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Actualités - ANALYSE

ANALYSE - Ma Ying-Jeou élu à la présidence de l’île avec 58 % des suffrages La paix entre Taïwan et Pékin, un horizon lointain

L’élection de Ma Ying-Jeou à la présidence de Taïwan marquerait-elle la fin d’un demi-siècle de confrontation entre Taïwan et la Chine ? C’est que se prennent à espérer les observateurs, même s’ils s’attendent à un processus long et tortueux. Ma, candidat du Parti nationaliste, a remporté une victoire écrasante (58 %) face à son adversaire qui avait tenté pendant la campagne d’utiliser à son profit les récentes manifestations au Tibet pour effrayer l’opinion. Frank Hsieh, du Parti progressiste démocratique du président sortant Chen Shui-Bian, qui ne pouvait briguer de nouveau mandat, avait déclaré qu’en cas de victoire de Ma, Taïwan risquait de devenir un nouveau Tibet. Cette stratégie s’est retournée contre lui. « Le peuple de Taïwan espère la paix de part et d’autre du détroit, il ne veut pas la guerre », a lancé samedi le président élu à ses milliers de partisans réunis pour célébrer son élection. Ma a toutefois pris garde de signaler qu’un accord de paix avec la Chine ne serait signé que si Pékin retirait ses missiles pointés sur l’île où les nationalistes du Kuomintang ont trouvé refuge après leur défaite contre les communistes en 1949. La Chine a toujours considéré Taïwan comme partie intégrante de son territoire et n’a jamais renoncé à recourir à la force pour ramener l’île sous son contrôle. L’état de guerre subsiste toujours entre l’île et le continent, aucun traité de paix n’ayant jamais été signé. Taïwan est armée jusqu’aux dents, majoritairement par les États-Unis, et Pékin modernise à grands pas son armée pour combler l’écart technologique. Malgré cela, les deux entités entretiennent des liens économiques étroits et les sociétés de Taïwan investissent des milliards de dollars sur le continent, attirées par le faible coût du travail, et la communauté de langue et de culture. La Chine est ainsi le plus gros partenaire commercial de l’île. Il n’y a pourtant toujours pas de vols directs au-dessus du détroit large de moins de 200 kilomètres. Le président chinois Hu Jintao a proposé ce mois-ci des pourparlers de paix, basés sur le principe d’une « seule Chine », un concept que l’actuel gouvernement a rejeté. Ma pourrait se concentrer sur les aspects les plus faciles d’une négociation avec la Chine, comme l’interdiction des liens directs, plutôt que de s’attaquer aux problèmes politiques les plus épineux. Mais il s’est aussi fixé comme priorité de relancer l’économie. Certains secteurs d’activité taïwanais se frottent d’ailleurs déjà les mains. China Airlines, la première compagnie aérienne taïwanaise, le groupe hôtelier Formosa International ou les distributeurs sont considérés comme les principaux bénéficiaires potentiels d’une ouverture. « Dans un proche avenir, on peut s’attendre à des vols directs et du tourisme. Mais un accord de paix n’est pas facile à envisager. Notre développement national est la nouvelle priorité », souligne Chao Chien-Min, professeur à l’Université Cheng Chi. Pour Bruce Jacobs, enseignant à l’université australienne de Monash, il ne faut guère s’attendre à des progrès spectaculaires. « Être gentil avec la Chine et s’attendre que la Chine soit gentille en retour ne marchera pas », prédit-il. Ben Blanchard (Reuters)
L’élection de Ma Ying-Jeou à la présidence de Taïwan marquerait-elle la fin d’un demi-siècle de confrontation entre Taïwan et la Chine ? C’est que se prennent à espérer les observateurs, même s’ils s’attendent à un processus long et tortueux.
Ma, candidat du Parti nationaliste, a remporté une victoire écrasante (58 %) face à son adversaire qui avait tenté...