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Actualités - OPINION

comparses plutôt qu’unificateurs

La conjoncture actuelle, qui a dressé les jalons du conflit interlibanais, ne cache-t-elle pas une autre?? Le bras de fer entre les deux principaux protagonistes politiques, jusque-là à score égal, est-il vraiment entre deux visions différentes de l’avenir du Liban?? Il se dessine en filigrane, mais d’une façon évidente et claire, un conflit régional d’ordre communautaire. Le monde arabo-musulman se divise actuellement, qu’on l’admette ou pas, entre sunnites et chiites. L’Arabie saoudite et l’Égypte n’ont toujours pas admis la politique de leur grand allié américain en Irak, qui a fini par substituer au régime sunnite un pouvoir chiite par excellence. Comme ils n’ont pas admis les égards qui ont jusqu’à présent ménagé la Syrie et lui ont épargné un changement de régime, en dépit de toutes les prises de position virulentes américaines contre l’action politique syrienne au Liban, en Irak et en Palestine. Il est notoire que le régime syrien dominé par les alaouites est contre toute politique sunnite expansionniste, comme le voudraient l’Arabie saoudite et l’Égypte. Dans cette optique, ces deux pays ne peuvent en aucun cas admettre une hégémonie chiite au Liban. En contrepartie, la Syrie et l’Iran n’admettront jamais, surtout après la disparition consécutive et à quelques mois d’intervalle de trois leaders sunnites majeurs, à savoir Saddam Hussein, Rafic Hariri et Yasser Arafat, un regain de l’hégémonie sunnite dans cette partie du monde. Damas et Téhéran considèrent que la clé de voûte de ce conflit moyenâgeux est le Liban. En se fondant sur ces données, peut-on encore innocemment croire que la scène locale libanaise se divise entre deux optiques différentes?? Il serait vraiment naïf, voire pathétique, de penser que la crise est confinée aux divergences entre les forces du 8 et celles du 14 Mars. Le conflit est incontestablement sunnito-chiite et de surcroît intimement lié à la guerre froide que se livrent l’Arabie saoudite et l’Iran. Tous ceux qui participent à ce conflit doivent savoir que celui-ci est strictement communautaire et qu’ils ne sont dans ce cadre que de simples comparses, des instruments ou encore, plus crûment, de la chair à canon. Il est aussi de leur devoir de comprendre que les investissements en pétrodollars ou bien en « argent propre » ne peuvent s’expliquer que selon cette logique. Au lieu de se constituer partie neutre et conciliante, les chrétiens du Liban se voient ainsi jouer le rôle de comparses, à peine visibles dans ce conflit d’horreur sans aboutissement. Ne serait-il pas criminel pour les chrétiens du Liban, qui ne peuvent supporter des crises longues, destructrices et poussant au désespoir, de les scinder en deux et de les utiliser comme instruments subalternes de combat dans cette guerre de cent ans?? Malheureusement, le conflit sunnito-chiite, que l’on condamne, risque de se perpétuer jusqu’au dernier chrétien et même jusqu’au dernier Libanais. C’est pourquoi il devient impérieux de lancer deux appels : – le premier à l’adresse des chrétiens pour qu’ils arrêtent de servir d’instruments dans ce conflit destructeur et suicidaire?; – le second en direction des sunnites et des chiites afin qu’ils ne se laissent pas entraîner dans une guerre sans vainqueur, parce qu’ils sont l’objet d’une manipulation communautaire et sectaire dont l’origine est située en dehors du Liban. Notre Liban à nous tous est un pays de communion et de complémentarité, et non un terrain de combat fratricide. En tout état de cause, la grande responsabilité incombe aux chrétiens, qui, au lieu de s’instituer arbitres et conciliateurs, se sont obstinés à réduire leur rôle cent fois historique à celui de comparses sans aucune influence sur le cours des événements. Une situation qui les a confinés dans une envergure mercantile et intéressée. Il est choquant de voir des responsables politiques chrétiens refuser une proposition unanime, arabe et musulmane, conférant au président de la République chrétien le droit de choisir seul le tiers du gouvernement. Cela aurait pu s’instituer comme précédent historique consacrant pour l’avenir un rôle chrétien conciliant et rassembleur. Malheureusement, ces politiques chrétiens ont préféré leur rôle de comparse à celui d’unificateur. Piètres que nous sommes… Nadine V. Moussa Avocate
La conjoncture actuelle, qui a dressé les jalons du conflit interlibanais, ne cache-t-elle pas une autre?? Le bras de fer entre les deux principaux protagonistes politiques, jusque-là à score égal, est-il vraiment entre deux visions différentes de l’avenir du Liban??
Il se dessine en filigrane, mais d’une façon évidente et claire, un conflit régional d’ordre...