SCÈNE PARISIENNE Au Rive Gauche, une pièce espagnole inspirée par Picasso

Les Demoiselles d’Avignon sont une des toiles majeures de Picasso et de l’histoire de la peinture moderne, c’est aussi le titre d’une plaisante « comédie historique » haute en couleur et un peu bavarde de l’Espagnol Jaime Salom, jouée en français au théâtre Rive Gauche à Paris. Le dramaturge situe son action à Barcelone en 1899, dans une maison close de la rue d’Avignon (d’Avinio en catalan), parallèle aux fameuses « ramblas » et que fréquenta le très jeune Picasso, qui y trouva un temps de quoi satisfaire son gros appétit de vie et de créer. D’où le titre de son tableau (aujourd’hui au MoMa de New York), qui inaugura une nouvelle figuration et qui, surtout, tournait définitivement le dos au passé et n’avait rien à avoir avec l’ancienne capitale des papes. Les protagonistes, outre Picasso, joué par Félicien Juttner, débordant de projets, sûr de lui et que Jaime Salom fait monologuer sur son art, sont six dames. Autour de la matrone très près de ses sous – interprétée avec autorité par Catherine Allegret –, sont réunies cinq jeunes femmes en guêpières, porte-jarretelles et décolletés aguichants, campées par cinq comédiennes jolies comme des cœurs, Cécile Bois, Cécile Luciani, Christelle Reboul, Laura Presgurvic et Serena Reinaldi. Nicolas Sire a signé le décor unique de ce huis clos, une sorte de bonbonnière tapissée de rouge vif dans laquelle arrivent quelque peu étouffés les bruits de la rue, les échos des guerres et des manifestations anarchistes. Jean-Pierre Dravel et Olivier Mace ont mis en scène illusions et désillusions de ces cinq filles de joie aux caractères très différents – l’une d’entre elles se pend – et que le dramaturge imagine en fin de pièce, se reconnaissant avec quelques difficultés dans la toile magistrale achevée en 1907 par Picasso.