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Actualités - ANALYSE

L’opposition dessine ses « plans » en attendant la publication du rapport Moussa

Les jours s’égrènent et se ressemblent. Amr Moussa à peine parti, voilà qu’une partie de la presse s’emballe pour une « nouvelle initiative » française, dont l’existence est tout aussi irréaliste que la survie de la feuille de route de la Ligue arabe. D’ailleurs, Wi’am Wahhab n’a-t-il pas « conseillé » au secrétaire général de la Ligue de ne plus revenir au Liban car une telle visite, à l’en croire, « n’aurait pas de sens » ? À quelques jours seulement du fameux rapport de la Ligue arabe sur les résultats de la médiation Moussa, une étrange impression d’urgence se dégage du côté de l’opposition qui semble resserrer les rangs et, aux dires du député Hussein Hajj Hassan, préparer les prochaines étapes « en l’absence d’une éventuelle nouvelle initiative ». « Nous allons entreprendre des mouvements de revendications afin de corriger l’équation politique », a aussi ajouté M. Hajj Hassan. Sur les moyens dont l’opposition compte se servir pour parvenir à ses fins, aucun détail. Seul Alain Aoun a souligné qu’il n’était pas pour « le fait de brûler des pneus », ajoutant que ce genre d’action « ne devait pas avoir lieu ». Il a indiqué qu’il convenait de prendre des mesures « sans influer négativement sur la vie quotidienne des gens ». Des propos rassurants mais quelque peu en décalage avec la réalité, surtout après les événements de Zokak el-Blatt et Noueiry. Certaines informations véhiculées par l’agence al-Markaziya concernant le « plan » de l’opposition pour les prochains jours font en outre état d’une volonté d’élargir le sit-in à des points névralgiques et stratégiques de la capitale. Au programme : paralysie du port et de l’aéroport, et une prise d’assaut systématique des rues. Encore une ineffable impression de déjà-vu, ou, plus justement, de « déjà-entendu », que la majorité silencieuse, modérée et pacifique des Libanais souhaite ne pas voir se réaliser. Mais quel poids joue encore l’opinion publique dans cette crise ? Le sit-in de l’opposition ne survit-il pas, fantôme, plus d’un an plus tard, les tentes vides servant désormais plus de gîte aux ouvriers étrangers que de véritable tribune d’expression ? Une source politique met toutefois en doute la réelle volonté de l’opposition, et plus spécifiquement du Hezbollah, de se hasarder avec les dangers de la rue, à l’heure actuelle. Bien évidemment, la peur d’une très probable escalade sunnito-chiite n’est pas étrangère à cette prudence. Reste la scène chrétienne, seul espace au Liban où tous les coups sont finalement permis au nom d’une rivalité interchrétienne artificielle, créée de toutes pièces en pleine guerre civile. Sur ce point, Samir Geagea n’a pas eu tort de faire remarquer que « le problème des chrétiens, ce n’est pas les autres, mais eux-mêmes ». Hier, l’armée s’est déployée en nombre à Batroun après des rumeurs sur une mobilisation de sympathisants du Courant patriotique libre, qui se préparaient à prendre d’assaut les rues. Diplomatiquement, après les missions Kouchner VII et Moussa II, place à Saltanov II. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères (AE), Alexandre Saltanov, est en effet arrivé hier à Damas où il a affirmé à l’unisson avec le vice-président syrien Farouk el-Chareh que la Russie appuyait l’initiative arabe et appelait à son application. À Beyrouth, où il arrive aujourd’hui, il rencontrera Fouad Siniora et Nabih Berry ainsi que le ministre démissionnaire des AE, Faouzi Salloukh. De source diplomatique citée par notre correspondant au palais Bustros Khalil Felyhane, une issue positive à la polémique de l’interprétation de l’article 2 de la feuille de route arabe reste improbable. Selon cette même source, ni l’Égypte, ni l’Arabie saoudite, ni la Syrie, ni la Russie ne sont en mesure de résoudre le nœud du gouvernement d’union nationale si « les parties directement concernées par cette question ne désirent pas faire preuve de bonne foi ». Un point qu’avait déjà mis en relief un Amr Moussa un rien excédé, la semaine dernière alors qu’il quittait Beyrouth. La source précitée ajoute qu’il existe un nombre de facteurs qu’il faudra prendre en considération avant de miser sur un retour du secrétaire général de la Ligue arabe au Liban. En effet, de la réunion des ministres arabes des AE dimanche prochain, durant laquelle sera présenté le rapport Moussa, dépendra la tournure que prendront les événements à Beyrouth... Reste ce climat diffus de chaos qui va croissant au fur et à mesure que le vide se prolonge à Baabda. Lélia MEZHER
Les jours s’égrènent et se ressemblent. Amr Moussa à peine parti, voilà qu’une partie de la presse s’emballe pour une « nouvelle initiative » française, dont l’existence est tout aussi irréaliste que la survie de la feuille de route de la Ligue arabe. D’ailleurs, Wi’am Wahhab n’a-t-il pas « conseillé » au secrétaire général de la Ligue de ne plus revenir au...