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Actualités - CHRONOLOGIE

THÉÂTRE - Au Monnot, jusqu’au 10 février « The Middle Beast », de Joe Kodeih : pas bête du tout...

Alors que la « Bête » continue de frapper aveuglément, semant la mort, la désolation et le sang dans ce qui était le « pays du lait, du miel et de l’encens », une pièce de Joe Kodeih, à l’affiche du théâtre Monnot, « The Middle Beast », aborde, par l’humour... noir, les racines du mal qui sévit au Liban comme dans la région. Des racines qui sont, pourrait-on dire, d’origine « divine » ! Car c’est de religion dont il s’agit. De ces éternels conflits entre les trois religions monothéistes du Moyen-Orient, que Joe Kodeih met en scène, à travers trois personnages symboliques : le musulman, le chrétien et le juif. Trois protagonistes qui incarnent, en caricaturant à la limite du burlesque, la situation actuelle de chacune de leurs communautés. Le rideau s’ouvre sur une estrade noire surélevée, placée en fond de scène. Première séquence : du haut de son perchoir, à moitié dissimulée par des stores vénitiens noirs, une silhouette féminine – moulée dans une tenue très Lara Croft – ondoie...puis rudoie un pantin géant. Deuxième séquence : pleins spots sur une scène nue où déboule un... juif, idéalement incarné par Toni Balaban, en kippa et papillotes. Il y est rejoint par un homme en tenue anodine (Chadi Zein, qui a remplacé au pied levé Fadi Ibrahim, d’abord pressenti pour le rôle du chrétien) et un second que l’on devine mahométan (Ammar Chalak) à son foulard d’activiste, sa veste verte et sa barbe fournie. Ces trois personnages se trouvent dans un terrain vague. Une parcelle que le musulman cherche à vendre, à contrecœur, pour survivre et que le juif veut s’approprier. Entre les deux hommes à l’animosité flagrante, l’intermédiaire... chrétien est prêt à tout pour faire la transaction et en retirer ses 10 %. La signature du contrat est sur le point de se réaliser lorsqu’un homme tombe raide mort en plein milieu du terrain. Il a été projeté de chez la femme d’en haut (Céline Sursock) qu’on devine être un agent secret. Du coup, l’accord est suspendu en attendant de gérer le problème de la dépouille. Les trois compères ne savent pas quoi en faire. Doivent-ils l’enterrer, doivent-ils appeler la police ou bien l’abandonner et fuir ? Ils décident de l’enterrer. Mais selon quel rite ? Il faudra chercher sur le corps du défunt les indices de sa... religion. De comique de situation en jeu de – gros – mots, de pitreries en séquences émotions, la pièce écrite et mise en scène par Joe Kodeih reproduit, sur le mode de l’humour et de la dérision, mais dans leurs vérités crues (dans tous les sens du terme), les rapports empreints d’arrogance, de violence, de méfiance, des descendants des trois grandes religions du Livre en terre sainte. Une comédie qui « fait rire là où ça fait mal » (dixit son auteur) et qui, après avoir été – l’unique pièce libanaise ! – présentée à Broadway (il y a quatre ans au théâtre La MaMa Etc.), revient à Beyrouth offrir au spectateur libanais une œuvre miroir qui reflète une image hyperréaliste de la situation de ce Moyen-Orient. Un territoire-dépouille soumis aux manipulations des uns, aux convoitises des autres et à l’obscurantisme des troisièmes. Et dans cet éternel combat de coqs, ce ne sont pas les deux principaux protagonistes qui perdent le plus de plumes... The Middle Beast, une pièce où le symbolisme sous-jacent joue de toutes les cordes des clichés et du rire, où la mise en scène et la scénographie, harmonieuses, s’appuient sur un bon jeu d’acteurs (avec une mention spéciale à Balaban), pour offrir une heure dix minutes de joyeuse « récréation » . À ne pas rater ! Sur les planches du Monnot, jusqu’au 10 février, les jeudis, vendredis, samedis et dimanches, à 20h30. Zéna ZALZAL
Alors que la « Bête » continue de frapper aveuglément, semant la mort, la désolation et le sang dans ce qui était le « pays du lait, du miel et de l’encens », une pièce de Joe Kodeih, à l’affiche du théâtre Monnot, « The Middle Beast », aborde, par l’humour... noir, les racines du mal qui sévit au Liban comme dans la région.
Des racines qui sont, pourrait-on...