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SHOW-BIZ - L’amuseur jazzy et crooner rigolard est mort hier à l’âge de 90 ans Henri Salvador tire sa révérence

Henri Salvador, l’un des chanteurs de charme préférés des Français, est mort hier à l’âge de 90 ans, a annoncé sa maison de production. Le guitariste et ancien animateur de télévision a succombé à une rupture d’anévrisme à son domicile à 10h30 (09h30 GMT), a précisé une porte-parole de la maison de disques Polydor. Né le 18 juillet 1917 à Cayenne (Guyane), il venait de fêter ses 70 ans de carrière et avait fait ses adieux à la scène lors d’un dernier concert le 21 décembre dernier à Paris, au Palais des Congrès. Son dernier album, sorti en 2006, s’intitulait Révérence. Guitariste et pianiste de jazz, crooner, humoriste, homme de télévision et producteur, Henri Salvador avait notamment accompagné Django Reinhardt et s’était formé à l’école des grands musiciens noirs américains. Outre son exceptionnelle longévité, il fut un personnage marquant connu pour son rire inimitable. Ses chansons populaires (Syracuse, Une chanson douce, Dans mon île, Le travail, c’est la santé, Zorro est arrivé, Le lion est mort ce soir, Faut rigoler, Juanita Banana) sont toujours fredonnées par les Français. C’est dans de grands éclats de rire qu’il avait fait ses adieux à la scène il y a presque deux mois devant près de 4 000 spectateurs, lors d’un concert placé sous le signe de l’humour. « C’est un métier que j’adore et je me suis battu pour le faire le plus longtemps possible, confiait-il alors à TF1. Je n’aime pas du tout la retraite, je vais peut-être m’emmerder. » Henri Salvador était revenu à la « une » en 2000 grâce à son album Chambre avec vue, qui lui valut deux Victoires de la musique et marqua son retour à ses premières passions, le jazz et la bossa nova. « Je suis issu de l’école du jazz, une école difficile. Toutes mes compositions sont à base de jazz. J’y reviens toujours », expliquait-il. Avec l’écrivain Boris Vian, Henri Salvador avait également introduit le rock en France et composé quelques perles dont Rock and Roll Mops et Le blues du dentiste. De retour de Guyane, le président français, Nicolas Sarkozy, a dit avoir appris avec une « infinie tristesse » la disparition « de l’un de ses enfants les plus éminents ». « Aux confluents du jazz, de la chanson et de la bossa nova, de l’Europe et de l’Amérique, ami de Boris Vian, de Sacha Distel et de Gilberto Gil, Henri Salvador a incarné avec humour et élégance, pendant plus d’un demi-siècle, l’art de la chanson à la française », a dit le chef de l’État français. Le Premier ministre, François Fillon, a souligné l’extraordinaire longévité artistique d’Henri Salvador, « qui force l’admiration et a fait de lui l’un des artistes français les plus célébrés ». « Son rire si caractéristique et sa personnalité solaire manqueront à des générations de Français bercés par sa chanson douce », a-t-il dit. Pour le maire de Paris, Bertrand Delanoë, « chacun conservera le souvenir de ces éclats de rire explosifs, signature de cet artiste élégant et généreux ». Un rire tonitruant, une bonne humeur communicative et une voix suave : à la fois crooner jazzy et amuseur, Henri Salvador a connu une carrière d’une longévité et d’un éclectisme exceptionnels. Qu’elles aient charmé ou fait rire, ses chansons ont marqué plusieurs générations. « J’ai tout fait dans ce métier ! Et dire que cette carrière était improvisée ! » confiait le chanteur à l’AFP en octobre 2006, au moment de la sortie de l’album Révérence. Henri Salvador arrive enfant en métropole. Son envie de devenir musicien naît de sa découverte du jazz, Louis Armstrong et Duke Ellington. Dès 16 ans, il se produit comme guitariste dans les cabarets parisiens, où il accompagne notamment Django Reinhardt. Repéré par Ray Ventura, il rejoint son orchestre, qui part pour une tournée en Amérique du Sud en 1941. Salvador devient une vedette au Brésil, où il passe quatre ans. De retour à Paris, il sort en 1947 son premier disque, Maladie d’amour, qui est un tube. Il fait montre de ses talents de « showman » à la télévision, dans les émissions Salves d’or puis Dimanche Salvador. Un éclectisme rare en France et qu’on trouve plutôt chez des artistes américains comme Sammy Davis Jr. La nonchalance de Salvador ne doit pas faire oublier son talent d’artiste. L’une de ses chansons, Dans mon île (1957), a même contribué à la naissance de la bossa nova après que les musiciens brésiliens l’eurent découverte dans le film italien Nuits d’Europe : « Quand Jobim a vu ça, il s’est dit : “C’est ça qu’il faut faire, ralentir le tempo de la samba et mettre de belles mélodies” ». « Vous vous rendez compte, un mouvement musical mondial, tout ça pour un petit boléro composé dans la loge de l’Alhambra ! » aimait-il à raconter, flatté, entre deux rires en cascade. Spectacles, albums et émissions de télévision se succèdent, où sa facette de fantaisiste est mise en avant. En 1994, il retrouve le jazz, sa passion, avec l’album Monsieur Henri. L’an 2000 marque son retour au premier plan grâce à Chambre avec vue, album bossa nostalgique écrit par de jeunes musiciens, dont Keren Ann et Benjamin Biolay. Couvert de louanges, ce disque vaut à Salvador deux Victoires de la musique. Pourtant, il n’a jamais digéré qu’il soit qualifié « d’album de la résurrection ». « On vous fait vite disparaître, avait-il raconté, vexé, à l’AFP. J’ai toujours balancé des tubes et des tubes, dans le rigolo ou le charme! Or, avant Chambre avec vue, je me suis arrêté cinq ans et on a cru que j’avais disparu. Ça m’a irrité! » À la même époque, le photographe des yéyés, Jean-Marie Périer, révèle que son père biologique n’est pas le comédien François Périer, qui l’a élevé, mais Henri Salvador. Passionné par l’espace, Henri Salvador disait ne pas appréhender la mort : « Je crois à l’éternité, à l’infini. Dans notre galaxie, il y a des milliards d’étoiles, et combien y a-t-il de milliards de galaxies ? Vous vous rendez compte du nombre de vies qu’on a à vivre ! »
Henri Salvador, l’un des chanteurs de charme préférés des Français, est mort hier à l’âge de 90 ans, a annoncé sa maison de production. Le guitariste et ancien animateur de télévision a succombé à une rupture d’anévrisme à son domicile à 10h30 (09h30 GMT), a précisé une porte-parole de la maison de disques Polydor. Né le 18 juillet 1917 à Cayenne (Guyane), il...