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Actualités - OPINION

Spiderman sera chinois Émilie SUEUR

Boycotter ou ne pas boycotter les Jeux olympiques de Pékin ? Si certains posent encore la question, la réponse est évidente pour la plupart des nations du monde. Le boycott n’est pas une option. Les officiels de certains pays pourraient, tout au plus, être absents de la cérémonie d’ouverture. Et encore, si cette possibilité est évoquée aujourd’hui, alors que la répression chinoise des récentes manifestations au Tibet est encore fraîche dans les esprits, qu’en sera-t-il dans cinq mois, quand la flamme olympique, partie hier de Grèce, arrivera à Pékin ? On ne boycotte pas la deuxième puissance économique au monde. On ne boycotte pas le troisième exportateur mondial. On ne boycotte pas un pays dont la population représente un cinquième de la population mondiale. Un tel géant, parce qu’il a tout de même besoin du monde, on le menace verbalement, on fait pression sur lui. Mais on ne le boycotte pas. Plus encore, un tel géant, on tente de le ménager car quand il s’agite, c’est la planète entière qui tremble. Les États-Unis l’ont bien compris. S’ils condamnent régulièrement la croissance du budget militaire chinois, ils n’en ont pas moins ôté Pékin de leur liste noire des régimes bafouant les droits de l’homme. Malgré les chiffres, malgré les faits, le monde reste toutefois dans une sorte de déni. On sait que la Chine est une puissance avec qui il faut compter, on sait qu’il faut jouer un jeu subtil avec elle, mais on peine encore à envisager l’ampleur des conséquences à venir de l’essor chinois à l’échelle mondiale. On a voulu croire que le monde avait changé la Chine ; bientôt, c’est la Chine qui changera le monde. Il y a quelques jours, une journaliste de CNN demandait au célèbre réalisateur indien Shekhar Kapur si, selon lui, les productions bollywoodiennes pouvaient percer en Occident. Avant de répondre, Kapur adressa un sourire à la journaliste. Le même sourire que celui qu’arborerait un grand frère s’apprêtant à confirmer à son petit frère déjà dans le doute que non, le Père Noël n’existe pas. Avec ce sourire, ironique et protecteur à la fois, il lui répondit : « Je vous parie que dans quelques années, nous ferons encore Spiderman 6 ou 7. Au cours de sa première année de projection, le film rapportera un milliard de dollars, dont 700 millions viendront d’Asie. Et quand Spiderman enlèvera son masque, il sera soit indien, soit chinois. » Et il enfonça le clou : « Nous avons de plus en plus confiance en nous-mêmes, nous devenons plus riches. Aujourd’hui, la Chine et l’Inde créent leurs propres marques. (...). Bientôt, 90 % des membres de Facebook seront asiatiques. 80 % de ce qui sera disponible sur YouTube sera asiatique. » Et la conclusion, inéluctable : « Un jour, vous serez assise ici avec un réalisateur américain et vous lui demanderez comment il peut encore faire des films américano-hollywoodiens alors que les films asiatiques dominent le monde. »
Boycotter ou ne pas boycotter les Jeux olympiques de Pékin ? Si certains posent encore la question, la réponse est évidente pour la plupart des nations du monde. Le boycott n’est pas une option. Les officiels de certains pays pourraient, tout au plus, être absents de la cérémonie d’ouverture. Et encore, si cette possibilité est évoquée aujourd’hui, alors que la...