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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - Elle a fait traduire « Le roman d’Oxford » (Todas Las Almas) de Javier Marías Nada Ziadé veut faire découvrir aux lecteurs arabes les auteurs contemporains espagnols

Il y a cinq ans, Nada Ziadé ne parlait pas un mot d’espagnol. Aujourd’hui, elle débat de littérature avec des écrivains ibériques... dans leur langue. Cette jeune femme, qui occupe le poste d’assistante du directeur (chargée du suivi de la programmation culturelle) de l’Instituto Cervantes, a commencé par apprendre l’espagnol chez elle toute seule en suivant la méthode Assimil pour combler son temps libre de mère au foyer. « J’ai rapidement éprouvé un véritable coup de foudre pour cette langue et la culture qu’elle charrie », dit-elle. Elle peaufine ses acquis avec un professeur particulier, puis commence à se rendre régulièrement à l’Instituto Cervantes pour emprunter des livres d’écrivains espagnols. Car Nada Ziadé est une lectrice vorace qui nourrit sa passion des langues étrangères du désir qu’elle a de lire les auteurs qu’elle aime dans le texte. Du coup, lorsqu’on lui propose un poste à l’Instituto Cervantes, elle n’hésite pas une seconde, trop heureuse de baigner dans une culture dont elle aime, dit-elle, « toutes les facettes : culturelle, artistique, culinaire.... ». C’est donc pour faire partager sa « passion espagnole » qu’elle a eu l’idée de se lancer dans l’édition arabe de romans d’auteurs contemporains espagnols. Premier projet : Todas Las Almas, un des livres majeurs de celui que la critique internationale qualifie de « star des lettres espagnoles », Javier Marías. Un récit dont le personnage principal est Oxford, ville décrite avec virtuosité par l’auteur espagnol – qui y a passé quelques années – comme un lieu d’intrigues, de rapports sociaux ambigus et de rites compassés et qui, grâce à l’initiative de Nada Ziadé, est désormais disponible en version arabe sous le titre (emprunté à celui de sa traduction française) de Riwayat Oxford ou Le roman d’Oxford. Secret, trahison, philosophie et ironie « Javier Marías est l’un des plus importants romanciers espagnols d’aujourd’hui, indique la jeune femme. Il a été élu à l’Académie royale de la langue espagnole et son nom est cité régulièrement pour le Nobel. Son œuvre, loin de se confiner aux sujets espagnols, présente, au contraire, un intérêt universel, car en parfait scrutateur de l’âme humaine, il y aborde surtout des questions existentielles. Le temps, le secret, la trahison sont des thèmes qui reviennent de manière récurrente dans ses écrits, dans un style qui marie l’ironie et la philosophie. En bref, c’est un écrivain exigeant, couronné de prix (entre autres : le Femina du roman étranger en 1996 ; le prix Grinzane Cavour et le prix international Alberto Moravia pour l’ensemble de son œuvre en 2000), pas toujours facile d’accès, mais dont la lecture apporte un enrichissement indéniable. Il fallait à tout prix que je le fasse traduire en arabe » rapporte, avec enthousiasme, cette lectrice « quasi professionnelle » qui aime faire partager ses coups de cœur littéraires. Un heureux concours de circonstances lui ayant permis de rencontrer à Madrid cet écrivain qu’elle vénère, Nada Ziadé va confirmer sa résolution de promouvoir son œuvre auprès du lectorat arabophone. D’autant plus que Marías est distribué dans quarante pays sauf dans le monde arabe, à l’exception d’une édition syrienne... censurée par chapitres entiers, de ce même Roman d’Oxford. La dynamique jeune femme prend dès lors le projet en main. Ayant obtenu une aide du ministère espagnol de la Culture pour la traduction, elle confie cette tâche à Sabah Zouein et s’occupe – avec l’aide d’amis – du reste : édition (Naufal), maquette, couverture, relecture, etc. Riwayat Oxford est aujourd’hui en librairie. « Le premier d’une collection que je voudrais dédier à la traduction en arabe de romans de grands auteurs espagnols contemporains », soutient Nada Ziadé, qui ne se laisse freiner par aucune difficulté, la première étant la quasi-inexistence d’un lectorat arabe. Car cette femme passionnée de livres, de culture, de langues, de connaissance et d’idées sait, par-dessus tout, aller au bout de ses rêves. Zéna ZALZAL
Il y a cinq ans, Nada Ziadé ne parlait pas un mot d’espagnol. Aujourd’hui, elle débat de littérature avec des écrivains ibériques... dans leur langue.
Cette jeune femme, qui occupe le poste d’assistante du directeur (chargée du suivi de la programmation culturelle) de l’Instituto Cervantes, a commencé par apprendre l’espagnol chez elle toute seule en suivant la...