Djibril Cissé, le candidat

Auteur d’un triplé face à Caen (6-1), Djibril Cissé confirme son retour en forme. Un mois de janvier prolifique qui n’est pas étranger à l’absence de Mamadou Niang. À quelques heures de la liste pour Espagne-France, le Marseillais a-t-il rattrapé le temps perdu ? « J’ai annoncé 20 buts, j’en mettrai 20. » Il y a seulement quelques semaines, la phrase de Cissé en a fait rire quelques-uns à Marseille. Pape Diouf lui-même avait laissé entendre qu’il ne s’opposerait pas à son départ. On l’annonçait d’ailleurs déjà un peu partout : Bolton, Manchester City, West Ham... et même Lens. S’il ne cache pas qu’il a lui aussi pensé à faire ses valises, Cissé était finalement le seul à répéter qu’il était toujours Marseillais. Car, s’il l’on peut lui reconnaître une qualité, c’est bien sa force de caractère. Même lorsqu’il assiste depuis le banc à l’explosion de Niang à Lyon (1-2), il ne baisse pas les bras. Pourtant, son constat restait lucide. « Cette saison, l’OM a réalisé trois bons matches. Et, à chaque fois, je n’étais pas là » , affirmait-il alors, tout en promettant des jours meilleurs : « Pour l’instant, on est meilleur avec Mamad qu’avec moi. Mais la roue tourne vite en football. Peut-être que dans pas longtemps, ce sera le contraire. » Aujourd’hui, les craintes sur l’absence de Mamadou Niang semblent déjà loin. « J’ai la lourde charge de remplacer Mamadou Niang, quelqu’un qui avait 130 % de réussite ! Mais je sais que je peux faire des bonnes choses. Quand j’étais à Auxerre, ce genre de responsabilité reposait déjà sur moi », avait pourtant prévenu Cissé. Et 2008 lui donne pour l’instant raison. Une véritable renaissance. Depuis le début de l’année, l’ancien Auxerrois enchaîne les buts, comme à la grande époque bourguignonne. Beauvais en Coupe de France puis Rennes, Valenciennes et Caen... il a déjà marqué sept buts pour les Olympiens depuis la reprise, portant à 8 son total en championnat. « Je me suis lâché » Après son doublé face aux Valenciennois, il a encore fait mieux en signant un triplé face à Caen. Sur ses trois buts, le premier est un but à la Trezeguet, le second à la Cissé et le troisième à la Henry. Le signe de son retour en forme après de graves blessures mais aussi d’une confiance retrouvée. « Il y a deux matches, je n’aurais sans doute pas tenté la deuxième frappe. Là, je me suis lâché et c’est rentré. C’est surtout bon pour la confiance », reconnaît d’ailleurs Cissé. Mais il revient de tellement de loin qu’il n’est pas près de s’enflammer. « Un triplé, c’est bien dans une carrière, ça n’arrive pas souvent, mais il ne faut pas que je fasse une bonne prestation et qu’ensuite je sois hors sujet pendant deux-trois matches. » Surtout que Mamadou Niang pourrait rentrer de la CAN plus vite que prévu... L’international a mis plusieurs mois à se remettre d’une seconde fracture du tibia. Avec ses jambes, la puissance et les buts sont revenus. Mais difficile en effet de ne pas noter que son efficacité est de retour au moment où Niang n’est plus là. S’il a débuté sa série face à Beauvais sur une passe du Sénégalais, il a inscrit les six buts suivants alors qu’il évoluait seul en pointe, comme à Auxerre. On ne se refait pas. Mais face à Caen il a montré autre facette. Plus que ces buts, Éric Gerets a dû apprécier son rôle dans à la construction du jeu. Autant il peut s’attirer les foudres de son entraîneur lorsqu’il attend le ballon et râle après ses coéquipiers, autant il convainc lorsqu’il décroche et participe au jeu. Objectif Euro 2008 Pas loin de son meilleur niveau, il savoure forcément. Surtout que le buteur, sorti sous l’ovation d’un Vélodrome amnésique, n’a pas la mémoire courte, lui. « Je n’ai pas été aidé par les critiques de la presse et des gens. On m’avait mis six pieds sous terre. Je n’ai jamais subi de telles critiques, même quand je jouais à Liverpool, se souvient le natif d’Arles. À l’avenir, j’aimerais que le public supporte un peu plus ceux qui ont un passage à vide. J’aimerais que mon exemple serve. » « Je suis satisfait que le public aime de nouveau les joueurs, en particulier l’un d’entre eux, qu’il n’aimait pas il y a encore quelques temps et qu’il a maintenant repris dans ses bras », s’est quant à lui réjoui Éric Gerets, heureux d’avoir retrouvé un vrai buteur. Avant l’annonce de la liste de Raymond Domenech pour Espagne-France, aujourd’hui, Cissé a-t-il rattrapé le temps perdu en un seul mois ? Lui y croit, même s’il ne raisonne pas tout à fait ainsi. « Je ne me suis pas relancé car j’ai tout le temps cru à ma candidature et encore plus aujourd’hui », affirme-t-il. Pourtant, la hiérarchie des attaquants semble clairement dessinée chez les Bleus. Thierry Henry, Nicolas Anelka et Karim Benzema ont clairement une longueur d’avance. Le Marseillais part loin derrière. Cissé, qui n’a plus été appelé sous le maillot bleu depuis le match amical en Slovaquie en août dernier (0-1), pourrait toutefois avoir la chance de regoûter aux A’ face au Congo le 5 février. L’occasion de prendre le train en marche après avoir déjà loupé l’Euro 2004 et le Mondial 2006.