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La paroisse célèbre cette année son jubilé La seconde vie de l’église Saint-Maron à Accra

On ne l’avait jamais vu pleurer auparavant. Mais à Ghana, sous l’effet de l’émotion, le patriarche maronite Mar Nasrallah Boutros Sfeir a versé quelques larmes en prenant connaissance de l’histoire dramatique de l’église Saint-Maron, à Accra. Tout a commencé en 1957, date à laquelle débuta la construction de l’église Saint-Maron dans la capitale ghanéenne sous l’impulsion du père Abdallah Maroun Regha. L’édifice fut inauguré un an plus tard, en 1958 et, cette année, la paroisse a célébré en février le jubilé de l’église en présence de l’archevêque d’Accra, Charles Gabriel Palmer Buckle, du vicaire patriarcal maronite, Guy-Paul Noujeim, et du prêtre de la paroisse, Fadi Boustani. La célébration solennelle de cet événement, en compagnie d’un grand nombre de fidèles libanais, contraste cependant avec une traversée du désert durant laquelle la paroisse maronite a failli perdre la propriété de l’église Saint-Maron. En effet, durant les années 80, l’usage de l’église était partagé entre plusieurs prêtres catholiques, locaux et européens. À un certain moment, le curé libanais était retourné au pays faute de moyens pour subvenir à ses besoins. En outre, la présence des Libanais se faisait de plus en plus rare durant les offices. Un dimanche, un prêtre hollandais qui célébrait la messe s’adressa aux quelques Libanais présents leur enjoignant que, dorénavant, ils devaient s’adresser à lui et à plusieurs autres personnes qu’il désigna comme étant le comité paroissial pour toute demande administrative concernant les baptêmes, mariages ou autres. « J’étais présent ce jour-là », affirme Ibrahim el-Achkar, indigné. « Je me suis levé immédiatement et protesté vigoureusement à l’intérieur de l’église », ajoute-t-il. Se voulant conciliant, le prêtre en question offrit aux Libanais la possibilité d’avoir un membre au sein du comité paroissial, faisant ainsi sortir M. Achkar de ses gonds. « Cette église est la nôtre, s’écria-t-il, et je ne permettrai à personne de faire main basse sur la propriété qui appartient à la communauté libanaise. » Sur ce, Ibrahim el-Achkar contacta un groupe de personnes influentes au sein de la communauté et prit rendez-vous avec l’archevêque d’Accra pour résoudre le problème. « Nous avons averti l’évêque à cette époque que s’il ne mettait pas fin à cette tentative d’escroquerie, nous allons les chasser, même s’il fallait recourir à la force », se souvient-il. De son côté, Maurice Aouad a adressé une missive officielle aux responsables de l’église locale ainsi qu’à la nonciature apostolique, pour leur expliquer la situation et demander leur soutien en faveur de la communauté libanaise. En sa qualité de secrétaire du comité paroissial de l’église Saint-Maron, il écrivit également au patriarcat à Bkerké pour dépêcher un nouveau curé. Selon M. Aouad, c’est une lettre du Vatican qui mit fin au conflit, en demandant aux autorités ecclésiastiques locales de faire le nécessaire pour que la paroisse maronite récupère ses biens. « Le nonce apostolique a expressément affirmé que l’église appartient aux Libanais et, tant qu’ils seront au Ghana, elle sera en leur possession », se souvient pour sa part M. Achkar. La présence des Libanais au Ghana remonte en fait à près de 125 ans, avec le débarquement en 1884 de William Abraham Chébib sur le littoral ghanéen, connu jadis sous le nom de « Côte d’Or », selon les archives conservées par Maurice Aouad. Ce dernier profite de chaque occasion qui se présente pour faire le bilan des activités de la communauté libanaise dans leur seconde patrie. « En 2007, le Ghana commémorait 50 ans d’indépendance, alors que les Libanais célébraient plus de cent ans de présence dans ce pays », affirme-t-il, énumérant les réussites et les accomplissements des Libanais qui « ont soutenu loyalement les Ghanéens, afin de bâtir ensemble l’un des États les plus prospères de l’Afrique occidentale ».
On ne l’avait jamais vu pleurer auparavant. Mais à Ghana, sous l’effet de l’émotion, le patriarche maronite Mar Nasrallah Boutros Sfeir a versé quelques larmes en prenant connaissance de l’histoire dramatique de l’église Saint-Maron, à Accra.
Tout a commencé en 1957, date à laquelle débuta la construction de l’église Saint-Maron dans la capitale ghanéenne sous...