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Une zone d’exclusion ?

Marion Junca, chef de mission de l’ONG DIA, déclare à L’Orient-Le Jour : « Selon moi, le territoire de Dahieh est une fiction. Il ne faut pas utiliser de grille de lecture différente de celle applicable sur le reste du territoire libanais, si ce n’est que s’y situe le point névralgique du Hezbollah, que les gens utilisent pour identifier cette parcelle du Liban. Et malgré les tendances principales, il existe plusieurs Dahieh, à l’image de la population libanaise. » Selon le psychiatre Chawki Azouri, ce qui donne de Dahieh l’impression d’une zone plus homogène que le reste du Liban vient du fait qu’il s’agit « d’une zone exclue ». « La première exclusion vient, selon moi, du clivage mental et social qui s’est installé aujourd’hui, entre Beyrouth et le sud de la ville. D’autre part, caricaturalement, la guerre de 2006 n’a frappé que le sud du Liban et le sud de la capitale. Les habitants ont dû de ce fait aller se réfugier ailleurs, encore une fois – sans pour autant pouvoir aller à Dahieh –, et cette fuite renforce le sentiment d’exclusion, état d’âme constructif de l’identité. » Le spécialiste ajoute aussi que la communauté chiite est, historiquement, une communauté exclue des cercles de pouvoir libanais et dont l’insertion politique a été la plus difficile. « La cité s’est toujours construite avec des zones d’exclusion. C’est un schéma psychologique très connu, qui prend relativement le même statut du niveau individuel au niveau social. Il faut bien sûr nuancer ces propos car les référents ne sont pas les mêmes entre les deux catégories d’analyse ; cela étant, ce modèle garde parfois une certaine pertinence, c’est le cas de Dahieh. » « En fin de compte, le rapport hétérogène entre les gens est camouflé par une homogénéité donnée par le sentiment d’exclusion. » Peut-on dès lors analyser autrement la présence des tentes à l’intérieur de Beyrouth, au centre même de la ville ? Celles-ci seraient-elles l’expression d’une certaine revendication sociale ? « Que l’on soit d’accord ou pas, le refoulé cherche à se faire entendre par ses propres moyens. Les tentes expriment ce que Dahieh vit. » Ainsi, la banlieue sud de Beyrouth se caractériserait-elle, également, par son hétérogénéité ? La partie méridionale de la capitale libanaise est un fourmillement exceptionnel. Sur les marchés et les trottoirs se côtoient des femmes entièrement voilées de noir « à l’iranienne », d’autres plus découvertes alors que certaines affichent fièrement leur nouveau brushing. Couverte de rose, une passante a retenu notre attention. Maha est en troisième année à l’Université libanaise et, lorsque nous lui demandons pourquoi elle arbore sur son téléphone mobile une image de Che Guevara, elle nous répond très simplement : « Il a de la signification pour moi. » Une étudiante comme beaucoup d’autres au Liban.
Marion Junca, chef de mission de l’ONG DIA, déclare à L’Orient-Le Jour : « Selon moi, le territoire de Dahieh est une fiction. Il ne faut pas utiliser de grille de lecture différente de celle applicable sur le reste du territoire libanais, si ce n’est que s’y situe le point névralgique du Hezbollah, que les gens utilisent pour identifier cette parcelle du Liban. Et...