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Actualités - CHRONOLOGIE

La justice doit faire son travail, dans l’intérêt des victimes et dans un objectif thérapeutique pour les agresseurs Le conseil du criminologue aux parents : Ne pas camoufler l’incident, mais aider l’enfant

Un spécialiste en matière de criminalité des mineurs, désireux de garder l’anonymat, se penche sur l’affaire de l’agression qui s’est déroulée à Faraya, peu avant Noël. Il évoque les différentes sanctions que pourraient écoper les agresseurs, tout en se basant sur la loi 422 concernant les mineurs en conflit avec la loi. Déplorant que l’affaire de l’été dernier (le jeune ligoté sur la croix) ait été étouffée et que les agresseurs soient restés impunis, il insiste sur la nécessité pour l’instruction judiciaire de suivre son cours cette fois, et pour le tribunal de prendre des mesures, « pour préserver les intérêts des victimes, mais aussi dans un objectif thérapeutique à l’égard des agresseurs et plus spécifiquement de ceux qui ont organisé et exécuté ces actes ». « Ils doivent être poursuivis et doivent recevoir un traitement social et thérapeutique par le biais de la justice », insiste le spécialiste, précisant que les poursuites sont de la responsabilité de la justice comme de celle des parents. « Car il y a toujours une cause à de tels actes, soutient-il. Et si la cause n’est pas traitée, les actes réapparaissent et les délits peuvent devenir plus graves et se transformer en crimes, par la suite », prévient-il. Il met ainsi l’accent sur la gravité de la récidive, soulevant le fait que « deux actes d’agression se sont déroulés à la suite l’un de l’autre, dans le même lieu, un endroit où les familles sont inexistantes ». Il constate par ailleurs l’émergence « d’un problème grave depuis peu au Liban, celui de la formation de bandes et de gangs organisés d’adolescents qui commettent des actions hors la loi et ressemblent à des mafias de mineurs, phénomène qui doit mettre les autorités en alerte, car il n’existait pas auparavant ». Et de préciser que « les deux soupapes de sécurité empêchant le passage au stade de la criminalité ont disparu de la société libanaise ». La première étant « la cellule familiale », qui est désormais disloquée, soit à cause des divorces, de plus en plus nombreux, soit à cause du départ des pères à l’étranger pour travail. La seconde étant « le village familial », duquel on s’éloigne et où la vie est plus conservatrice que dans la capitale. Mesures en milieu libre ou fermé Concernant les sanctions, elles varient en fonction de la nature de l’acte commis par les adolescents de 15 à 17 ans, autrement dit si cet acte est considéré par la justice comme un délit ou comme un crime. « L’agression sera traitée comme un délit, si les deux adolescents agressés ne gardent aucune séquelle de l’agression, et plus spécifiquement si l’œil du second adolescent agressé guérit totalement », précise-t-il. Le juge pour mineurs pourra donc décider de prendre des mesures en milieu libre, comme « de placer les agresseurs dans un établissement spécialisé ouvert ou dans une famille de substitution (s’il juge que les parents du jeune ne sont pas en mesure de prendre leurs responsabilités à l’égard de leur enfant ou s’ils constituent un danger pour son développement sain), ou alors de les mettre sous le contrôle d’un travailleur social ». Il pourra aussi recommander un travail d’intérêt public ou dans l’intérêt des victimes, et ce afin « de responsabiliser les agresseurs et d’instaurer une forme de justice restauratrice ». Au cas où l’agression est considérée comme un crime, « le tribunal pour mineurs pourra placer les agresseurs en milieu fermé, dans une maison de correction ou même décider d’une peine diminuée ». Le spécialiste tient à préciser que, selon la loi 422, « les mesures prises par un tribunal ne doivent jamais apparaître sur le casier judiciaire du mineur, car on suppose qu’à cet âge la criminalité est accidentelle ». « Seules les peines sont inscrites sur le casier judiciaire, note-t-il, autrement dit, lorsqu’il y a crime. » Et d’ajouter, toujours selon la loi 422, que « s’il s’est avéré que les jeunes agresseurs mineurs conduisaient eux-mêmes les voitures le jour de l’agression, le juge pour mineurs peut leur interdire l’obtention du permis de conduire avant l’âge de 21 ans ». Le spécialiste conclut en appelant carrément les familles des agresseurs à « ne pas camoufler l’incident, mais à aider leurs jeunes à comprendre la cause de leurs actes, afin de ne pas les répéter ». « L’important n’est pas ce que les gens vont dire, car ils l’ont déjà dit, vu que toute la ville est au courant de l’incident », souligne-t-il. « Mais l’important est d’aider ces adolescents avant qu’ils ne commettent l’irréparable, d’engager une forme de thérapeutique judiciaire en faisant intervenir non seulement des travailleurs sociaux, mais aussi des psychologues et des psychiatres », conseille-t-il.
Un spécialiste en matière de criminalité des mineurs, désireux de garder l’anonymat, se penche sur l’affaire de l’agression qui s’est déroulée à Faraya, peu avant Noël. Il évoque les différentes sanctions que pourraient écoper les agresseurs, tout en se basant sur la loi 422 concernant les mineurs en conflit avec la loi. Déplorant que l’affaire de l’été...