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Actualités - CHRONOLOGIE

FESTIVAL AL-BUSTAN - En poèmes et en musique, dans le cadre d’une soirée intimiste Invitation au voyage, au-delà des frontières

Dans le salon ottoman à l’atmosphère feutrée de l’hôtel « al-Bustan », éclairé de mille bougies et réchauffé par le feu de l’âtre ainsi que par la musique de Charbel Rouhana, Hanane Hajj Ali, Maya Misk, Charles Hervé Faucon et Sima el-Khazen, sous la direction de Nagi Souraty, ont emmené leur public pour un voyage intérieur sur les ailes de la poésie. Quarante-cinq minutes de forte intensité qui ont réveillé l’âme des grands poètes. «Mon enfant, ma sœur/songe à la douceur/ d’aller là-bas vivre ensemble. » Après que Charbel Rouhana à son oud eut donné la note, Charles Hervé Faucon invite l’audience au voyage en reprenant ces vers de Charles Baudelaire. À l’initiative de Chadia Tuéni, les auditeurs venus nombreux formaient des petits cercles autour des lecteurs, tout de blanc vêtus et éparpillés dans la salle. Signe de paix mais aussi de douceur et de sérénité. La poésie n’est-elle pas, pour citer Mahmoud Darwich, « ouverture et affirmation de la diversité des identités ? Cette voix qui rassemble les êtres humains ? » L’humeur va ainsi « vagabonder » entre les paroles de Darwich chantées par Charbel Rouhana et Hanane Hajj Ali, pour aller se poser sur les lèvres de Maya Misk, laquelle annonce « la naissance des vers » de Nadia Tuéni. C’est alors que « la tristesse éternelle des sources et la nuit heureuse de transporter les mondes » de Georges Shehadeh se confondent avec le « voyage condamné » de Tuéni. Et dans un chant langoureux, répétitif, Rouhana évoque les violons des Gitans qui quittent l’Andalousie. Image d’un départ douloureux. À l’unisson La poésie n’est plus autarcie, mais partage et abandon. Les cultures s’épousent, s’harmonisent pour ne plus former qu’un seul langage universel. La langue de Molière flirte avec l’arabe et se plie à l’anglais, ponctuée par des murmures de Sima el-Khazen et les notes du oud. Souffles de Sibérie et d’Orient. Les vers ne sont plus qu’un seul et unique chant. Un cri. Une plainte qui traverse la nuit. « Il pleure dans mon cœur comme il pleut sur la ville. » Par ces simples vers, Rimbaud annonce tous les sanglots du monde et Rainer Maria Rilke répond en écho : « Quiconque pleure à présent quelque part dans le monde, sans raison, pleure dans le monde, sur moi. » Toutes les villes pleurent à l’unisson. Dans ce salon où les auditeurs se sont calfeutrés à l’écoute de la voix des poètes, le temps s’est suspendu. Et l’espace a pris son envol vers des horizons infinis. « Terre de trop de gens et terre de personne », dit Nadia Tuéni et sa voix transperce le linceul de la mort et voyage. Nagi Souraty, en bon maître de cérémonie, annonce la fin du périple. Les dernières escales sont lues à la vitesse du son et les voix des lecteurs se répondent, s’intercalent et s’entrecroisent sans jamais s’entrechoquer, empruntant ainsi les couloirs du respect de l’autre. La poésie n’est plus une plume solitaire. De l’aéroport d’Athènes jusqu’à New York, « dessin d’enfant qui menace la Voie lactée », en passant par Trinidad, Manhattan ou Tripoli, « la ville à trois feuilles », la parole s’échappe, se libère et prend son envol. Sous les sons enveloppants du oud de Charbel Rouhana, reliant tous ces poèmes entre eux, la nuit est devenue plus claire et la vie plus douce. Instants magiques où la poésie, selon Darwich toujours, « véritable art du clair-obscur, a su rendre l’invisible visible et le visible invisible ». Colette KHALAF
Dans le salon ottoman à l’atmosphère feutrée de l’hôtel « al-Bustan », éclairé de mille bougies et réchauffé par le feu de l’âtre ainsi que par la musique de Charbel Rouhana, Hanane Hajj Ali, Maya Misk, Charles Hervé Faucon et Sima el-Khazen, sous la direction de Nagi Souraty, ont emmené leur public pour un voyage intérieur sur les ailes de la poésie....