Rechercher
Rechercher

Actualités

THÉÂTRE - Au Gulbenkian et l’Irwin Hall (LAU) Entre désintégration du langage et identité féminine…

Dans le cadre de la Journée mondiale pour le théâtre (World Theatre Day), les élèves de la LAU ont présenté deux pièces en langue anglaise, de registre et d’inspiration différents où, entre désintégration du langage et identité féminine, les feux de la rampe ont pris le pouvoir. Pouvoir de divertir, mais aussi de faire réfléchir l’auditoire, formé de jeunes, sur l’univers d’Eugène Ionesco et sur les préoccupations des femmes, surtout extrême-orientales… Plein feu sur le théâtre Gulbenkian d’abord où la Cantatrice chauve d’Ionesco (devenue ici The Bald Soprano) a donné une image complexe et délurée de l’univers absurde du célèbre auteur roumain. Ionesco voit l’origine de son théâtre dans l’étude qu’il faisait de la langue anglaise par la méthode « Assimil »… Aujourd’hui, cela semble un peu désuet avec l’accès à l’Internet… En substance, à cette époque, l’auteur de Rhinocéros confiait  : « Mon ambition était devenue plus grande : communiquer enfin à mes semblables les vérités essentielles dont m’avait fait prendre conscience le manuel franco-anglais de conversation. D’autre part, les dialogues des Smith, des Martin étaient proprement du théâtre. Le théâtre était dialogue… Mais il n’y a pas que la parole : le théâtre est une histoire qui se vit, recommençant à chaque représentation, et c’est aussi une histoire que l’on voit vivre. Le théâtre est autant visuel qu’auditif. Il n’est pas une suite d’images, comme le cinéma, mais une construction, une architecture mouvante d’images scéniques… » Pour mémoire, ces propos ont été dits dans les années 50 lors des premières représentations de la Cantatrice chauve, d’ailleurs vite plébiscitée et acclamée par la jeunesse. Plus d’un demi-siècle plus tard, les dialogues de l’opus cité font corps avec le public et les acteurs. Et c’est dans cette double optique que travaille fort judicieusement l’excellente mise en scène de Maher Kaidbey. Pour le voyage des Smith et des Martin dans la langue anglaise (qui garde intactes sa fraîcheur et sa causticité françaises), les tics, les renversements de situations, les dérapages de langages restent parfaitement percutants… Les acteurs (Amir Haïdar, Nour Saïkaly, Mouhannad Hariri, Mariam al-Naser, Maya Sabban et Sany Abdel Baki), tous irréprochables, en costume gris pour les couples, tablier pour la soubrette, casque rouge et ensemble en caoutchouc pour le pompier, ont le ton robotique juste et décapant pour déclencher le rire, la surprise, l’étonnement, mais aussi l’émotion. À part le débit trop rapide des acteurs aux inflexions parfois inaudibles, voilà une bonne version de la Cantatrice chauve d’Ionesco dont la jeunesse au sourire pétaradant n’a pas pris une ride…
Dans le cadre de la Journée mondiale pour le théâtre (World Theatre Day), les élèves de la LAU ont présenté deux pièces en langue anglaise, de registre et d’inspiration différents où, entre désintégration du langage et identité féminine, les feux de la rampe ont pris le pouvoir. Pouvoir de divertir, mais aussi de faire réfléchir l’auditoire, formé de jeunes, sur...