Musique - Herbie Hancock crée la surprise en remportant le trophée du « meilleur album de l’année » Winehouse triomphe aux Grammy Awards

Amy Winehouse, dont les problèmes de drogue inquiètent ses fans et ravissent la presse people, a été plébiscitée dimanche soir par l’industrie mondiale du disque lors de la 50e cérémonie des Grammy Awards à Los Angeles. Herbie Hancock, lui, a suscité la surprise en décrochant le trophée du « meilleur album de l’année ». Avec cinq trophées, la chanteuse soul britannique a raflé le plus grand nombre de récompenses de la soirée des Grammys. Winehouse, qui est sortie brièvement d’une cure de désintoxication à Londres pour chanter en direct, via satellite, lors de la cérémonie, a obtenu le trophée du meilleur disque et de la meilleure chanson avec son hit Rehab. À 24 ans, elle empoche aussi les Grammys de la meilleure révélation, de la meilleure performance vocale pop et du meilleur album de pop vocale pour Back to Black. Avec ce triomphe, Amy Winehouse a pu savourer le goût d’un come-back réussi. Il y a trois semaines, une vidéo avait circulé la montrant apparemment en train de fumer du crack dans une soirée. Elle a entamé peu après une cure de désintoxication dans une clinique de Londres. En raison de ce traitement et de problèmes pour obtenir un visa, Winehouse ne s’est pas déplacée à Los Angeles, interprétant deux titres, Rehab et le tout aussi personnel You Know I’m No Good d’un studio d’enregistrement de Londres décoré comme un cabaret. Visiblement détendue et en confiance, la chanteuse a modifié les paroles de ses deux morceaux pour y glisser des allusions à son mari, Blake Fielder-Civil, qui croupit dans une prison de Londres en attendant d’être jugé pour une rixe dans un pub. Dans une interview sur un DVD qui lui est consacré, Winehouse admet : « Je suis une personne très peu sûre d’elle-même. Je doute beaucoup de mon apparence (...) et plus je doute, plus je bois. » Grande gueule, elle n’hésite pas à traiter Madonna de « vieille hasbeen ». En 2006, elle interrompt d’un « Ta gueule, on s’en fout » Bono, le chanteur de U2, lancé sur scène dans un long plaidoyer humanitaire. Née le 14 septembre 1983 d’un père chauffeur de taxi et d’une mère pharmacienne, elle a grandi dans une famille juive dans le nord de Londres où le jazz est roi. Son père est un amateur éclairé et ses oncles maternels des musiciens professionnels. Winehouse, qui au total était nominée dans six catégories, est la première artiste britannique à remporter le Grammy de meilleure révélation de l’année depuis Sade, en 1986. Le trophée très convoité de meilleur album de l’année lui a échappé, revenant à la surprise générale, à un vétéran du jazz, Herbie Hancock. L’ancien pianiste de Miles Davis, pionnier du jazz-funk dans les années 1970, a emporté l’adhésion de la profession avec son hommage à la chanteuse canadienne Joni Mitchell (River: The Joni Letters). Il a aussi été récompensé par un Grammy du meilleur album de jazz contemporain. Herbie Hancock, qui aligne désormais 12 Grammys dans sa carrière, a remercié les membres de l’académie d’être « courageusement sortis des sentiers battus ». Le dernier album de jazz instrumental à avoir obtenu le Grammy du meilleur album avant lui était « Getz/Gilberto » réunissant le saxophoniste Stan Getz et le compositeur de bossa-nova Joao Gilberto en 1965. Kanye West domine le rap Les 13 000 professionnels de l’industrie musicale qui votent pour les Grammys aiment parfois surprendre. Ils avaient ainsi couronné en 2001 un obscur album du vieux routier du rock Steely Dan aux dépens du grand favori Eminem. L’autre grand gagnant de la soirée est le producteur de hip-hop Kanye West, qui a fini avec quatre trophées dont celui du meilleur album de rap avec Graduation.