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EUX ET LEURS MUSES Le tonton flingueur

« J’en ai assez d’être aimé pour moi-même, j’aimerais être aimé pour mon argent. » Claude Chabrol Fils de pharmacien et ayant poursuivi des études de droit et de lettres, Claude Chabrol voit son chemin croiser une bande de passionnés de cinéma alors qu’il est projectionniste dans une petite salle. Et le voilà embarqué dans l’aventure des Cahiers. Ainsi, tournant le dos à son éducation bourgeoise, il va passer toute sa vie à croquer avec humour et noirceur cette classe sociale dont il est issu. Vingt-trois, tel est le nombre de fois où il dirigera Stéphane Audran, celle qui fut également sa compagne. Cheveux flamboyants, mais coupe sage et yeux verts en amande, la comédienne sera longtemps la muse, l’inspiration absolue de Chabrol. Dans La femme infidèle, Le boucher ou Que la bête meure, Audran révèle, sous la direction de son réalisateur fétiche, toute l’immensité de son talent et le minimalisme de son jeu. Le cinéaste ne dira-t-il pas un jour : « Je n’aime pas expliquer aux acteurs. Expliquer quoi ? On ne peut expliquer quelqu’un. On peut à la rigueur donner des conseils. Au fur et à mesure que les acteurs commencent à jouer, ils rentrent très vite dans les marques de leur personnage. » Chabrol laisse ses acteurs se mouvoir en toute liberté et s’octroie également la même liberté pour régler ses comptes avec la bourgeoisie de province en filmant des histoires de crimes et d’adultère où chacun s’efforce de sauver les apparences. Lorsque sa collaboration avec Stéphane Audran s’achève (en même temps que leur union), Claude Chabrol découvre une autre rouquine au regard aussi intense et mystérieux du nom d’Isabelle Huppert. Plus qu’une collaboration, une complicité silencieuse et tout en discrétion. La comédienne obtiendra le prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes pour le rôle de Violette Nozière (une parricide des années 30) que lui confie Chabrol. Multipliant les prises de risques et privilégiant la liberté artistique, la comédienne aime à épaissir ses rôles. Singulière irréductible, elle ne craint jamais de s’investir. Dans La cérémonie, signé aussi Chabrol, elle donne sa touche personnelle au personnage très particulier qu’elle incarne. Infatigable, le cinéaste continue à multiplier les genres, mais toujours sur fond noir. Vers 2005, il explore les talents des jeunes et tourne avec des comédiens comme Benoît Magimel, mais aussi avec une jeune actrice qui semble avoir pris la relève des précédentes. Dans La fille coupée en deux (un film qui marque le retour aux sources), c’est la blonde et incendiaire Ludivine Sagnier qui donne (sous ses airs d’ado qui n’a pas encore grandi) toute l’intensité et la profondeur au caractère qu’elle interprète. Elle est jeune et talentueuse, et il y a dans son regard ce je ne sais quoi de « chabrolien », qui rappelle, sans les imiter, Stéphane Audran et Isabelle Huppert.
« J’en ai assez d’être aimé pour moi-même, j’aimerais être aimé pour mon argent. »
Claude Chabrol

Fils de pharmacien et ayant poursuivi des études de droit et de lettres, Claude Chabrol voit son chemin croiser une bande de passionnés de cinéma alors qu’il est projectionniste dans une petite salle. Et le voilà embarqué dans l’aventure des Cahiers. Ainsi,...