Rechercher
Rechercher

Actualités

Ouverture ce matin du sommet en présence de onze chefs d’État, mais sans le Liban Damas, une capitale sous haute surveillance DAMAS, de Scarlett HADDAD

«Ahlan wa sahlan à tous ceux qui sont venus. Quant aux autres, c’est leur affaire. » Cette phrase du ministre syrien des Affaires étrangères Walid Moallem cache mal la déception des autorités syriennes face à la défection à la dernière minute du président yéménite et celle du roi de Jordanie. Si l’absence du président yéménite est attribuée à sa crainte de voir échouer sa médiation entre l’Autorité palestinienne et le Hamas, qui constitue d’ailleurs un des principaux dossiers à l’ordre du jour du sommet, celle du roi Abdallah de Jordanie est placée dans le cadre de ce qu’on appelle à Damas « les pressions américaines pour saboter le sommet ». Dans ce contexte, les autorités syriennes estiment que l’importance de ce sommet est d’abord dans sa tenue, malgré toutes les tentatives de l’Administration américaine pour le reporter, puis pour changer le lieu de son déroulement. Selon M. Moallem, les États-Unis auraient tout fait pour empêcher la tenue de ce sommet car ils n’ont pas pu intervenir ni dans son ordre du jour ni dans ses résolutions finales. À ce qu’elles considèrent comme un premier succès, les autorités syriennes en ajoutent un autre qu’elles résument ainsi : l’Administration américaine a tout fait pour montrer que la Syrie est isolée sur le plan arabe, or, avec la participation d’une douzaine de chefs d’État arabes, elle a montré qu’elle dispose malgré tout d’un appui arabe non négligeable, notamment au sein des pays du Golfe. Cette satisfaction reste malgré tout mitigée, car le sommet dit « de la solidarité arabe » est, en fait, celui de la division arabe (?), celle-ci étant désormais consacrée et étalée au grand jour. D’ailleurs, dans les milieux journalistiques, on exprimait hier une certaine crainte au sujet de l’éclatement d’un incident au cours de la séance d’ouverture, provoqué, par exemple, par la délégation saoudienne. Selon des sources syriennes, les autorités se préparent à toutes les éventualités, mais elles tiennent absolument à préserver un lien, même ténu, avec les autorités saoudiennes, tout comme elles veulent à tout prix « sauver » leur sommet. Pour éviter d’ailleurs un éventuel incident de sécurité, Damas est transformée en véritable place forte. Barrages stricts tous les 200 mètres, déploiement impressionnant de soldats, routes bloquées, la ville est totalement sous haute surveillance. Le périmètre autour des hôtels Four Season et Cham Palace, où sont descendues les délégations importantes et où le colonel Kadhafi a dressé sa tente, est fermé à la circulation, et, tous les dix mètres, les services de renseignements montent la garde. S’ils sont en blousons et baskets dans les zones périphériques, ils sont en costumes et chaussures vernies aux abords des grands hôtels. Ils sont postés par groupes à tous les coins de rue, et s’ils ont visiblement des instructions pour être aimables, ils s’oublient parfois et lancent des regards méfiants à l’adresse des passants, surtout s’ils ont l’air étrangers… L’organisation se veut stricte et moderne, mais les problèmes surgissent rapidement. Par exemple, les accréditations des journalistes doivent être remises aux intéressés au centre de presse, suréquipé et spacieux. Mais pour atteindre ce centre, il faut traverser une dizaine de barrages qui… réclament les accréditations. Cela pourrait être kafkaïen, si ce n’était si drôle. L’absurdité de la situation n’a d’ailleurs pas échappé à certains fonctionnaires du ministère de l’Information, qui ont fait de leur mieux pour aider les journalistes sans toujours être efficaces… Atteindre le centre de presse est donc une véritable aventure qui peut toutefois bien se terminer. Mais une fois sur place, c’est une autre épreuve qui attend les journalistes : celle d’obtenir leurs badges. À 20h passées, ils commencent à paniquer, d’autant qu’ils ne pourront pas assister à l’ouverture du sommet sans le précieux insigne. Mais comme le disent les fonctionnaires débordés : « C’est le système, on n’y peut rien. » Ces derniers ne peuvent rien non plus contre la folle ruée des journalistes à l’arrivée du ministre Walid Moallem au centre de presse. Bousculades, piétinements, hurlements, c’est la folie totale… Mais le ministre se prête aimablement au jeu des questions et des réponses. En diplomate chevronné, il évite les questions pièges, comme celle concernant la proposition saoudienne à la demande libanaise de convoquer une réunion arabe au Caire après ce sommet. Pour le Liban, il aura droit à une phrase : « La Syrie entretient des relations avec le Hezbollah, avec Amal et avec certains partis nationaux. Elle n’a pas de contacts avec le général Aoun et son courant. Par contre, au sein de la majorité, certains écoutent la France, d’autres les États-Unis et d’autres pays encore. L’argent que dépense Saad Hariri ne vient pas de Syrie. C’est dire que nous ne sommes pas les seuls à avoir une influence au Liban. Que les autres pays utilisent donc la leur… » Le Liban ne fera pas l’objet d’autres questions. Le sommet a d’autres dossiers à étudier, et c’est aujourd’hui le jour des grands débats.
«Ahlan wa sahlan à tous ceux qui sont venus. Quant aux autres, c’est leur affaire. » Cette phrase du ministre syrien des Affaires étrangères Walid Moallem cache mal la déception des autorités syriennes face à la défection à la dernière minute du président yéménite et celle du roi de Jordanie. Si l’absence du président yéménite est attribuée à sa crainte de voir échouer sa...