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Programmes, différences entre les candidates, préoccupations des électeurs américains… Tour d’horizon de la course à la Maison-Blanche Karine JAMMAL

Dans la course à la présidentielle américaine, Super Tuesday peut, avec l’organisation de dizaines de primaires sur une seule journée, marquer un tournant dans la désignation, par les deux principaux partis en compétition, de leurs candidats. Cette année, Super Tuesday n’a pas permis de départager les démocrates, Barack Obama et Hillary Clinton étant toujours au coude à coude. La situation est différente côté républicain, puisque John McCain est largement en tête de la course après l’abandon, jeudi dernier, de son principal adversaire Mitt Romney. Quelles sont les principales différences entre républicains et démocrates ? En quoi se distinguent M. Obama et Mme Clinton, qu’est-ce qui caractérise John McCain ? Quels sont les dossiers qui intéressent le plus les Américains dans cette course à la Maison-Blanche ? Tour d’horizon des paramètres de la présidentielle américaine. Le système américain est bipartisan, il repose sur le Parti démocrate (le plus ancien, il est né en 1837) et le Parti républicain (qui est apparu en 1854). S’il existe également de nombreux petits partis, généralement formés de façon éphémère autour d’une personnalité, leur électorat est en général facilement récupéré par les deux grands partis. Les partis américains sont des partis de cadres dont l’activité est relativement réduite en dehors de la période électorale. Ils ne se réveillent réellement que tous les quatre ans, pour la présidentielle. Traditionnellement, la différence entre le programme républicain et le programme démocrate porte sur la conception de l’État fédéral. Les démocrates estiment qu’il revient au gouvernement de protéger les citoyens et à l’État fédéral de leur assurer le minimum. C’est pour cela qu’ils encouragent les programmes sur la retraite, la Sécurité sociale, le système de protection de santé et l’éducation. Afin d’assurer le financement de ces programmes, les démocrates ont tendance à hausser les taxes. Cependant, leur politique consiste à imposer plus fortement ceux qui disposent d’un pouvoir d’achat élevé par rapport aux revenus moyens. Pour les républicains, le rôle fondamental de l’État fédéral est la protection des citoyens contre une éventuelle menace extérieure. Ils prônent également une diminution des taxes, spécialement pour les plus aisés, afin d’encourager la croissance économique. Ils ne sont pas pour un système de protection de santé universel, le contrôle du port d’arme n’est pas une priorité pour eux, ni la lutte contre le réchauffement climatique. Dans le cadre des courses à l’investiture, il y a peu de différences entre les programmes défendus par Barak Obama et Hillary Clinton. « On a une course à l’investiture qui tourne autour des personnalités et de quelques questions essentielles : le changement, ou l’expérience, la question du centre de gravité de la politique américaine (est-ce encore les années 1990 représentées par Mme Clinton, ou est-on dans une nouvelle ère politique, représentée par Obama ?), la question de l’image internationale qu’on veut projeter. La course ne se fait pas principalement autour des politiques publiques proposées par l’un ou l’autre », explique Justin Vaïsse, spécialiste des États-Unis et chercheur à la Brookings Institution. En effet, les principales différences entre les deux candidats portent sur la guerre en Irak, le système de protection de santé et la réforme sur l’immigration. Adversaire de la première heure de l’intervention américaine en Irak, Barack Obama a souvent demandé, au cours de leurs débats, à la sénatrice de New York de justifier son vote de 2002, favorable à l’entrée en guerre. Pour sortir du bourbier irakien, Hillary Clinton propose un retrait progressif des soldats américains en un an. Mais pour le sénateur de l’Illinois, c’est trop long. « Moi, je retirerai les troupes immédiatement et mettrai enfin un terme à cette guerre », a-t-il déclaré lors d’un meeting. Le système de santé et l’immigration En ce qui concerne la réforme du système de protection de la santé, l’ancienne Première dame a reproché à son rival de proposer un plan duquel seraient exclus 15 millions de citoyens américains alors que le sien couvrirait l’ensemble de la population. Alors qu’elle était Première dame, Hillary Clinton avait supervisé un plan de réforme visant à assurer une couverture à l’ensemble de la population. Ce plan avait finalement été un échec. Sur la question de l’immigration, Hillary Clinton s’oppose notamment à la délivrance d’un permis de conduire aux clandestins, alors que Barack Obama critique régulièrement les changements de position fréquents de son adversaire sur cette question. Sur le dossier économique, Hillary Clinton estime que l’inégalité croissante des salaires est un problème et souhaite notamment réduire les avantages fiscaux des grandes compagnies et investir dans les emplois. Barack Obama, pour sa part, veut mettre en place une politique qui soutienne la classe moyenne. Côté républicain, le sénateur John McCain, désormais quasi assuré d’obtenir l’investiture républicaine après l’abandon de Mitt Romney, s’efforce quant à lui de séduire l’aile dure de son parti qui apprécie peu son comportement de franc-tireur. Il n’a pas perdu une seconde pour dégainer un projet va-t-en-guerre, très proche du credo de politique étrangère de l’Administration Bush afin de rallier les ultraconservateurs du Parti républicain. « J’espère sincèrement que même si vous pensez que je me suis parfois trompé dans mon raisonnement en tant que conservateur, vous reconnaîtrez quand même que j’ai, sur des projets importants pour nous tous, maintenant les positions d’un conservateur », a déclaré le sénateur de l’Arizona devant la conférence annuelle du mouvement conservateur américain, réunie jeudi et vendredi derniers. Certains conservateurs semblaient résignés à soutenir McCain. « Il faut faire avec ce qu’on a », a réagi l’ancien parlementaire du Texas, Dick Armey, figure des conservateurs. Mais d’autres se montraient plus sceptiques : « Je ne pense pas qu’il se soit fait beaucoup d’amis », a notamment déclaré Tom Delay, ancien parlementaire et autre figure conservatrice. Point important, John McCain est le premier candidat républicain à avoir tiré son épingle du jeu sans rallier une majorité de militants républicains lors des premières primaires. Il a en effet obtenu les voix des électeurs indépendants. Pour ces derniers, M. McCain fait passer sa patrie avant son parti, mais il y a ici une alliance contre nature, les indépendants sont fortement opposés à la guerre en Irak alors que M. McCain affirme que les États-Unis sont prêts à se battre encore 100 ans dans ce pays. Autre point notable, John McCain, dans son programme, fait campagne pour un plan de lutte contre le réchauffement climatique, un sujet qui jusque-là ne préoccupait guère les républicains. Sur l’immigration, il défend un contrôle plus sévère des frontières tout en se prononçant pour une procédure d’amnistie pour les clandestins afin de les ramener sur le chemin de la citoyenneté. Sur le dossier économique, M. McCain est également en faveur de mesures visant à soutenir la classe moyenne et affirme vouloir une réforme du système de santé. En ce qui concerne les électeurs, alors qu’une partie du monde arabe se concentre notamment sur la future politique américaine en Irak, le sujet n’est plus prioritaire pour les Américains. Les électeurs paraissent avoir compris : quel que soit le nouveau locataire de la Maison-Blanche, la fin du conflit viendra. Pour les Américains, le problème numéro 1 c’est l’économie. La récession est-elle déjà là ? Si non, menace-t-elle à court terme les États-Unis? Quelles mesures sont proposées pour réformer le système de protection sociale ? C’est sur ces points-là que les candidats seront essentiellement jugés. La question de la protection du territoire américain contre le terrorisme est également importante, alors que certains États accordent un intérêt particulier au dossier de l’immigration. Contrairement au scrutin de 2004, les dossiers de l’avortement, de la recherche génétique sur les cellules souches ou du mariage homosexuel sont moins importants aux yeux des électeurs.
Dans la course à la présidentielle américaine, Super Tuesday peut, avec l’organisation de dizaines de primaires sur une seule journée, marquer un tournant dans la désignation, par les deux principaux partis en compétition, de leurs candidats. Cette année, Super Tuesday n’a pas permis de départager les démocrates, Barack Obama et Hillary Clinton étant toujours au coude à...