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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION - À la galerie Janine Rubeiz, jusqu’au 29 mars Edgard Mazigi rompt les amarres...

Son objectif déclaré en peinture est « d’arriver à des couleurs qui chantent ». Et pour cela, Edgard Mazigi ne rechigne pas à faire la démarche inverse de celle qu’il a toujours pratiquée. Alors qu’il composait ses toiles à partir d’objets qu’il mettait en scène pour essayer d’en capter et d’en reproduire le rythme, dans la présente exposition – qui se tient jusqu’au 29 mars à la galerie Janine Rubeiz –, il a rejeté tout élément externe de soutien à sa créativité pour s’abandonner totalement à l’impulsion intérieure. Comme le dit Joseph Tarrab sur le carton de l’exposition : « Voici que sans crier gare, il rompt les amarres et se lance sur les chemins du vent, du souffle intérieur (...) » Abandonnant donc les compositions strictement construites et le noir et blanc du fusain, Mazigi s’est exprimé cette fois exclusivement par touches de couleurs. « J’ai balancé sur la toile des coups de brosse, des aplats au couteau en suivant un rythme très intuitif, très intérieur », indique-t-il. Des marques abstraites posées partout sur l’espace toile, qui vont se superposer, jouer par moments les contrastes, à d’autres moments les pseudocamaïeux, réagir librement entre elles jusqu’à atteindre spontanément un point d’équilibre donnant naissance, par une sorte de peinture automatique, à des suggestions d’images, de paysages ou de scènes. C’est donc sans aucune étude préliminaire, sans autre dessein que celui d’explorer la capacité (sur)naturelle du pinceau à évoquer des expériences passées, des sentiments enfouis, des pulsions et des états d’âme, qu’Edgard Mazigi est parti sur le chemin de l’abstraction. Ou plutôt de la non-figuration. Pour cet artiste, formé à la New York Studio School of Drawing, Painting and Sculpture et qui aborde l’art avec rigueur et profondeur, le mystère est inhérent à l’acte de peindre. « Le mystère est partout présent, même dans les choses les plus banales de la vie », assure-t-il. Dans le coup de brosse du peintre abstrait qui exprime des émotions, par exemple. Dans les scènes et les images qui vont jaillir de sous les couches de couleurs aussi. Dans les personnages, les paysages, les scènes qui, chez Mazigi, semblent faire leur apparition progressivement, livrant au regard du spectateur à chaque fois un détail nouveau, une interprétation nouvelle. Des toiles ouvertes Et puis, chez ce peintre épris de non-dits, il a cette pratique innée des paradoxes qui le porte à nimber de rose une représentation de l’agressivité, comme dans Le Boxeur, rechercher l’harmonie dans la juxtaposition de tons antinomiques, napper la toile de détails tout en gardant à la composition son ouverture... Cela donne tout le dynamisme de La mise au point, une altercation entre deux personnages qui sourd d’un enchevêtrement de coups de spatule ; la sensualité des Nuages menaçants courant le long de l’espace toile, aux frémissements et emballements quasi palpables... Mais encore le symbolisme du Conteur (Storyteller), une métaphore de l’artiste, et celui de L’albatros, inspiré « inconsciemment » des vers de Baudelaire : deux toiles qui diffusent un sentiment de solitude et d’incompréhension, lot commun à tous les artistes. Ou encore la poésie d’Indigo, une œuvre aux couleurs sombres et pourtant pleine de lumière aux couches multiples et cependant ouverte sur un horizon qui porte au rêve, au voyage, aux souvenirs... Bref, une trentaine d’huiles sur toiles de grande dimension, à part une série de petites toiles carrées, dans la contemplation desquelles il faut s’immerger. En larguant les amarres.... Zéna ZALZAL Galerie Janine Rubeiz, Beyrouth, Raouché, imm. Majdalani. Horaires d’ouverture : du mardi au vendredi de 10h00 à 19h00. Samedi de 10h00 à 14h00. Tél. : 01/868290.
Son objectif déclaré en peinture est « d’arriver à des couleurs qui chantent ». Et pour cela, Edgard Mazigi ne rechigne pas à faire la démarche inverse de celle qu’il a toujours pratiquée.
Alors qu’il composait ses toiles à partir d’objets qu’il mettait en scène pour essayer d’en capter et d’en reproduire le rythme, dans la présente exposition – qui se tient...