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Actualités - CHRONOLOGIE

Le Premier ministre condamne la procédure engagée contre l’AKP Le parti d’Erdogan accusé de vouloir transformer la Turquie en État islamique

Le parti islamo-conservateur en Turquie est confronté à de graves accusations d’un procureur qui demande qu’il soit dissous pour activités antilaïques tandis que son chef, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, a de nouveau dénoncé hier le recours à son égard. Le procureur de la Cour de cassation Abdurrahman Yalçinkaya a déposé vendredi dernier devant la Cour constitutionnelle un texte d’accusations de 162 pages pour demander l’interdiction Parti de la justice et du développement (AKP). Il accuse cette formation issue de la mouvance islamiste de vouloir transformer, à terme, le pays en un État islamique et de détruire le système démocratique, dans des extraits rapportés dimanche par la presse. « Le modèle d’islam modéré préconisé pour la Turquie vise à établir un État gouverné par la charia et si nécessaire recourir à cette fin au terrorisme », souligne le procureur. Le texte accuse sèchement le parti gouvernemental d’être devenu « le foyer d’activités allant à l’encontre de la laïcité », donnant pour exemple pas moins de 61 discours prononcés dans le passé par le M. Erdogan. « Il n’est naturellement pas possible d’attendre jusqu’à ce que le parti établisse le modèle d’État qu’il préconise », indique le procureur pour soutenir son recours devant la Cour constitutionnelle habilitée à fermer les partis. « En Turquie, il est évident que les mouvements d’islam politique et le parti en question (AKP) aspirent à terme à un système fondé sur la charia plutôt qu’un État de droit », selon le procureur, qui estime que l’AKP se servira jusqu’au bout du « takiyye », consistant à dissimuler ses convictions, jusqu’à ce que les objectifs d’un État inspiré du modèle islamique soit atteint. Le procureur cite aussi la récente libéralisation du voile islamique à l’université, dont l’application est toujours suspendue à une décision de justice, ou l’invocation des ulémas plutôt que des juges pour trancher des questions de société. Le procureur réclame que 71 membres de l’AKP, dont 39 députés et 11 maires, soient interdits de faire de la politique pendant cinq ans. Parmi ceux-ci figurent les noms de M. Erdogan et du président Abdullah Gül, ancien cadre et ministre de l’AKP. Le Premier ministre, en tournée dans des provinces du Sud-Est anatolien peuplé majoritairement de Kurdes, s’en est vivement pris pour la deuxième journée consécutive au procureur Yalçinkaya, affirmant qu’il « ignore la volonté du peuple » qui s’est prononcé massivement lors des dernières élections législatives en faveur de l’AKP. « Personne n’a le droit de donner l’image que la Turquie est un pays de troisième classe », a-t-il dit, fustigeant un recours « antidémocratique ». « Personne ne pourra endosser la responsabilité qu’une telle procédure aura » sur l’avenir du pays qui aspire à intégrer à l’Union européenne, a estimé M. Erdogan. Samedi, le commissaire européen à l’Élargissement Olli Rehn a appelé la justice turque à ne « pas se mêler de politique démocratique ». De son côté, le ministre turc des Affaires étrangères, Ali Babacan, s’est dit « très surpris » par le recours, mais a opté pour un ton plus modéré, affirmant toutefois que la fermeture d’un parti politique « n’a plus de place dans la justice moderne ». « Dissoudre un parti est une punition collective » pour les électeurs, a estimé M. Babacan sur la télévision privée Kanal 7, souhaitant que la procédure n’ait pas d’impact sur la stabilité politique et économique de la Turquie. L’AKP, arrivé pour la première fois au pouvoir en 2002, a remporté haut la main les élections de juillet 2007 avec 46,5 % des voix, mais n’a su dissiper la grande inquiétude d’une dérive islamiste des franges laïques d’un pays très majoritairement musulman mais au régime strictement laïque. Si la Cour constitutionnelle accepte aujourd’hui le dossier du procureur, elle demandera à l’AKP de préparer sa défense dans un délai d’un mois, extensible, et il faudra sans doute des mois avant que l’AKP soit entendu. Trois cas de figure sont possibles si la demande du procureur est jugé recevable : fermeture ou rejet de la demande par une majorité de sept juges sur onze ou encore privation de l’AKP d’aides du Trésor. La plupart des magistrats de la cour ont été nommés par le précédent chef de l’État, Ahmet Necdet Sezer, un fervent défenseur de la laïcité.
Le parti islamo-conservateur en Turquie est confronté à de graves accusations d’un procureur qui demande qu’il soit dissous pour activités antilaïques tandis que son chef, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, a de nouveau dénoncé hier le recours à son égard.
Le procureur de la Cour de cassation Abdurrahman Yalçinkaya a déposé vendredi dernier devant la Cour...