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Le dirigeant libyen rejette « l’internationalisation » du dossier du Darfour et interpelle l’Europe sur les droits des immigrés Reçu à l’Assemblée, Kadhafi contredit Sarkozy sur les droits de l’homme

Au second jour d’une visite toujours très controversée, le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a été reçu hier avec les honneurs à l’Assemblée nationale et a contredit le président Nicolas Sarkozy sur la question particulièrement sensible des droits de l’homme. Mouammar Kadhafi a attisé la controverse en assurant qu’il n’avait pas parlé des droits de l’homme avec M. Sarkozy, alors que ce dernier avait insisté la veille sur le fait qu’il avait demandé au dirigeant libyen de « progresser » sur ce dossier. « Nous n’avons pas évoqué, moi et le président Sarkozy, ces sujets », a-t-il dit dans un entretien à France 2. « Nous sommes des amis assez proches, nous coopérons », a-t-il ajouté. M. Sarkozy a bien « parlé » des droits de l’homme avec son hôte, lors d’un entretien lundi et du dîner officiel, a immédiatement répliqué Claude Guéant, secrétaire général de la présidence. « J’en ai été témoin », a-t-il dit. Pour sa première visite en France depuis 34 ans, M. Kadhafi a eu droit au tapis rouge lors de son arrivée dans la matinée à l’Hôtel de Lassay, résidence officielle du président de l’Assemblée, où il a été salué par la garde républicaine. L’opposition de gauche a boycotté la rencontre, ainsi que certains élus de la majorité. Après avoir quitté l’hémicycle avec ses troupes en signe de protestation, le président du groupe PS, Jean-Marc Ayrault, s’est emporté contre le chef de la diplomatie Bernard Kouchner, accusé de « tartufferie ». « On ne déroule pas le tapis rouge à un dictateur dans l’enceinte de la démocratie », a tonné M. Ayrault. L’ancien « French Doctor » issu de la gauche a répondu en défendant une « diplomatie de la réconciliation ». M. Kadhafi n’a pas pu s’adresser, comme il l’avait souhaité, aux élus réunis dans l’hémicycle, un honneur auquel avaient eu droit l’Américain Bill Clinton, l’Algérien Abdelaziz Bouteflika ou le Chinois Hu Jintao. Il a été reçu par le président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, avant de s’adresser à des parlementaires. Se démarquant de la position des Occidentaux, il a alors rejeté toute « internationalisation » du dossier du Darfour. Si nous laissons les habitants du Darfour se débrouiller eux-mêmes, la crise du Darfour se terminera d’elle-même, a-t-il jugé. Évoquant l’aide humanitaire internationale, dont il a assuré qu’il avait facilité l’acheminement en ouvrant ses frontières, il a estimé que « les pauvres souhaitent que la guerre se poursuive pour que l’aide humanitaire se poursuive ». En début de soirée, M. Kadhafi repassait à l’offensive : s’adressant à des membres de la communauté africaine réunis au siège de l’Unesco, il interpellait l’Europe et plus particulièrement la France sur les droits des immigrés. « Avant de parler des droits de l’homme, il faut vérifier que les immigrés bénéficient chez vous de ces droits », a déclaré M. Kadhafi, qui s’est demandé si les « injustices » ne permettaient pas d’expliquer les violences dans les banlieues. Au même moment, des dirigeants socialistes, dont Ségolène Royal et le maire de Paris Bertrand Delanoë, manifestaient près du Mur pour la paix, au pied de la tour Eiffel, contre la présence à Paris du colonel Kadhafi. À l’occasion d’un dîner à l’Élysée, une série de contrats avaient été signés dès lundi soir, portant notamment sur la fourniture d’un ou de plusieurs réacteurs nucléaires destinés au dessalement de l’eau de mer. Tripoli a également confirmé l’achat de 21 Airbus et, selon une source à la présidence française, envisage d’acheter 14 Rafale – l’avion de combat que Dassault Aviation n’a jamais réussi à exporter – ainsi que des équipements militaires pour 4,5 milliards d’euros. M. Sarkozy, qui devait à nouveau rencontrer M. Kadhafi aujourd’hui, a annoncé attendre des retombées commerciales de 10 milliards d’euros de la visite.
Au second jour d’une visite toujours très controversée, le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a été reçu hier avec les honneurs à l’Assemblée nationale et a contredit le président Nicolas Sarkozy sur la question particulièrement sensible des droits de l’homme.
Mouammar Kadhafi a attisé la controverse en assurant qu’il n’avait pas parlé des droits de l’homme avec M....