SPECTACLE Dans le cadre de la Journée mondiale de la francophonie « Les poètes témoignent » au théâtre Monnot

Dans le cadre de la Journée mondiale de la francophonie et du « Printemps des poètes 2008 à Beyrouth », l’infatigable Antoine Boulad a produit un spectacle audiovisuel d’une rare qualité : une récitation de poèmes sur la guerre intitulée Les poètes témoignent. Les écrivains choisis pour ce spectacle étaient – et sont toujours – Alexandre Najjar, Rita Baddoura, Fady Noun, Etel Adnan, Antoine Boulad, Nadim Bou Khalil et Michel Cassir. Les poèmes ont été récités par trois comédiennes professionnelles, Samar Baldo, Lynn Kodeih et Zeina Saab de Melero, sur un fond sonore et musical composé par Joëlle Khoury. Il est difficile de faire un si beau spectacle avec si peu de moyens et en si peu de temps, huit ou neuf jours, y compris celui de la représentation. Les mordus de la poésie ont pu ce soir-là vivre et revivre, avec certaines des plus belles voix de leur génération, les affres de la guerre, en particulier celle de juillet-août 2006. Une guerre que beaucoup de Libanais ont vécue comme un spectacle auquel on assistait soit de loin – quand on avait pu faire sa valise et partir – , soit de près, c’est-à-dire du quartier à côté. Guerre de précision qui, à défaut de déchirer le corps, déchirait le cœur et la conscience – ou ce qui en reste, ou ce qui en tient lieu. D’Alexandre Najjar, on a pu écouter Khiam (Dar an-Nahar), évocation d’une prison devenue synonyme d’infamie. Puis ce fut Rita Baddoura parmi les bombes et les explosions acidulées ; Fady Noun, avec un long poème inédit, Dans la nuit assassine ; Etel Adnan, qui n’a plus besoin d’être présentée ; Antoine Boulad, dont deux ouvrages, Rue de Damas et Le journal de la guerre, viennent d’être publiés aux éditions Saqi ; Michel Cassir, auteur d’une œuvre poétique foisonnante ; sans oublier l’humour décapant de Nadim Bou Khalil, « invisible buffle de l’art avançant parmi les hommes ». Une soirée unique que son coordinateur va tenter de reproduire. F.N.