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Actualités - CHRONOLOGIE

Bucarest souhaite que sa politique des minorités serve d’exemple La question rom n’est pas roumaine, mais européenne

Avec l’élargissement de l’Union européenne vers l’Est, le problème de la minorité rom au sein des 27 États membres est apparu au grand jour. Avec l’intégration, en 2004, de dix pays, près d’un demi-million de Roms sont entrés dans la sphère européenne. Mais c’est surtout l’adhésion de la Roumaine et de la Bulgarie à l’UE, le 1er janvier 2007, qui a provoqué le changement le plus important, puisque la population rom augmentait de près de trois millions de personnes d’un seul coup, faisant craindre une énorme vague migratoire vers l’Ouest. Une crainte toutefois limitée puisque seule une partie minime des «  gens du voyage » continue de suivre un style de vie nomade. Si les chiffres officiels de Bucarest évaluent les Roms à près 500 000 en Roumanie, selon plusieurs ONG et des leaders roms locaux, ce chiffre serait de deux millions, faisant de la Roumanie le pays qui concentre le plus grand nombre de Roms dans l’UE. « Les statistiques sont faites d’après l’auto-identification de chaque citoyen roumain. Donc s’ils disent qu’ils sont Roms, ils seront inscrits comme tels », affirme Daniel Tanase, chef de mission à l’ambassade roumaine de Beyrouth, interrogé sur la différence entre les chiffres officiels et officieux. Certains observateurs corroborent cette hypothèse affirmant que « lors des recensements, beaucoup d’entre eux cachent leur identité rom, qu’ils n’aiment pas trop voir inscrite sur les papiers officiels ». « Bucarest prend très au sérieux la situation des Roms », souligne le diplomate. Ainsi, le gouvernement roumain a élaboré une stratégie pour améliorer la situation des Roms, en leur créant une agence nationale dirigée par un secrétaire d’État d’origine rom et qui fonctionne dans la structure du gouvernement roumain. « Nous faisons la politique pour les Roms avec les Roms, déclare M. Tanase. Les Roms sont donc directement impliqués dans la politique gouvernementale les concernant. » De fait, la Roumanie a développé une politique très efficace concernant les minorités. Ainsi, des sièges sont attribués au Parlement pour les représentants de chaque minorité nationale, dont les Roms. Bucarest encourage, par ailleurs, l’existence de programmes scolaires et de publications dans la langue maternelle de chaque minorité. Selon Daniel Tanase, les Roms, à l’instar des autres minorités nationales, jouissent de tous les droits sur les plans politique, de l’éducation et social. Le diplomate roumain rejette par ailleurs les critiques selon lesquelles la situation de la population rom était meilleure du temps du régime communiste de Nicolas Ceausescu. « Aujourd’hui, la situation de tous les Roumains, y compris des Roms, est meilleure, parce que les citoyens bénéficient de tous les avantages de la démocratie, notamment de la libre circulation, précise Daniel Tanase. Ainsi, les Roms peuvent circuler librement dans toute l’Union européenne, surtout depuis l’admission de la Roumanie au sein de l’UE. » Les Roms étant devenus des citoyens européens, le gouvernement roumain affirme désormais que « la situation des Roms est un problème européen » qui concerne tous les pays membres de l’UE. M. Tanase estime ainsi qu’il revient à l’Union européenne de se pencher sur le problème des Roms et d’établir une politique européenne commune afin d’améliorer leur situation. À la suite du problème qui a eu lieu récemment en Italie concernant un Rom roumain et qui a entraîné un regain de sentiments antirom parmi la population locale, « nous avons pris l’initiative avec le gouvernement italien d’inviter la Commission européenne à élaborer une stratégie dont le but est l’inclusion sociale des Roms » là où ils se trouvent, affirme le diplomate roumain. Il précise que son gouvernement œuvre pour que la responsabilité des Roms soit prise en charge par les pays dans lesquels ils résident, même s’ils sont d’origine roumaine. Pour Bucarest, « la problématique de discrimination socioéconomique qui touche les Roms est transnationale, par conséquent, la réponse de l’UE doit être une action concertée au niveau communautaire ». Pour cela, il faut créer un budget commun spécial destiné à régler le problème des Roms, suggère le diplomate roumain. La Roumanie insiste ainsi à partager la responsabilité au niveau de tous les pays membres de l’Union afin d’assurer des standards sociaux et économiques égaux pour tous les citoyens des pays membres y compris pour les Roms. « Nous œuvrons continuellement pour améliorer la situation des Roms dans notre pays, mais également au sein de l’Union européenne ; pour cela nous coopérons activement avec toutes les institutions de l’UE », insiste M. Tanase. Aujourd’hui, Bucarest espère que sa politique servira d’exemple pour la création d’un cadre normatif au niveau européen, tout en prenant en considération les options des Roms eux-mêmes en les responsabilisant à travers leur participation aux programmes et aux plans d’actions qui leur sont destinés. Propos recueillis par A. A.
Avec l’élargissement de l’Union européenne vers l’Est, le problème de la minorité rom au sein des 27 États membres est apparu au grand jour. Avec l’intégration, en 2004, de dix pays, près d’un demi-million de Roms sont entrés dans la sphère européenne. Mais c’est surtout l’adhésion de la Roumaine et de la Bulgarie à l’UE, le 1er janvier 2007, qui a provoqué...