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Actualités - OPINION

Éclairage Un ballet d’initiatives et de déclarations... qui ne changent pas les équilibres actuels Scarlett HADDAD

Alors que le directeur du cabinet du secrétaire général de la Ligue arabe a déclaré n’avoir pas encore reçu une demande officielle pour la tenue d’une réunion extraordinaire des ministres arabes des AE consacrée à la crise libanaise, le président de la Chambre Nabih Berry attend, de son côté, qu’un rendez-vous lui soit fixé par le roi d’Arabie saoudite. Autrement dit, les deux initiatives parallèles semblent, pour l’instant, tourner en rond, dans une sorte de statu quo morose. Les seuls développements nouveaux sont venus des propos du ministre français des AE sur la nouvelle initiative de M. Berry et du rassemblement populaire organisé par le député Michel Murr, mercredi. Selon une source proche de l’opposition, les deux développements s’inscriraient dans le cadre d’une même déception causée par l’immobilisme actuel. La source proche de l’opposition rappelle qu’il y a près de deux mois, lorsqu’il avait lancé l’équation des « trois dix » en interprétation de l’initiative arabe, le président de la Chambre en avait au préalable discuté avec l’ancien vice-président de la Chambre Michel Murr. Il en avait aussi parlé avec des amis communs à lui et au ministre Bernard Kouchner. L’objectif, selon la même source, était d’assurer l’élection du candidat consensuel le général Michel Sleimane à la tête de la République dans les plus brefs délais et de trouver, par conséquent, une issue à la crise actuelle. Michel Murr s’était d’ailleurs rendu alors à Aïn el-Tiné et il avait déclaré que la priorité était à l’élection présidentielle. De son côté, ajoute la source, le président de la Chambre avait lancé, « dans un élan d’enthousiasme », que si « son camp » (l’opposition) n’acceptait pas la formule des trois dix pour la formation du gouvernement d’union nationale, il serait prêt à se rendre, avec les membres de son bloc, au Parlement pour assurer le quorum nécessaire à l’élection du général Sleimane. Avant d’en arriver là, le président de la Chambre se faisait toutefois fort de convaincre son camp d’accepter la formule. On se souvient de la confusion que cette formule avait provoquée au sein de l’opposition, confusion que Berry avait reconnue lui-même dans le cadre d’un entretien télévisé. Elle a été par la suite contestée par la majorité elle-même et elle a finalement connu le même sort que celui de toutes les initiatives lancées depuis plusieurs mois. Michel Murr a été ainsi privé de son allié principal dans l’organisation d’une séance parlementaire destinée à l’élection du général Sleimane. Le ministre Kouchner, lui aussi, y avait cru et ce serait la raison de sa fameuse phrase sur le manque de liberté du président de la Chambre. Il a certes par la suite assoupli sa position, entrant lui-même en contact téléphonique avec le président de la Chambre, mais quelque part, l’idée que M. Berry avait fait une promesse qu’il n’a pas tenue est restée dans certains esprits. De son côté, le député Michel Murr, qui ne cache pas ses divergences avec le Bloc de la réforme et du changement, continue à estimer que la priorité est à l’élection d’un président et le rassemblement populaire qu’il a organisé mercredi dernier ne serait en fait que l’occasion de rappeler qu’il reste un homme fort, incontournable, au Metn en tout cas. Mais son discours, où chaque mot est soigneusement pesé, ainsi que sa démarche, ne sont pas de nature à modifier les équilibres actuels. En d’autres termes, Michel Murr confirme son indépendance et maintient toutes les options électorales ouvertes pour le jour où les élections législatives se profileront à l’horizon. En attendant, les distances qu’il prend à l’égard du Bloc de la réforme et du changement ne sont pas de nature à permettre à la majorité d’assurer un quorum des deux tiers pour une séance parlementaire destinée à l’élection présidentielle, d’autant que Berry, lui, reste dans le camp de l’opposition, même s’il doit se faire accuser de ne pas avoir les mains libres. La source proche de l’opposition estime d’ailleurs qu’il existe actuellement au Liban une sorte d’équilibre entre les forces : la majorité est largement appuyée par la communauté internationale et l’opposition compense la faiblesse de ses appuis internationaux, qui se limitent à la Syrie et à l’Iran, par une force populaire et militaire interne. Toutes les spéculations sur un changement de position de tel ou tel député, voire d’un bloc parlementaire, ne devraient pas remettre en cause cet équilibre. Celui-ci, poursuit la même source, ne pourrait être modifié que par les circonstances extérieures, régionales et internationales : soit l’appui de la communauté internationale à la majorité faiblit en raison d’un changement dans la politique américaine dans la région, soit la communauté internationale lance une offensive réussie contre la Syrie, l’Iran et le Hezbollah au Liban, ou les trois. D’ici là, le statu quo devrait se poursuivre avec, en toile de fond, un ballet de déclarations et d’initiatives, visant à maintenir la tension, tout en évitant les dérapages...
Alors que le directeur du cabinet du secrétaire général de la Ligue arabe a déclaré n’avoir pas encore reçu une demande officielle pour la tenue d’une réunion extraordinaire des ministres arabes des AE consacrée à la crise libanaise, le président de la Chambre Nabih Berry attend, de son côté, qu’un rendez-vous lui soit fixé par le roi d’Arabie saoudite. Autrement dit, les...