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EXPOSITION - Vernissage de « Mediterranean Crossroads » ce soir, à 18h00, à la villa Audi Artistes arabes… à la manière italienne

L’art italien, on le sait, a joué un rôle fondateur dans l’art libanais, comme dans celui de la région. De Daoud Corm – qui, à la fin du XIXe siècle, fut le premier à étudier en Italie, suivi de Habib Srour, lequel forma, pour sa part, toute une génération d’artistes libanais à la manière italienne –, à nos jours, l’influence de l’Italie dans le domaine artistique reste marquée, même si elle n’est plus aussi exclusive. Dès le début du XXe siècle, nombre de grands artistes libanais, comme Youssef Hoayek (1883-1962), Moustafa Farroukh (1901-1957) ou Jean Khalifé (1923-1978), vont trouver dans le climat culturel italien le terreau fertile à leur style. Puis Ibrahim Marzouk, Hussein Madi, Aref Rayess, Paul Guiragossian, pour n’en citer que quelques-uns, iront poursuivre leurs formations, sur des périodes plus ou moins longues, dans les académies et les ateliers de Rome et de Florence. Plus près de nous, Nada Raad, Ali Hassoun, Marya Kazoun, de « la génération de la guerre », vont également tirer la force de leur inspiration ou de leur technique de la fréquentation des académies et des artistes d’Italie… « On recense, depuis la fin du XIXe siècle à nos jours, plus de 82 artistes libanais qui ont étudié en Italie », indique d’ailleurs Martina Corgnati, la commissaire de l’exposition « Mediterranean Crossroads. Artistes arabes entre l’Italie et la Méditerranée » dont l’inauguration a lieu ce soir, à 18h00, à la villa Audi. Organisée par le ministère italien des Affaires étrangères et l’Institut culturel italien au Liban, cette exposition de quelque vingt-cinq toiles et sculptures, réalisées par des artistes libanais, égyptiens et syriens, accompagnées d’autant d’œuvres de leurs maîtres italiens, dresse un parallèle entre l’école italienne contemporaine et les artistes du Moyen-Orient formés en Italie. De Farroukh à nos jours Tirées des collections privées d’artistes ou de galeristes, les œuvres présentées à la villa Audi (selon une scénographie signée Saleh Barakat) ont été regroupées par pays d’origine de leurs auteurs. Divisée en trois axes, le Liban, la Syrie et l’Égypte, l’exposition s’ouvre dans la salle libanaise par un paysage à l’huile, à la lumière si particulière, de Moustafa Farroukh, juxtaposant une eau-forte de son professeur romain, Antonino Calcagnadoro, justement intitulée Lumières sur le lac. Elle se poursuit par un florilège de peintures et sculptures d’artistes libanais contemporains d’envergure, à l’instar de Hussein Madi, de Aref Rayess, de Nada Raad, ou encore du jeune Ali Hassoun (au magnifique talent) placés, côte à côte, avec les œuvres de leurs « inspirateurs » italiens. Car c’est cette interférence entre artistes arabes et italiens, cette influence italienne, aussi bien thématique que technique, sur les artistes de la région, que met en lumière cette exposition. Influences directes ou indirectes Une influence directe de maître à élève, mais aussi parfois indirecte, qui a pu éclore d’une admiration ou d’affinités électives… Comme celles de la plasticienne Marya Kazoun, qui revendique sa parenté artistique avec l’artiste pluridisciplinaire Franco Losvizzero, auprès duquel elle a poursuivi une formation. Une similitude qui, pour être sans doute conceptuelle et idéologique, ne paraît pas évidente au premier coup d’œil, en comparant la toile en technique mixte de la première avec la sculpture-manège du second. Un rapprochement de vues et de techniques qui, par contre, semble plus visible dans les toiles de Guiragossian et Remo Bianco. Lesquels, sans s’être jamais rencontrés, ont en commun un répertoire de formes abstraites assez similaires. Des salles syrienne et égyptienne Aux deux salles libanaises font suite une salle syrienne, d’où, outre des pièces de Adham Ismail ou Mustafa Ali, se démarque une huile de Fateh Moudarres qui, couplée à une huile de son professeur, Massimo Campigli, fait ressortir une similitude certaine au niveau de la palette des couleurs terreuses et opaques, et de la représentation en fresque des figures humaines. Mais c’est dans les œuvres égyptiennes que l’on retrouve le plus d’imprégnation, jusqu’au décalque parfois, des enseignements des professeurs italiens. Notamment dans les tableaux de scènes de la vie rurale de Hamed Oweiss et Raghed Ayad qui rejoignent, tant dans leur thématique que dans leurs formes et couleurs, ceux de Guiseppe Migneco et Ferruccio Ferrazi. Ou encore les portraits aux formes structurées de Adel al-Siwi qui laissent transparaître une affinité certaine avec ceux de son ami Renzo Ferrari… Il est évidemment impossible d’évoquer ici la totalité des pièces et, par conséquent, des artistes que présente cette exposition itinérante (accompagnée d’un catalogue particulièrement soigné, édité à Milan). Et qui, après avoir entamé son parcours en Syrie, à l’occasion des célébrations de « Damas, capitale culturelle du monde arabe en 2008 », se tiendra jusqu’au 25 avril à Beyrouth et se clôturera au Caire. Pour découvrir ces artistes arabes qui travaillent à la manière italienne, rendez-vous donc à la villa Audi, près Centre Sofil (Achrafieh). Entrée libre. Zéna ZALZAL
L’art italien, on le sait, a joué un rôle fondateur dans l’art libanais, comme dans celui de la région. De Daoud Corm – qui, à la fin du XIXe siècle, fut le premier à étudier en Italie, suivi de Habib Srour, lequel forma, pour sa part, toute une génération d’artistes libanais à la manière italienne –, à nos jours, l’influence de l’Italie dans le domaine...