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Actualités - ANALYSE

ANALYSE L’évolution des taux d’intérêt explique-t-elle la forte dollarisation des dépôts ?

L’économie libanaise est l’une des plus bancarisées au monde, avec un ratio des dépôts par rapport au PIB de plus de 270 % et des actifs bancaires par rapport au PIB proches de 335 %. Les dépôts jouent donc un rôle déterminant dans le secteur bancaire et dans l’activité économique en général dans le pays. « Ils représentent la base à partir de laquelle sont effectuées les intermédiations financières et assurent les besoins en devises tant du secteur public que privé. Leur importance et leur évolution ne doivent donc pas être sous-estimées », souligne la Blominvest Bank dans son dernier bulletin hebdomadaire, The Lebanon Brief. Les déterminants majeurs de la demande de dépôts étant la croissance des revenus et les taux d’intérêt, les analystes de la banque d’investissement de la BLOM se sont penchés en particulier sur la relation entre les taux d’intérêt et les dépôts. « Les dépôts au Liban sont évidemment très dollarisés en raison de l’historique de la dépréciation de la livre et des incertitudes politiques, relève l’étude. Mais ces dernières années, le taux de dollarisation des dépôts a augmenté de façon significative, passant de 56,8 % à 76,8 % entre 1999 et 2007. » Cela peut s’expliquer par une baisse des taux d’intérêt moyens sur les dépôts en livres libanaises de 11,9 % à 7,4 % sur cette période, soit une baisse de 5,29 % par an. Parallèlement, les taux sur les dépôts en dollar sont passés de 5,5 % à 4,8 % entre 1999 et 2007, soit une baisse annuelle de 0,78 %. Par conséquent, la marge d’intérêt entre les dépôts en livre libanaise et en dollar est tombée de 6,35 à 2,61 %. Toutefois, les dépôts en dollar ont augmenté en moyenne de 13,23 % sur la période, tandis que les dépôts en livre n’ont augmenté que de 3,75 % entre 1999 et 2007. « Ce qui signifie une élasticité de substitution supérieure à 2, indiquant une forte préférence pour les dépôts en dollar », soulignent les analystes de la Blominvest. Selon eux, deux facteurs au moins pourraient expliquer cette tendance : d’une part, la marge d’intérêt actuelle entre les dépôts en livre et les dépôts en dollar, qui reflète le risque de dépréciation de la livre, serait inférieure à ce que les gens attendent, et par conséquent elle est considérée comme une incitation inadéquate à la demande de dépôts en livre libanaise. D’autre part, les banques ne seraient pas intéressées par davantage de dépôts en livre, sachant que le seul emploi possible de ces fonds est le placement en bons du Trésor, qui est déjà largement suffisant. D’où la substitution croissante vers les dépôts en dollar. Comment renverser cette tendance et créer un meilleur équilibre dans la composition des dépôts ? D’abord, la perception des opérateurs sur le risque de dépréciation de la livre devrait être revue à la baisse pour refléter le fait que, depuis 1996, date à laquelle la livre a été indexée au dollar, la BDL a amassé suffisamment de réserves en devises pour protéger la livre, estiment les analystes de la Blominvest. Ensuite, les réformes économiques, qui visent à relancer la croissance et assainir les finances publiques, devraient contribuer à réduire la dette publique et donc le besoin d’émettre des bons du Trésor. Ce qui devrait permettre aux banques d’attirer et de dégager davantage de fonds en livre libanaise pour les investissements et les crédits au secteur privé. Enfin, les alternatives aux dépôts en livre devraient être élargies pour inclure des actifs financiers autres que les dépôts en dollar, soit des actions primaires et des obligations sur des marchés organisées à travers des véhicules d’investissements et des fonds spécialisés. Cela ne réduirait pas seulement le taux de dollarisation, mais pourrait aussi contribuer à développer des marchés financiers plus liquides et plus diversifiés. « Ces mesures pourraient potentiellement contribuer à créer des bilans bancaires plus équilibrés, des marchés financiers plus développés, et à doper la confiance dans la livre libanaise », conclut la Blominvest.
L’économie libanaise est l’une des plus bancarisées au monde, avec un ratio des dépôts par rapport au PIB de plus de 270 % et des actifs bancaires par rapport au PIB proches de 335 %. Les dépôts jouent donc un rôle déterminant dans le secteur bancaire et dans l’activité économique en général dans le pays. « Ils représentent la base à partir de laquelle sont effectuées les...