Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

HUMEUR Une pièce « Made in Lebanon » Bachir EL-KHOURY

Au moment où les citoyens libanais font face à une chute spectaculaire de leur pouvoir d’achat, due notamment à une hausse mondiale des prix des matières premières mais aussi à une appréciation record de l’euro face au dollar, notre classe politique – apparemment très soucieuse du quotidien de son peuple – travaille d’arrache-pied pour trouver des solutions à une stagflation (stagnation + inflation) dont souffre son peuple : 11+7+12 disent les uns ; non : 10+10+10, répliquent les autres… Le problème est bien plus grave que ne le laissent entendre ces simples comptes d’épicier. Il est au niveau de la vision (américaine ou iranienne) du Liban, disent-ils. Intéressant ! s’exclame le citoyen libanais. Bon d’accord, mais comment cela peut-il résoudre l’équation stagnation + inflation = stagflation, demande-t-il sur un ton un peu hésitant à l’un d’eux. De quelle stagnation et inflation? lui répond alors le « Responsable » (avec un grand R). Je ne comprends pas de quoi tu parles exactement ! Le citoyen, pris alors par un enthousiasme d’intellectuel, fait sortir la définition : l’inflation, c’est la hausse des… Mais il est vite interrompu par le « responsable » qui vit un bref moment de sursaut : Ah oui ! Je vois de quoi il s’agit. J’en ai entendu parler dans un de mes cours théoriques à la fac, mais il me semble que ces termes ne sont pas applicables dans la vie pratique. Mes business à moi – un peu partout dans le monde – se portent fort bien ; mon salaire de « responsable des citoyens », je le touche à la fin de chaque mois ; j’ai des escomptes par-ci par-là… Tout va pour le mieux, dit-il sur un ton rassuré, le cigare à la bouche. Avant d’ajouter à l’adresse du pauvre petit citoyen pensif et fatigué : Arrête de perdre ton temps à chercher des solutions dans ta tête au déficit de l’EDL, au déficit de la Sécurité sociale, au déficit budgétaire, au déficit commercial, à tous ces déficits qui vous rongent. Le peuple doit s’intéresser aux vrais problèmes, ceux de sa classe politique. Il doit soutenir ses responsables et leur apporter des solutions pratiques aux équations difficiles qu’ils essaient de résoudre, à commencer par les divers agendas des puissances régionales et internationales et les moyens de les appliquer au Liban. Tous ces sujets sont bien plus importants que les interminables coupures d’électricité et la stagflation dont tu me parles, dit-il au citoyen, très intrigué par le discours, qui lui répond tout naïvement : Mais moi je te paie ton salaire de fonctionnaire public pour que tu consacres ton temps à régler mes problèmes et non pas pour soutenir une puissance contre une autre. Fonctionnaire ? s’écrit le responsable, affolé par ce qualificatif que vient de lui lancer le citoyen. Moi je suis ton chef et toi mon sujet, ajoute-il sur un ton fort. Allez, vas-t-en maintenant. Tu me fatigues. Porte ton fusil et va t’amuser à tirer sur les « sujets » des autres chefs. C’est ainsi qu’on fera triompher l’axe du bien sur l’axe du mal… Bachir EL-KHOURY Citoyen qui refuse d’être acteur dans cette pièce Article paru le jeudi 13 mars 2008
Au moment où les citoyens libanais font face à une chute spectaculaire de leur pouvoir d’achat, due notamment à une hausse mondiale des prix des matières premières mais aussi à une appréciation record de l’euro face au dollar, notre classe politique – apparemment très soucieuse du quotidien de son peuple – travaille d’arrache-pied pour trouver des solutions à une...