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Actualités - CHRONOLOGIE

MARCHÉ DE L’ART - Dans le cadre d’une vente Christie’s consacrée aux joyaux contemporains Le collier de perles d’Oum Kalsoum aux enchères à Dubaï

Le 29 avril à Dubaï, Christie’s propose à la vente un collier de neuf rangs de perles ayant appartenu à la chanteuse égyptienne Oum Kalsoum, dans le cadre d’une vente consacrée aux joyaux contemporains et aux montres. C’est cheikh Zayed bin Sultan al-Nahyan, défunt gouverneur des Émirats arabes unis, qui avait offert ce bijou d’inspiration indienne à la diva du monde arabe. Il est estimé à une valeur comprise entre 80 000 et 120 000 $. Il date de 1880 et contient près de 1 888 perles. « La voix et le visage de l’Égypte »,  « el-Sitt » (la Dame), la « voix des Arabes », l’« astre de l’Orient », autant de vocables qui s’attachent à la personne d’Oum Kalsoum dont le chant a rayonné sur le monde arabe et au-delà tout au long du XXe siècle. Née vers 1904 à Tmaïe al-Zahayira, un village situé dans le delta du Nil, Kalsoum, fille d’un imam de mosquée, a naturellement débuté par des chants religieux. Son patronyme circule vite dans la région et tout le monde parle d’un androgyne (son père tenait à ce qu’elle s’habille en garçon bédouin) à cordes vocales uniques. Un jour, un spécialiste de la déclamation du maqam l’entend, tombe en extase et lui suggère, ainsi qu’à sa famille, de s’installer au Caire, marchepied indispensable pour accéder à une notoriété à la hauteur de son talent. En 1919, Le Caire est le théâtre d’une révolution sanglante. Après le rejet par Londres de l’indépendance totale exigée par le parti Wafd, des nationalistes sont exilés. Trois ans plus tard, les assassinats de ressortissants britanniques se multiplient. Oum Kalsoum en a gardé des souvenirs bouleversants. De là daterait son patriotisme ardent, qui se concrétisera ensuite par un soutien sans faille à l’effort de guerre. L’aura d’Oum Kalsoum va croissant dans ce contexte jusqu’à lui conférer un statut de représentante officielle de son pays dans une Égypte qui, en moins de trois quarts de siècle, aura connu le protectorat britannique, l’émergence du nationalisme, les règnes des souverains Fouad et Farouk, la révolution de 1952, les mandats de Nasser et Sadate, sans oublier les deux défaites face à Israël en 1948-49 et 1967. Ses détracteurs ironisent sur un opportunisme qui lui permet de chanter successivement les louanges du roi Farouk, de Nasser puis de Sadate. Les religieux crient au scandale parce qu’ils considèrent comme un blasphème le fait pour une femme de chanter le Coran. Mais Oum Kalsoum a toujours tenu bon, même lorsque les Frères musulmans jugent scandaleuse sa façon de mêler le profane au religieux. Elle a répliqué, en 1928, par un texte profane (« Si je devais oublier et pardonner/Mes yeux me le reprocheraient ») interprété sur fond d’air musulman classique. D’autres ont jasé sur sa vie privée, la soupçonnant d’aimer les femmes et de s’être résolue à épouser son docteur pour se fabriquer une façade honorable. Mais la cantatrice a su séduire toutes les franges de la société, du balayeur au président (Nasser fut l’un de ses plus fervents admirateurs et ne ratait jamais un de ses fameux concerts donnés le premier jeudi de chaque mois), du paysan démuni au fonctionnaire embourgeoisé. Certains se sont interrogés sur l’impact d’exception que pouvait avoir sur les foules la « Sett » (la Dame), celle qui est tenue pour la « mère des Arabes », comme l’avaient proclamé certaines affiches. L’implication d’Oum Kalsoum dans la vie publique, à la fois comme militante d’un certain féminisme et comme moteur d’une certaine unité panarabe, connaîtra son point d’orgue lors de ses funérailles le 3 février 1975. Trente-trois ans après sa disparition, cette icône, cette diva d’Orient qui se présentait avant tout comme « une femme, une paysanne, une Égyptienne », a une mémoire encore vivante. Le collier de perles mis aujourd’hui en vente par sa famille sera exposé du 11 au 14 avril à Christie’s New York puis à partir du 27 avril à l’hôtel Jumeirah Emirates Towers Hotel.
Le 29 avril à Dubaï, Christie’s propose à la vente un collier de neuf rangs de perles ayant appartenu à la chanteuse égyptienne Oum Kalsoum, dans le cadre d’une vente consacrée aux joyaux contemporains et aux montres. C’est cheikh Zayed bin Sultan al-Nahyan, défunt gouverneur des Émirats arabes unis, qui avait offert ce bijou d’inspiration indienne à la diva du monde...