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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - Missak Terzian expose à l’Université Haïgazian * Un message d’espoir par la peinture

« Here, There and Yonder » (Ici, là-bas et à proximité). C’est au cœur de ce trio géographiquement disloqué – clin d’œil à la famille libanaise – que Missak Terzian expose quarante-neuf toiles sur les cimaises de la galerie d’art de l’Université Haïgazian. Après avoir peint le couple sous toutes ses coutures, l’artiste se lance ici dans un exercice de style autrement plus politisé, humanisé. Il a en effet délaissé momentanément son sujet de prédilection pour adopter une peinture à message. Mais l’artiste s’empresse d’ajouter que le couple reste son thème préféré et la sublimation du corps humain, une de ses priorités. « Voilà le fruit de 27 ans de labeur », annonce Missak Terzian en balayant du regard la salle d’exposition. Pas de fierté exagérée dans l’affirmation. Le ton est neutre. Informatif. Vingt-sept ans d’expérimentations, de recherches, de techniques diverses. Vingt-sept ans de voyages, de sentiments, de coups de gueule, de prises de tête, de désillusions et d’expectatives. Un concentré de vie, trempé dans des couleurs et coulé ou brossé sur la toile. Voilà, comme il le désigne, un message d’espoir par la peinture. Voilà le manifeste politique de Terzian et l’emblème de la participation du peintre aux drames de son temps. En quarante-neuf œuvres, chiffre symbole qui représente l’année de naissance de l’artiste. C’est donc à l’aube de son demi-siècle d’existence que Missak Terzian a tissé une toile faisant, pour la première fois, référence à ses racines, à un des plus puissants symboles de l’identité nationale arménienne, témoin éternel de l’histoire de ce peuple, à savoir le mont Ararat. Aux confins de la république arménienne, de la Turquie et de l’Iran, au cœur de l’Arménie historique, ce mont culmine à 5 165 mètres. Le peintre « raconte » dans cette toile panoramique (1.70 x 80 cm) éponyme les événements les plus marquants de l’histoire de l’Arménie. « Dans la partie supérieure de la toile, l’on peut voir les pics enneigés sous une pluie torrentielle qui monte vers le ciel. La partie inférieure, divisée en trois espaces, raconte trois jalons de l’histoire de l’Arménie. À droite, j’ai représenté les conquérants qui ont pris d’assaut la Mésopotamie. Au milieu, des taches rouge sang pour marquer le génocide. À gauche, la renaissance et la vie qui suit son cours. » Le murmure de la mer turquoise est également une toile qui bouleverse son créateur. « J’ai dernièrement visité la Turquie pour retrouver la terre de mes grands-parents. J’y suis allé avec le cœur pesant de haine. Je suis retourné rongé de jalousie. La noblesse de cette terre et la couleur de la mer m’ont beaucoup touché. » Le peintre n’a pas pu résister, il a succombé aux sirènes de la mer turquoise. Le peintre a également réalisé une série de paysages libanais. « Chaque toile illustre un lieu symbolique d’une région. Et chaque œuvre a été travaillée selon une technique bien spécifique. Pour illustrer la diversité libanaise », explique-t-il. Il y a là les colonnes de Baalbeck, représentées d’une manière très « cartes postales du début du XXe siècle ». Byblos, the Lonely House donne à voir une maison solitaire perchée sur un rocher au-dessus de la Méditerranée. Le Château de la mer à Saïda, La Grotte aux pigeons à Raouché, Le palais de Beiteddine dans le Chouf… L’artiste nous invite à une visite picturale de ces sites touristiques. Et à méditer devant « ces toiles différentes, placées sous un même toit, comme Dieu a créé le Liban de multiples communautés et les a réunies sous un même ciel ». Comme l’a si bien indiqué Joseph Tarrab à son propos : « La peinture de Missak Terzian se construit en se déconstruisant et se déconstruit en se construisant. Le regardant ne peut y pénétrer qu’en s’identifiant à ce double et paradoxal mouvement perpétuel, celui-là même qui fait et défait continuellement les couples et les sociétés humaines. » Il utilise à cette fin une peinture aux formes dramatiques, aux contrastes et aux couleurs nets. Le trait est vigoureux, vif. Comme le message d’espoir qu’il désire porter. Maya GHANDOUR HERT * Jusqu’au 29 janvier.
« Here, There and Yonder » (Ici, là-bas et à proximité). C’est au cœur de ce trio géographiquement disloqué – clin d’œil à la famille libanaise – que Missak Terzian expose quarante-neuf toiles sur les cimaises de la galerie d’art de l’Université Haïgazian.
Après avoir peint le couple sous toutes ses coutures, l’artiste se lance ici dans un exercice de style...