevées après le décès du donneur et ne sont pas liées à la mort cérébrale de celui-ci (voir « L’Orient-Le...