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Actualités - OPINION

Citoyen Grognon Revendications féministes au placard

La dernière avancée en matière de droits de la femme au Liban remonte à 1999. À neuf ans donc. Elle concerne une simple modification de la loi sur les crimes dits d’honneur : l’excuse absolutoire réservée à l’homme qui tue sa sœur, sa fille, ou une parente, prise en flagrant délit d’adultère ou de rapports sexuels illégitimes, est transformée en excuse atténuante. Les militants pour les droits de la femme auraient bien voulu abolir cette loi, mais en vain. Depuis, plus rien, c’est le vide le plus total. La femme libanaise continue pourtant de participer activement à la vie économique du pays. Elle est aussi présente dans quasiment tous les domaines d’activités professionnelles. Elle est médecin, juge, enseignante ou chef d’entreprise. Elle est militante, sportive, et en matière d’intelligence, n’a rien à envier à personne. Mais elle n’est toujours pas considérée comme une personne à part entière. Vu les mentalités encore rétrogrades, c’est comme un être de second rang qu’elle est perçue, une personne incapable, mineure, qui dépend de l’homme, seul chef de famille et être supérieur. Rien que les plaisanteries de mauvais goût que se permettent les hommes sur les femmes au volant illustrent bien ces mentalités, alors que la femme libanaise conduit depuis plusieurs décennies déjà. Que dire des salaires des femmes, souvent inférieurs à ceux des hommes ? Que dire aussi du fait que la loi défavorise l’accès de la femme active aux prestations familiales ? Le Liban a pourtant ratifié en 1996 la convention internationale contre toute forme de discrimination envers la femme. Mais il a émis deux réserves de taille, privant ainsi la femme libanaise de donner la nationalité à ses enfants, et la pénalisant au niveau de son statut personnel et de ses droits au sein de sa famille. D’ailleurs, absolument tout son statut personnel, de la naissance à la mort, en passant par le mariage, les enfants, la succession, l’adultère, le divorce, la polygamie, la répudiation... est entièrement sous la coupe des instances communautaires et religieuses qui la maintiennent sous la tutelle de l’homme. Résultat, pour l’heure, la femme libanaise a jeté au panier ses rêves de devenir bientôt l’égale de l’homme. Elle a surtout, semble-t-il, lamentablement baissé les bras. Et pour cause, ses revendications ne pèsent pas bien lourd aujourd’hui, face à la crise politique qui élimine toute possibilité de changement. Mais jusqu’à quand gardera-t-elle profil bas, alors que nombre de pays arabes poursuivent une lente, mais sûre évolution, et que certains l’ont même allègrement dépassé ? Anne-Marie EL-HAGE
La dernière avancée en matière de droits de la femme au Liban remonte à 1999. À neuf ans donc. Elle concerne une simple modification de la loi sur les crimes dits d’honneur : l’excuse absolutoire réservée à l’homme qui tue sa sœur, sa fille, ou une parente, prise en flagrant délit d’adultère ou de rapports sexuels illégitimes, est transformée en excuse atténuante....